A Marseille, le pari de la rencontre avec des réfugiés, avec JRS France

L’antenne marseillaise du JRS France, le Service jésuite des réfugiés fonde son action sur une rencontre personnelle avec les réfugiés et demandeurs d’asile. Timothée Pigé sj, animateur du JRS à Marseille, Bernard Delanglade, coordinateur du JRS dans les Bouches-du-Rhône et Noman, réfugié afghan, partagent leur expérience au micro de RCF.

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C’est en 1980, devant le drame des « boat people » que le P. Pedro Arrupe sj, alors Supérieur général des jésuites, décide de fonder le Service jésuite des réfugiés pour venir en aide aux réfugiés. Aujourd’hui, le JRS est actif dans 56 pays, dont une vingtaine en Europe.

En France, le JRS propose divers programmes d’accompagnements pour les réfugiés et demandeurs d’asile. JRS fonde son action sur une rencontre personnelle comme le programme “JRS Welcome”, qui propose à des familles du territoire d’accueillir chez elle un demandeur d’asile majeur, durant cinq semaines en moyenne.

A Marseille, le programme d’accompagnement des réfugiés du JRS France, se décline sous plusieurs formes. Avec d’une part JRS Welcome : un programme d’accueil dans des familles du territoire ; et d’autre part, des cours de français, basés sur des temps d’accueil et d’échanges.

Timothée Pigé sj, animateur de JRS à Marseille, Bernard Delanglade, coordinateur du JRS dans les Bouches-du-Rhône et Noman, réfugié afghan, partagent leur expérience au micro de RCF.

Proposer “une vraie gratuité, une vraie rencontre”

a marseille - le pari des réfugiés avec jrs france - credits robert poulain - rcf radio

Timothée Pigé sj, animateur JRS à Marseille explique que les réfugiés passent souvent par plusieurs accueils dans des quartiers différents de Marseille comme le Roucas, la Joliette ou encore Air-Bel. La chose la plus importante pour lui est de les sortir de l’urgence de la vie dans la rue ou dans les squats et de leur proposer “une vraie gratuité” et “une vraie rencontre”.

En parallèle de cet accueil dans les familles, JRS propose également des cours de français : des cours qui débutent par un café et un temps d’échange pour prendre des nouvelles des uns et des autres. Des cours individualisés pour chaque réfugié. Noman, réfugié afghan arrivé en France en 2021, y participe régulièrement et a même emmené des copains afghans. Il aime aussi participer à des cours de cuisine et des matchs de foot avec les autres réfugiés et les bénévoles.

“Remettre debout des êtres humains”, tel est l’objectif des activités de JRS, selon Timothée. “Parfois tout est retourné, ajoute-t-il, celui qui pensait donner se trouve à recevoir, et ça c’est une expérience extrêmement forte sur le plan spirituel”.

Et Bernard Delanglade, coordinateur du JRS dans les Bouches-du-Rhône, de conclure : “ l’objectif ce n’est pas de sauver la terre entière, ni de faire du chiffre, c’est de proposer à des personnes qui sont en parcours d’exil de se rencontrer et de vivre des temps ensemble”, en résumé, “prendre le pari de la rencontre”.

Un accueil qui se discerne et se mûrit

Bernard Delanglade précise que l’accueil se fait comme pour un invité, dans une chambre séparée pour bien respecter l’intimité de chacun.

Étant à la retraite avec des chambres disponibles, il accueille avec sa femme des réfugiés depuis cinq ans. Le premier s’appelait Mohammed et venait de la Sierra Léone. Sa venue dans le foyer de Bernard a été comme une découverte : “On s’est ouvert au monde (…) nous avons été sidéré de sa capacité à se mettre au diapason de notre façon de vivre (…) c’est fondateur pour un parcours d’insertion dans notre pays”, raconte-t-il, “ce qui nous a touché, c’est la confiance, qu’il nous a témoigné et la confiance qu’on lui a faite”. Ils lui confient les clés de leur maison alors qu’ils ne l’avaient jamais fait en dehors du cercle familial.

Bernard complète en reconnaissant que l’accueil des réfugiés chez lui “a contribué à consolider (sa) vie de couple” et à s’ouvrir davantage sur l’extérieur et trouver du sens.