Robert de Coster Robert De Coster est né en 1918 à Londres, où ses parents avaient fui les ravages de la Grande Guerre. Mais il rejoignit bientôt Bruxelles, à deux pas du collège Saint-Michel, et c’était prémonitoire : entré dans la Compagnie en 1936 (ordination en 1949, Troisième An à Florence en 1950), et destiné pourtant à l’enseignement universitaire, il devint, dès 1952 (l’année de ses derniers vœux), et pour des décennies, un « homme des collèges » : son doctorat en philologie classique devait en faire un formateur de jésuites, et le voilà, pour 18 ans, à l’internat de Godinne avec des élèves du secondaire. « Mes plus belles années », confiait-il, en évoquant notamment ses chers Rhétos.

Dans « Souvenirs d’un vieux routier de l’éducation » rédigés en 2017, le P. de Coster laisse deviner son secret d’éducateur passionné et passionnant : un amour des élèves, lucide et inconditionnel. Au service de la pédagogie, pour les meilleurs éléments comme pour les élèves en difficulté, il mobilisait tous ses dons : génie du bricolage, goût pour les arts, dextérité au tennis, etc.

En 1969, il est nommé professeur de rhétorique au Collège de Bruxelles, avant d’en devenir le directeur pour six ans, chargé d’opérer le partage jugé nécessaire entre collège et communauté. Même mandat directorial à Saint-Stanislas de Mons, où il va, cette fois, introduire la mixité et, avec moins d’enthousiasme, la réforme profonde du système scolaire décidée par le Ministère (le fameux « rénové »).

À l’âge de la pension (1982), Robert se rêvait en ermite, mais on a eu besoin de lui comme Supérieur à Liège, ce qui ne l’empêchait pas de donner des retraites …ni de fabriquer du mobilier liturgique.

Et puis ce furent les « années Diglette » (1988-2017) : une maison d’accueil et de vacances en Ardenne, qu’il aimait depuis l’enfance – lui le petit garçon malingre qui allait vivre 104 ans… Il y avait jadis puisé santé et joie de vivre ; la Compagnie demandait maintenant pour elle une nouvelle jeunesse : comment refuser une telle mission, même à 70 ans passés ? De la cave au grenier, Robert y travailla, de ses mains, avec passion, soucieux autant du confort que de la beauté du lieu, son royaume, où l’on était reçu comme des princes.

Quitter la Diglette fut un arrachement ; Robert ne s’en est jamais vraiment remis. Le corps s’usait. Mais – en témoignent ses compagnons de La Colombière, et les amis fidèles, de la Diglette et d’ailleurs – la tête et le cœur sont restés bons jusqu’au bout chez ce gentleman plus que centenaire, attentif à ses frères et plein d’humour, cravaté comme à Godinne et attelé à la rédaction d’un ouvrage sur la vie éternelle…

P. Philippe ROBERT sj,
Supérieur de la communauté jésuite La Colombière à Bruxelles