Pour ce cinquième dimanche de Carême, la liturgie nous propose l’évangile de la femme adultère (Jean 8, 1-11). Le P. Claude Charvet sj, vicaire dans l’unité pastorale de Saint-Denis Cathédrale-L’Estrée, nous invite à méditer ce passage en contemplant la miséricorde active de Dieu.

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Le Christ et la femme adultère – 1653 – Nicolas Poussin – Louvre

Dans ce récit de la femme adultère, on dirait que le piège est totalement fermé, pour la femme qui est prise en flagrant-délit et pour Jésus que les scribes et les pharisiens interpellent : « Et toi que dis-tu ? » C’est bien le procès de Jésus qu’ils veulent faire. S’il prend parti pour la femme, il se met en contradiction avec la Loi et est perdu comme « Maître ». S’il prend le parti de la Loi et de sa lettre comme ils la présentent, Jésus se met en contradiction avec tout son enseignement à lui, développé abondamment avec les paraboles de la brebis perdue, de l’enfant prodigue…

Comment sortir de ces pièges ? Il fait des petits dessins sur le sable mouillé… comme s’il ne voulait entrer dans le crime prémédité ou la lettre de la Loi…, comme s’il recherchait la vérité du cœur à laquelle la Loi éduque. La vérité du cœur : voilà ce que Jésus recherche…Voilà ce qui le fait « se redresser » et dire « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». Chacun est renvoyé au tribunal de sa conscience et faire ce long travail intérieur pour mettre une distance entre le péché que je fais et le pécheur que je suis… Je peux reconnaître le péché que la Loi me révèle, mais seul Dieu peut juger le pécheur que je suis.  La petite phrase de Jésus permet à chacun de ne pas entrer dans l’acte de violence, de mettre de l’ordre dans sa vie. Chacun, en entendant, peut s’en aller : la parole de Jésus sépare cette femme accusée de ses accusateurs, comme le jour de la nuit. La loi a conduit à la vérité du cœur de chacun.

Jésus et la femme peuvent alors se parler après un si long silence : « Femme » non plus identifiée à son péché, mais vivante, regardée, nommée. Il n’y a que Dieu pour faire cela. Voilà l’amour de Dieu « Même si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur, lui qui sait tout » (1Jn 3,20) Elle l’appelle « Seigneur » : le mot de la foi, sa manière de s’en remettre au Sauveur du monde. Elle peut alors entendre en vérité : « Moi je ne te condamne pas. Va. » Elle est rendue à sa liberté, à sa liberté responsable. Dieu prend toujours le risque de la miséricorde qui s’engage à pardonner 70 fois 7 fois. La miséricorde a une grande puissance d’invention, une fécondité inépuisable. Va !

P. Claude Charvet sj, membre de la communauté jésuite Alberto Hurtado à Saint-Denis Basilique

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