100 ans de l’école de Provence : témoignage du P. Charles Hervieux sj, son aumônier
L’École de Provence à Marseille vient de fêter ses 100 ans. C’était en réalité un second centenaire, celui de l’implantation de l’école dans le quartier actuel de Saint-Giniez en 1921. Aumônier de l’École de Provence, le P. Charles Hervieux sj revient sur les moments forts de la soirée festive du 24 juin.
Les festivités ont en fait commencé dès le 20 mai dernier. Il était demandé à toute l’école, élèves, personnels et professeurs, de s’habiller à la mode d’il y a 100 ans. Le jésuite compris : j’ai dû revêtir la soutane ! Tous ont volontiers joué le jeu et se sont réunis sous la grande halle pour un « temps fort » : quelques discours, sketchs, chants et animation musicale pour célébrer une histoire et une appartenance. Puis le 24 mai, le P. Dominique Salin sj a donné une conférence sur le thème « Pédagogie et Spiritualité : la synthèse jésuite ».
Enfin, le 24 juin a eu lieu la grande célébration : une messe présidée par le P. François Boëdec sj, Provincial des jésuites d’Europe occidentale francophone, et concélébrée par une dizaine de jésuites. Les talents ne manquent pas dans cette école : le lieu était richement décorée et l’animation musicale par les élèves, les professeurs et les les adjoint en Pastorale Scolaire était très belle. Nous étions une assemblée d’environ 5oo personnes, en comptant les enfants. Si l’on compare ce nombre à celui des 2000 personnes présentes par ailleurs, on comprend que nous sommes ici en terre de mission…
En ouverture de la célébration, nous avons écouté un court dialogue entre une petite élève de CM1 et un élève de Terminale pour raconter l’histoire de l’École de Provence, dont voici un extrait :
[…] La CM1 : Et donc, il n’y avait plus de jésuites à Marseille ?
L’élève en Terminale : Eh ! Non. Ils étaient 43, on les a tous expulsés (suppression de la Compagnie de Jésus)
La CM1 : Mais alors, ils sont revenus, puisqu’il y en a encore aujourd’hui ?
– : Oui, ils sont revenus au début du 19ème siècle. En 1839 exactement, à Marseille. Mais ils seront encore expulsés plusieurs fois durant ce siècle. Plus une fois encore au début du 20ème siècle.
La CM1 : Et à chaque fois, ils sont revenus ? Ils ont la peau dure !
– : Ben tiens ! Trop fort ! Ils ont même eu le temps de fonder un nouveau collège.
La CM1 : C’était où?
– : Cela s’appelait l’École Saint-Ignace. Elle a commencé en 1873 dans un local de la résidence jésuite, rue Mission de France, et on y entrait par l’impasse Thubaneau.
La CM1 : Ah ! ben oui, « Saint-Ignace », forcément ! C’est le nom du premier jésuite.
– : Tu sais déjà ça toi ?
La CM1 : Ben quand même ! […]
Après la cérémonie religieuse, place au spectacle par les enfants du « Petit collège » (niveau primaire), qui a été très suivi, on le devine, par les parents admiratifs. De nombreux anciens élèves paraissaient aussi heureux de se retrouver dans leur école. Un buffet avec l’animation musicale par les collégiens et lycéens a suivi ce début de soirée. Les échos sont unanimes : ce fut un anniversaire réussi.
Retour sur plus de 100 ans d’histoire
Rappelons que le 30 mai 1973, un premier centenaire de l’École de Provence était célébré. L’école fut fondée en effet en 1873 par les jésuites. Elle avait pour nom « L’Externat Saint-Ignace » ou « l’École Saint-Ignace ». Ce n’est qu’en 1909 qu’elle prit le nom « d’École de Provence ». Après une première implantation dans un local de la résidence jésuite, impasse Thubanneau, proche de la Canebière, elle aura changé ensuite trois fois de lieu. Lors de ce premier centenaire, le P. Léon Drujon sj, alors recteur, rappelait la mission de cette institution : permettre l’annonce de Jésus-Christ et favoriser l’existence d’une communauté de croyants, jeunes et adultes, qui puissent témoigner de leur foi. Puis il mettait en lumière « la recherche… de méthodes pédagogiques, d’orientations sociales ; l’appel de plus en plus exigeant à l’initiative et à la responsabilité ».
Puisse la célébration du centenaire cette année nous rappeler à nouveau cette vocation. Et qu’ainsi, dans nos institutions, l’on ose, sans tiédeur aucune, désigner le Christ pour qu’il soit connu, reconnu, rencontré. Or dans le contexte d’une conception raidie de la laïcité, la tentation d’édulcorer la dimension évangélique nous guette toujours. Se présentent alors comme confortables et satisfaisantes les références à quelques valeurs humanistes, si sublimes soient-elles. Sans attenter à la liberté de conscience, sans esprit de conquête et dans le respect des autres croyances, il y a place à l’École de Provence pour mettre en œuvre une des caractéristiques de tout établissement scolaire jésuite : « Ouvrir en toute liberté une rencontre avec le Dieu de Jésus Christ ». Qu’on se le dise !
P. Charles Hervieux sj,
aumônier de École de Provence,
Communauté Notre-Dame des Missions à Marseille