Saint Alphonse Rodriguez
Le frère Alphonse Rodriguez (1533-1617) est resté célèbre pour la sainteté extraordinaire qui brillait dans cette vie toute ordinaire du portier jésuite d’une école. Il a été canonisé par Léon XIII en 1888.
Alphonse Rodriguez naît à Segovia en Espagne. Il est le deuxième fils d’un riche marchand de laine et de tissus, dont la maison confortable avait accueilli Pierre Favre, un des premiers compagnons d’Ignace, quand il vint à Segovia pour prêcher. Pierre Favre a aidé le jeune garçon à se préparer à sa première communion, mais le chemin du frère Rodriguez vers la Compagnie de Jésus a été lent et indirect.
A l’âge de 12 ans son père l’envoie au collège jésuite d’Alcala, mais ces études sont brutalement interrompues quand son père meurt. Alphonse aide d’abord sa mère à faire marcher l’entreprise familiale, et la dirige ensuite seul. A l’âge de 27 ans il épouse Maria Suarez, dont il a 3 enfants, mais la vie de famille cesse pour lui quand ils meurent tous les quatre. De lourds impôts précipitent ensuite son entreprise dans la faillite. Le jeune veuf se considère alors comme un incapable.
Dans sa détresse il se tourne vers les jésuites, qui viennent de s’installer à Segovia, pour avoir des conseils spirituels. Par la mort cruelle de son épouse et de ses enfants, Dieu le conduit vers une relation d’une grande intimité avec Lui. Le veuf passe des années de solitude et de tristesse dans la prière, tout en cherchant à accomplir la volonté de Dieu. Il désire se faire jésuite et se présente pour devenir prêtre jésuite, mais les jésuites qui l’interviewent estiment que son âge de 35 ans, sa trop courte éducation et sa mauvaise santé le rendent inapte à la prêtrise. En 1568 il déménage à Valencia, où son père spirituel a été muté, et il essaye pendant 2 ans d’acquérir l’éducation nécessaire à l’ordination. Il est disposé à devenir frère, si la prêtrise est exclue, mais les pères qui l’examinent arrivent à la même conclusion négative qu’auparavant. Heureusement le Père Provincial reconnait sa sainteté et l’accepte dans la Compagnie de Jésus.
Le 31 janvier 1571, à l’âge de 37 ans, Alphonse Rodriguez entre au noviciat jésuite. Six mois après 6 mois, il est envoyé au collège de Montesion à Palma dans l’ile de Majorca, près de la côte espagnole. C’est là que le nouveau frère termine son noviciat et devient célèbre comme humble portier et par son amitié avec un autre saint jésuite, Pierre Claver, apôtre des esclaves, qui vient d’arriver en Colombie.
En 1579 il devient portier du collège, dont les tâches sont de recevoir les visiteurs, et d’aller chercher le père jésuite ou l’étudiant, de transmettre des messages, de faire des courses, de distribuer des aumônes au indigents, et – très important – de consoler les personnes tourmentées qui n’ont personne d’autre à qui s’adresser. C’était un travail répétitif et monotone, qui exige beaucoup d’humilité, mais le frère Rodriguez considère chaque visiteur comme le Seigneur Lui-même, et le salue du même sourire avec lequel il aurait salué Dieu Lui-même. Les étudiants sentent la présence et l’influence d’Alphonse Rodriguez et viennent lui demander un conseil, des encouragements ou des prières.
Il a 72 ans quand Pierre Claver arrive au collège, enflammé du désir de faire quelque chose de grand pour Dieu, mais incertain de comment le faire. Les deux deviennent des amis et discutent souvent de la prière et de la sainteté, quand ils se promènent sur les terres du collège. Le plus âgé encourage le plus jeune à aller aux missions de l’Amérique du Sud.
Le portier jésuite est apprécié par tous pour sa gentillesse et sa sainteté. Mais ce n’est qu’après sa mort que ses Mémoires et ses Notes Spirituelles révélent la profondeur et la qualité de sa vie de prière. L’humble frère a reçu de Dieu des grâces mystiques remarquables, des extases et des visions de Notre Seigneur, de Notre Dame et des saints.
Initialement regroupé et édité par : Tom Rochford sj
Traducteur: Guy Verhaegen
Mémoires de saint Alphonse Rodriguez
Je me comporte comme un petit enfant encore au sein, qui ne sait ni ne peut s’enorgueillir.
Très souvent, je ne m’entretiens et ne converse qu’avec Jésus et la sainte Vierge, sa très sainte Mère, les amours de mon âme. Je leur rends compte de ce qui me concerne, car je suis si nul, si grossier et si ignorant, que je ne suis absolument bon à rien. Je recours donc à eux, en leur racontant ce qui m’arrive, et je les prie de me venir en aide et de me protéger, afin que je fasse tout, suivant leur bon plaisir et non pas autrement. Mon cœur plein d’amour pour Dieu est extrêmement désireux de lui plaire ; et pour lui être agréable, je suis prêt à renoncer à tout en ce monde et à moi-même. Ayant égard à mes bons désirs, et voyant que je traite tout avec lui et avec la Sainte Vierge, que je ne veux que ce qu’ils veulent, et que, dans mon recours à eux, je me remets moi-même, mes intérêts et ceux du prochain entre leurs mains, Dieu fait que tout réussit et arrive selon ses desseins. C’est avec un certain élan d’amour que je vais trouver Jésus et Marie et converser avec eux ; ils me répondent avec une douce suavité et me font connaître leur sainte volonté, en m’apprenant en même temps comment l’exécuter.
Dans cette douce familiarité que j’ai avec Jésus et la sainte Vierge, je me comporte comme un enfant encore au sein. Celui-ci ne peut ni ne sait s’enorgueillir, parce qu’il est un enfant ; or, avec la grâce de Dieu, mon âme en vient dans ces entretiens, à cet état qu’elle ne saurait et ne pourrait s’enorgueillir plus qu’un petit enfant qui n’a pas encore été sevré.
(Mémoire écrit en juin 1615. Ed. esp. dans V. Segarra, s.j., San Alonso Rodriguez. Autobiografia o sea Memorial o Cuentas de la Consciencia , Barcelona, 1956, pp. 227-228 ; tr. fr. par P. de Bénazé, 1890, pp. 281-282).
« J’arrive, Seigneur » : saint Alphonse Rodríguez, patron des frères jésuites, homme de l’accueil et de la prière
Si vous êtes occupé et qu’on sonne, chez vous, est-ce que votre première réaction est de vous dire que cette personne pourrait être Jésus lui-même qui se présente à votre porte ? Êtes-vous disposé à laisser là votre ouvrage et à faire cette courte prière : « J’arrive, Seigneur » ? C’est ce que saint Alphonse Rodríguez, frère jésuite qui a vécu de 1533 à 1617, a fait, alors que pendant plus de 40 ans, il était le portier du collège et de la chapelle des jésuites à Palma de Majorque. > En savoir + sur le site internet de la Curie générale à Rome