« Quartier Gallet, le goût de la simplicité » – témoignage du P. Jean-Louis van Wymeersch sj
Julie Badiche, enseignante et préfète des classes de terminale au Centre scolaire Saint-Marc à Lyon, pilote la démarche écologique du lycée. Le P. Jean-Louis van Wymeersch sj est coopérateur de la Communion de La Viale à Quartier Gallet, près de Beauraing en Belgique. Ils témoignent chacun à leur façon de la mise en place de la transition écologique et de l’esprit de Laudato si’ dans les lieux où ils travaillent.
Quartier Gallet, le goût de la simplicité : témoignage du P. Jean-Louis van Wymeersch sj, coopérateur de la Communion de La Viale
Jean-Louis van Wymeersch sj prend soin en particulier de ceux et celles qui viennent passer un moment à Quartier Gallet, près de Beauraing en Belgique.
Pouvez-vous nous présenter la Communion de La Viale ?
La Viale est un petit village en Lozère, découvert par le P. Pierre van Stappen sj il y a cinquante ans. Pierre van Stappen avait l’intuition que ce lieu pourrait faire du bien aux jeunes. En les invitant à venir reconstruire le village abandonné après la guerre, il leur proposait un bain de nature, de sobriété et de vie fraternelle pour se reconnecter à la prière et au Seigneur. Depuis lors, jeunes et moins jeunes se sont succédé à chaque période de vacances. Quelques années plus tard, Pierre van Stappel a fondé La Viale Opstal, sorte de pied-à-terre à Bruxelles pour que ses élèves puissent s’y rencontrer, dans le même esprit. Dans les années 90, Quartier Gallet a vu le jour pour permettre de goûter au rythme et à la grâce de La Viale mais, cette fois, dans les Ardennes belges. Enfin, un deuxième pôle bruxellois, La Viale Europe, s’est ouvert pour accueillir des jeunes désirant vivre ces mêmes valeurs durant leurs études ou au début de leur vie professionnelle dans le quartier européen.
La Viale vit depuis longtemps une sobriété heureuse et solidaire. Pouvez-vous nous en partager quelques fruits ?
À Quartier Gallet, on aime se chauffer au bois. Il faut donc le couper, l’entreposer, puis le rentrer pour allumer le feu. Ces gestes simples rappellent le « vrai » prix d’une douche chaude. Ils montrent aussi le chemin du service qui rend heureux : un feu dans la cheminée est un cadeau pour tous.
Le repas du soir peut sembler pauvre et répétitif : fromage, pain et soupe. Pourtant, on ne se lasse pas de cette simplicité car les produits sont bons et sains ; la soupe a été préparée le matin et le pain (au levain) pétri dans la semaine. La cuisine faite avec cœur donne de goûter les aliments autrement !
Le quotidien offre un rythme équilibré à la journée. Ainsi, le travail manuel, nécessaire, reconnecte au concret de la vie… même en vacances ! L’après-midi fait place à la détente et au ressourcement. Les temps de prière – qui rassemblent matin, midi et soir – permettent de « reprendre » le vécu à un autre niveau ; ils apaisent le cœur. C’est aussi un chemin de sobriété que de se réapproprier les grâces de la journée.
Quartier Gallet reçoit des hommes et des femmes aux parcours variés. Qu’est-ce qui les attire dans ce lieu ?
Les aspirations sont multiples : la nature, la sobriété du lieu, un besoin de prier et de rencontrer l’autre dans la simplicité. Souvent, ceux qui viennent ne peuvent dire ce qu’ils désirent exactement, mais on devine en eux une vraie soif. Un lieu comme Quartier Gallet leur permet de découvrir qu’ils cherchaient des relations vraies, de l’intériorité, du sens…
> En savoir + sur la Communion de La Viale et ses trois pôles
S’ancrer dans l’action et dans l’espérance : témoignage de Julie Badiche, enseignante et préfète au Centre scolaire Saint-Marc à Lyon
Pouvez-vous nous expliquer comment s’est construite la démarche écologique de votre établissement ?
La démarche écologique du Centre scolaire Saint-Marc est née dans les laboratoires de sciences, il y a quelques années, avec le recyclage des produits chimiques, puis la revalorisation de certains déchets et l’utilisation d’un produit d’entretien écologique. Un club d’élèves engagés dans l’écologie s’est alors créé. Quant à l’équipe pastorale, elle a institué chaque année des temps forts « écologie » impliquant l’ensemble des élèves. L’écologie est aujourd’hui l’un des cinq piliers de la formation humaine au lycée. L’engagement fort de quelques-uns, soutenu par l’inscription de l’écologie dans le projet du lycée, a ainsi permis l’élaboration d’une démarche structurée : sensibiliser les élèves sur des bases scientifiques, mener des actions concrètes dans le lycée (par exemple : réduire la consommation d’énergie, entretenir un petit potager) et responsabiliser ceux qui veulent aller plus loin, notamment les éco-délégués, pour animer des débats, réaliser un bilan carbone, proposer des ateliers à l’école primaire ou encore organiser une clean walk (marche citoyenne de ramassage de déchets).
Comment la crise écologique et sociale est-elle vécue par vos élèves ?
Nos élèves sont à la fois très informés et très lucides sur la crise écologique. Ils ont compris que des changements profonds sont nécessaires ; ils sont, pour la plupart, prêts à les engager. Ils savent que trier ses poubelles ne suffira pas pour contrer le changement climatique et peuvent se montrer critiques de certains modes de vie ou systèmes. En ce sens, ils éduquent les adultes ! La crise sociale les touche peut-être moins directement mais, lorsque nous les incitons à le faire, ils sont heureux de s’engager au service des plus faibles et ils ont bien saisi le lien entre les enjeux écologiques et le modèle social…
Y a-t-il un trésor dans la spiritualité ignatienne qui vous aide à vivre le changement d’époque qui est le nôtre ?
C’est probablement l’attention au réel, au vécu jour après jour, dans la relecture, qui permet de s’émerveiller devant la beauté de la Création et de repérer les changements dans les attitudes, les évolutions positives dans la durée. Alors, nous pouvons à la fois nous ancrer résolument dans l’action aujourd’hui et dans l’espérance pour demain.
Dossier sur la conversion écologique dans la Province : un mouvement de fond s’enclenche
Attentifs à la question écologique depuis plusieurs années, les jésuites ont fait de ce sujet l’une de leurs priorités. Ils font donc le point sur leur engagement dans une démarche de transition écologique. Ils évoquent notamment l’estimation de l’empreinte carbone de la Province réalisée récemment, ainsi que les outils déployés pour inciter à passer à l’action et l’engagement des institutions jésuites dans ce processus.
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.