P. André Hebditch (20.05.2023)
De l’Atlantique nord au sud de l’océan Indien : cette ligne inédite relie les deux pôles de la vie d’André. Originaire des Îles Saint-Pierre et Miquelon, il terminera (presque) son existence à l’Île Maurice, la température maximale de l’une avoisinant le minimum de l’autre !
Né en 1935, André est l’aîné d’une fratrie de cinq, dont le père est télégraphiste. Très vite, il s’avère bon élève. Conseillés par le P. Jean-Marie TILLARD, dominicain, lui aussi Saint-Pierrais, ses parents l’envoient au pensionnat Saint-Gabriel de Saint-Laurent sur Sèvre ; il a 15 ans et c’est le premier boursier de Saint-Pierre dans l’enseignement catholique. Une fois son bac math élem en poche (1954), il revient en son île natale et commence à exercer un enseignement en sciences.
Guidé spirituellement par le P. Tillard, il entre deux ans plus tard au noviciat à Saint-Martin d’Ablois. Suit une année de juvénat à Laval. À Toulouse, il entreprend quatre années d’études scientifiques, qui le conduiront à terme vers l’enseignement. Il effectue ses études de philosophie à Chantilly puis de théologie à Fourvière, et sera ordonné prêtre par le cardinal Renard en juillet 1969. André est alors nommé au collège Saint-Louis de Gonzague à Paris, comme père spirituel et professeur de sciences ; il y restera 10 ans. C’est là qu’il prononce ses derniers vœux (avril 1976). Il est ensuite envoyé au Centre Saint-Marc à Lyon, où il restera également 10 ans, comme aumônier et professeur de maths. Dans la communauté de la rue Boisard, il sera économe, puis supérieur de la communauté de Debrousse. En 1990, nouvelle destination : le collège Sainte-Croix au Mans, comme professeur et préfet des 1ères et Terminales.
Puis c’est le grand saut dans l’océan Indien. Il a 64 ans quand il arrive à l’Île Maurice, retrouvant entre autres Jean Dravet, déjà bien engagé dans le diocèse. Très vite, il s’investit dans la formation biblique d’adultes. Ses dons d’enseignant, clair et précis, font merveille. Se mettant aisément au niveau des différents publics qu’il rencontre, il se déplace dans toute l’île pour ouvrir les trésors de l’Écriture. Dans l’interview donnée au moment de son départ de Maurice, André dira : « Ça m’a fait vivre de donner ces formations ! Mais attention : ce n’est pas seulement une question de savoir mais plutôt de nourriture spirituelle, qui passe à travers l’intelligence, l’écoute personnelle et l’oraison ». Les Exercices ont bien formé notre homme ! Il contribue à l’émergence de CVX, dont il sera 6 ans assistant national, avec aujourd’hui une quinzaine de communautés locales. Il rend des services au Carmel, fait lire le Récit à de nombreux enseignants des collèges des sœurs de Lorette. Pendant toutes ces années, il sera l’économe de la communauté, tâchant de saisir avec une belle constance les arcanes financiers du système comptable et fiscal mauricien.
Peu à peu, l’âge progressant, la fatigue physique se ressent. Une jambe donne des signes inquiétants de paralysie. André ne s’obstine pas ; il envisage sereinement le retour en France, espérant tout de même poursuivre quelques accompagnements. Fin août 2022, après 23 années de présence à Maurice, il rejoint La Chauderaie, où sa santé ne s’améliore guère. Le 1er mai, sa chère sœur Marie-Thérèse est auprès de lui.
Derniers sourires, derniers feux d’un missionnaire d’une foi inébranlable en Dieu au cœur de l’homme. Trois semaines plus tard, il s’éteint dans la paix.
P. Patrice de La Salle sj, communauté à l’Île Maurice)
Article publié le 27 octobre 2022