P. Paul Tihon (29.06.2022)
Paul est né en 1930 à Schaerbeek (Bruxelles), troisième d’une fratrie de six, dans une famille qui a su lui apprendre très tôt à cultiver et à aimer la quête du savoir et les exigences de la réflexion.
Entré au noviciat en 1948, il a un parcours de formation classique, mais suffisamment brillant pour amener ses supérieurs à le destiner au professorat de théologie. D’où un séjour à Rome (1961-1963) en vue d’un doctorat, rédigé in situ dans l’atmosphère stimulante du Concile Vatican II. La vie académique commence alors pour Paul.
Il rejoint rapidement l’équipe fondatrice de l’Institut d’Études Théologiques (IET), où il enseignera jusqu’en 1992. L’institut international Lumen Vitae fait également appel à lui. Et jusqu’à l’âge de la retraite professionnelle, cours et séminaires lui permettent, davantage encore qu’à l‘IET, de mettre au service des étudiants la richesse de sa réflexion théologique et ses dons de pédagogue.
Tout au long de ces années, Paul multipliera les articles et les livres. Un titre évocateur, parmi tant d’autres publications : « Pour libérer l’Évangile » (2009). Paul aime se confronter, pour y entraîner d’autres, aux défis lancés à l’Église par un monde qui conteste sa crédibilité. Et même ses contradicteurs reconnaissent la rigueur de sa pensée audacieuse et engagée. Elle l’amène à creuser, avec la même vigilance communicative, les questions posées par la théologie de la libération, la bioéthique, la démocratie, etc…
À cet égard, mais pas seulement là (on peut aussi évoquer les groupes ANIME, ou l’Université des aînés) comme membre de la Paroisse Libre ou comme conseiller théologique au CIL (Conseil interdiocésain des laïcs, de 1993 à 2002), pour toute une génération, Paul TIHON aura été un maître à penser, à prier. Et à agir. Et tout à la fois, un ami fidèle.
Dans la Compagnie, durant des décennies, il a été un pilier de la Diaspora, cette bouillonnante communauté constituée d’une dizaine de jésuites vivant, au gré de leurs missions, en habitat dispersé sur tout le territoire de la Belgique francophone, tout en s’offrant de vrais moments de fraternité. Paul, pour sa part, a vécu dans le même appartement bruxellois durant 34 ans.
C’est dire quel tournant culturel aura représenté pour lui, quand des soucis de santé l’imposeront, son installation en 2017 à la Colombière où la vie communautaire est, dans toutes ses dimensions, résolument plus « classique ». Mais jusqu’à la fin, Paul a y su rester lui-même, en fils d’Ignace fraternel et libre.
P. Philippe Robert sj,
Bruxelles – La Colombière
Article publié le 29 juin 2022