Bernard Mendiboure Une image me vient à propos de Bernard Mendiboure : celle d’un marcheur (ou d’un pèlerin, dirait Ignace) avec son bâton… et son bonnet sur la tête.

En 2013, Bernard est frappé par la maladie ; opéré, il perd près de la moitié de son poids et a du mal à remarcher. Le médecin lui dit : « Monsieur, si vous ne vous ne faites pas des efforts pour vous remuscler, vous ne vous relèverez pas. » On ne le lui redira plus : Bernard se relèvera et marchera tous les jours, quel que soit le temps ou la fatigue.

Voilà, en effet, un Basque sans détour ! On retrouve chez lui quelques traits d’Ignace : un tempérament bien affirmé, une volonté de fer, le goût de la marche dans les grands espaces… Passé jeune par le séminaire de Bayonne, Bernard entre au noviciat à Aix-en-Provence en 1961, poursuit sa formation à Fourvière, Chantilly et Bordeaux, et vient une première fois à Toulouse comme aumônier d’étudiants ; à partir de 1975, il s’investit à Notre-Dame des Coteaux-Païs. Il débute ainsi un long parcours dans le champ de la pastorale des Exercices spirituels, dont pas moins de 21 ans
comme directeur et ou supérieur de Centre spirituel (Coteaux-Païs, Penboc’h, Manrèse) ! Il sera aussi rédacteur en chef de la revue Christus, père spirituel de scolastiques à Vanves et conseiller formation pour CVX (Communauté de Vie Chrétienne) France.

De toutes ces années apostoliques, il tire un livre, Lire la Bible avec Ignace de Loyola, qui témoigne de son amour pour le Christ, pour l’Église et de sa triple passion : la Bible, les Exercices spirituels et son goût de transmettre. « Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle ! » (Rm 10,15).

En 2010, le revoilà à Toulouse, où il reprend son bâton de pèlerin pour y donner les Exercices spirituels dans la région sud-ouest et s’efforcer de faire œuvre de réconciliation dans son diocèse d’origine. En 2020, ce fut une souffrance pour lui d’arrêter de conduire, tant son désir d’annoncer au large l’Évangile était grand, mais la sécurité routière l’imposait…

On connaît moins l’attention de Bernard pour les pauvres. À Toulouse, il tient, malgré sa santé fragile, à aller régulièrement rencontrer les sans-abris qui logent dans la halte de nuit au bout du jardin. Ainsi, lors d’une journée où Yves Stoesel fit découvrir à la communauté les « Exercices dans
la rue », Bernard part en oubliant son portefeuille. Il estime alors ne pas devoir rentrer à la communauté, et poursuit son « exercice » en allant à la rencontre de squatteurs, leur expliquant qu’il n’a pas un sou et qu’il aimerait pouvoir manger avec eux. Touchés par ce vieil homme frêle, bonnet
sur la tête, aux vêtements un peu élimés, ils lui partagent ce qu’ils ont et Bernard rentre ravi.

Bernard avait ainsi le goût des relations simples et lorsque, en communauté, il pouvait, par son franc-parler, blesser un compagnon ou commettre quelques brusqueries à son égard, il avait cette belle humilité de venir lui demander pardon. Amour du Christ et de l’Église, zèle pour les âmes, souci des plus pauvres et de l’union des cœurs, voici quelques traits qui, outre leur commune origine et tempérament, ont fait de Bernard un vrai fils
d’Ignace.

P. Arnaud de Rolland sj,
Lyon