Saints Roch Gonzalez, Juan de Castillo et Alfonso Rodríguez

Roch Gonzalez, Juan de Castillo et Alfonso Rodríguez ont œuvré au 17e siècle pour évangéliser les peuples indigènes et les protéger  des colons portugais, ce qui a rapidement provoqué l’hostilité de ces colons.

saints Roch Gonzalez, Juan de Castillo et Alfonso Rodríguez Roch Gonzalès de Santa Cruz naît au Paraguay, à Assuncion, en 1576. Ordonné prêtre, il entre dans la Compagnie de Jésus en 1609 ; durant près de vingt ans il se consacre à la tâche de civiliser les habitants du pays, à les rassembler en « Réduction », à leur enseigner la foi chrétienne et à leur apprendre à vivre chrétiennement. Il est tué par trahison et à cause de sa foi le 15 novembre 1628, en même temps qu’Alphonse Rodriguez, espagnol, prêtre de la Compagnie de Jésus.

Deux jours plus tard, dans une autre Réduction, Jean del Castillo subit un cruel martyre : jésuite d’origine espagnole, il était un courageux défenseur des Indiens contre leurs oppresseurs. Tous les trois ont été béatifiés par Pie XI en 1934.

Lettre du bienheureux Roch Gonzalès, prêtre et martyr.

J’espère dans le Seigneur que cette croix, toute nouvelle qu’elle soit dans ce pays, sera la première de nombreuses autres dressées ici.

Revenu rapidement en ce lieu, je me suis arrangé une petite hutte qui se trouvait non loin du fleuve jusqu’à ce qu’on me donne une autre hutte de paille un peu plus grande. Au bout de deux mois, le P. Recteur envoya Didace de Boroa. Il est arrivé ici le lundi de la Pentecôte ; grandement consolés, nous étions heureux de voir comment l’amour de Dieu nous avait réunis en des contrées si lointaines et désolées. Peu après, nous avons coupé en deux notre petite habitation en y élevant une cloison de roseaux ; nous y avons ajouté un oratoire un peu plus grand que l’autel lui-même, pour y célébrer la messe. À cause de la force de ce divin sacrifice, dans lequel le Christ s’est offert au Père et par lequel il fait éclater son triomphe ici même parmi nous, les démons n’ont plus osé se manifester, eux qui avaient l’habitude auparavant de se montrer aux indigènes. Nous manquions de tout dans cette cabane ; le froid y était si rigoureux que nous avions de la peine à dormir. Notre nourriture était tantôt du maïs cuit, tantôt de la farine de manioc, aliments ordinaires des indigènes ; nous nous sommes mis à chercher dans la campagne des herbes dont se nourrissent les perroquets, si bien que les indigènes nous appelèrent de ce nom pour se moquer de nous.

Les choses en étant là, les démons commencèrent à craindre que si la Compagnie pénétrait dans ce grand pays, ils perdraient rapidement tout ce qu’ils avaient gagné depuis si longtemps. Aussi ne tardèrent-ils pas à faire répandre la nouvelle dans tout le pays Parana que nous étions des espions et de faux prêtres, et que les livres et les images que nous avions étaient porteurs de mort. Ce fut à ce point que, lorsque le P. Boroa expliquait les mystères de notre foi aux infidèles, certains redoutaient de se mettre près des images saintes dans la crainte de se voir frappés de mort par celles-ci. Mais ils abandonnèrent peu à peu cette croyance lorsqu’ils virent de leurs propres yeux comment les Nôtres étaient pour eux de véritables pères, leur offrant volontiers tout ce qui se trouvait chez nous et se consacrant jour et nuit, dans leurs souffrances et leurs maladies, à guérir non seulement leurs âmes (ce qui est l’essentiel), mais aussi leurs corps.

Lorsqu’il nous sembla que l’affection des Indiens envers nous s’était affermie, la pensée nous vint de construire une église qui, bien que petite et humble avec son toit de paille, apparaisse aux yeux de ces malheureux comme un palais royal. Ne sachant pas faire des briques, nous construisîmes de nos mains des murs en terre. Et c’est ainsi que l’église fut achevée pour la fête de saint Ignace de l’année dernière 1615. Le même jour, nous avons célébré pour la première fois la messe dans cette église, en y renouvelant nos voux et avec toute la solennité que permettait la pauvreté du lieu ; nous voulûmes même former une chorale d’enfants, mais ceux-ci sont tellement frustes qu’ils furent incapables d’apprendre à chanter. Après avoir construit une petite tour en rondins, nous avons placé une cloche à son sommet, au grand émerveillement de ces gens qui n’avaient ni vu ni entendu une chose pareille en ce pays. Une autre cause de grande dévotion fut la croix que les Indiens avaient eux-mêmes dressée devant l’église : en effet, comme nous leur avions expliqué pour quelles raisons nous autres chrétiens adorions la Croix, ils l’adoraient eux-mêmes en s’agenouillant avec nous. J’espère donc dans le Seigneur que cette croix, toute nouvelle qu’elle soit dans ce pays, sera la première de nombreuses autres croix dressées ici.

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