Jean Marie Widart Né en 1931 à Dinant, Jean-Marie entre au noviciat à 20 ans et, dès 1956, après la philosophie, il est envoyé au Congo (RDC), d’abord comme surveillant au Collège Albert, puis comme professeur au Kwilu. Il retourne en Europe. Il fait sa théologie à Eegenhoven (1959-63), puis une année de spiritualité au Pays de Galles, enfin une année de formation catéchétique à Lumen Vitae.

De retour au Congo en 1965, comme vicaire à Kikwit, il lance les équipes de mamans catéchistes et s’initie à la traduction biblique. Sa première publication reprend des pages choisies de l’Ancien Testament, lues avec les mamans et publiées par la Société Biblique. Il réalise ensuite un volume sur les grandes figures des trois premiers siècles chrétiens, traduit les quatre évangiles, avant la traduction en kikongo de Dei Verbum.

Durant 50 ans, de 1965 à 2015, par ses nombreuses publications catéchétiques, bibliques ou liturgiques en kikongo – elles l’amènent à participer aux rencontres de la Fédération Biblique Mondiale – Jean-Marie est le héraut d’une inculturation vécue avec un enthousiasme et une générosité communicatifs. « Il faut bien se rendre compte de l’importance de pouvoir écouter et lire la Parole de Dieu dans sa langue maternelle. Dieu me parle dans ma langue, avec mes mots, mes expressions, avec les tournures propres qui me touchent. Cette langue-là me parle au cœur et me fait vibrer
intérieurement. C’est un trésor précieux que d’entendre Dieu me parler dans ma langue. Jean-Marie a fait ce cadeau aux chrétiens de quatre diocèses, couvrant un territoire grand comme six fois la Belgique. » (Homélie de ses funérailles)

En 1997, les symptômes d’une maladie rare l’obligent à quitter l’Afrique pour toujours. Malgré eux, et avec l’aide d’étudiants de Lumen Vitae, il réussit à publier en 2005 la traduction en kikongo de l’entièreté du Nouveau Testament. La dernière mouture de son Ancien Testament sort en 2015. De Bruxelles, il continue fidèlement la publication du calendrier liturgique, dans lequel il indique les pages et les numéros de ses livres permettant de trouver les lectures de chaque dimanche. Il anime aussi des sessions bibliques comme il le faisait à Kikwit, nouant des amitiés profondes avec des
jeunes du monde entier.

Ces dernières années, il a su accepter dans l’humilité le déclin de son autonomie, jusqu’à nous quitter le 29 octobre, à bout de force, revigoré cependant à chaque visite de sa famille ou de ses amis : deux jours avant son décès, Jean-Marie écoutait ses neveux musiciens jouer pour lui des duos pour flûte et violoncelle. Échos de l’harmonie céleste dont il jouit désormais auprès de son Maître.

André de L’Arbre sj et Philippe Robert sj