Gwénolé de Maurin Gwénolé, né le 29 novembre 1932 à Dinard, fut un vrai Breton, enraciné certes, mais d’une grande liberté. Très tôt, il se sait attiré par le Seigneur ; il va émigrer à l’école apostolique de Cormontreuil et rencontrer la Compagnie. II ne la quittera plus dans son esprit, en dépit de son premier travail comme agent technique de 1951 à 1958.

Entré au noviciat de Saint Martin d’Ablois, il y sera accueilli par le père René Rogé. Après ses deux années, il prononce ses premiers vœux à Aix-en-Provence (la Baume), poursuit sa formation comme frère et effectue son Troisième An à Arlon, en 1967-68.

Comme il le souhaitait, le voilà voué à la mission et part pour le Tchad, dans la capitale, N’Djamena où il va prononcer ses derniers vœux devant le Père Charles Vandame. Il entre dans une période prolifique à l’imprimerie du Tchad, dont il est le directeur. Sous sa direction ferme, cette imprimerie a rendu toutes sortes de services, notamment au ministère de l’éducation de ce pays. II en fait la seule imprimerie fiable au Tchad à cette époque. Et il dure dans sa charge, de 1968 à 1999 ! Trente ans de fidélité, de fermeté, d’efficacité, ce qui n’empêche pas la prière, bien évidemment, qui donnait sens à son engagement.

Les besoins de la Province d’Afrique de l’Ouest vont le promener ensuite à Bonamoussadi, à Lomé, avec une parenthèse à Lalouvesc et un retour au Tchad, à l’imprimerie Saint Paul de Fianarantsoa, pendant trois ans…

En 2007, le voilà à Abidjan, ministre de la communauté, administrateur de l’Institut de théologie. II y aura un retour à Sarh, pour le centre spirituel, avant une année sabbatique d’attente, et le retour en France, à Saint-Etienne. Cinq ans après, il nous rejoignait à la Chauderaie pour y participer à la vie de la communauté tout en consacrant de nombreuses heures à la lecture d’ouvrages d’exégèse, de théologie et d’histoire. La maladie, des difficultés pulmonaires dues à une fuite du côté de l’aorte, l’ont rejoint ici ; il a été opéré deux fois, sans succès ; ensuite, il a souhaité qu’il n’y ait plus d’intervention chirurgicale. Enfin, après six mois de lutte et de lit, tout en restant bien présent à la vie du monde, comme en a témoigné Pierre OLRY, il a rejoint Celui à qui il avait voué sa vie.

J’ai aimé cet homme enraciné et libre, disponible et fidèle, dur et tendre, serviteur sans concessions, croyant plein de confiance, conscient de ses forces et de ses limites, aux relations parfois un peu tendues, mais vraies et pleines de tendresse retenue.

P. Michel Roger sj
Supérieur de la communauté jésuite de Francheville-La Chauderaie