Portrait : Olivier Dewavrin sj

Olivier Dewavrin, ordonné prêtre le 6 janvier 2024 à Marseille, revient sur son parcours, sa vocation et ses missions actuelles.

Olivier Dewavrin ordination presbytérale Marseille 2023

Deuxième d’une famille de 6 enfants, j’ai grandi entre Rennes, Tahiti, Rouen et Paris. J’ai étudié la biologie. Cela m’a permis de comprendre le monde et me réjouir de sa diversité.
Je suis jésuite depuis 10 ans, par amour de Dieu et des plus petits, pour lesquels Il s’est incarné.
Mes études de philosophie et de théologie m’ont aidé à comprendre davantage le monde, pour mieux y vivre. Que ce soit en maraudes, en aumônerie de prison ou au service des personnes exilées (avec le Jesuit Refugee Service, JRS France), je cherche à aimer et servir le Dieu qui se rend présent en tous.

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Je suis actuellement étudiant en master de philosophie sociale au Centre Sèvres- Facultés jésuites de Paris et  jésuite référent pour le Service jésuite des réfugiés (JRS France), un réseau de familles d’accueil qui veut contribuer à soutenir les personnes exilées dans leur dynamique d’intégration. J’avais déjà passé mes deux années de régence à Marseille, de 2020 à 2022, en mission au JRS des Bouches du Rhône. Cela m’a permis de mettre à l’épreuve du réel ce que j’avais appris pendant mes études au Centre-Sèvres.

Depuis l’an dernier, je suis aussi ministre de ma communauté jésuite, à Paris. Être « ministre », cela signifie aider le supérieur pour l’organisation et la gestion quotidienne de la communauté.

Quelle est l’unité de tout cela ? Quand je relis ces années de vie religieuse, je constate des changements majeurs en moi, qui sont des approfondissements dans ma vie et ma vocation.

D’abord, je réalise l’ampleur des horizons qui m’ont été ouverts : cela fait dix ans que je vis avec des jésuites de diverses provinces du monde, ce qui est une ouverture considérable. J’ai eu aussi du temps pour réfléchir et apprendre. J’ai travaillé pour des personnes exilées en France et en Grèce. J’ai organisé des maraudes, j’ai été aumônier de prison et accompagnateur de retraites spirituelles, bref, j’ai fait des choses que je n’aurais jamais imaginé.

Olivier Dewavrin JRS France

Auprès des personnes exilées avec l’association JRS France.

Je crois que toutes ces activités m’ont aidé à découvrir que le Christ m’appelle à une relation au Père toujours plus étroite grâce au service des plus pauvres, dont j’apprends chaque jour davantage à me faire des amis. Cet appel a fait évoluer ma manière d’être en relation et ma manière de penser. En effet, j’ai commencé à apprendre à laisser le Christ me modeler pour agir comme il veut que j’agisse et être en relation comme il veut l’être avec notre monde. En ce sens, ces années dans la Compagnie de Jésus auront été une lente conversion à l’Évangile et au Christ vulnérable – conversion qui doit continuer. Mais ce travail n’aurait pu être possible s’il ne m’avait pas également fallu consentir à ce qu’évoluent ma manière de penser le monde et l’Église : désirer être aux côtés de personnes vulnérables engage à tenter de comprendre le monde selon leur point de vue.
Ce travail intérieur, affectif autant qu’intellectuel, s’est mené en moi en une décennie.
Ma relation à Dieu en sort renforcée et j’ai l’impression que mon regard sur le monde également. Il me reste probablement de nombreuses années dans la Compagnie, nous verrons ce qui s’y produit. En attendant, je termine mes études de philosophie et je continue de travail auprès de JRS France, afin d’approfondir encore la joie d’être témoin du ministère de consolation que Dieu accomplit.

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Récit d’une expérience de fraternité

« Le ciel en partage », une performance multiculturelle à JRS France

Lors de la performance multiculturelle « Le ciel en partage » l’été 2023 à JRS France à Paris.

Parmi les personnes rencontrées dans le cadre de mon travail pour JRS France, un jeune homme récemment arrivé est tellement attentif aux autres qu’il est devenu bénévole dans l’association. Malheureusement, comme il est demandeur d’asile, il n’a pas le droit de travailler. Il n’a donc pas de logement et est « à la rue ». Je dois avouer que si j’étais dans sa situation, je ne suis pas sûr que je serais aussi altruiste… Dans ma prière, un parallèle avec la Bible m’est apparu : de même que Jésus, sur la croix, misérable et humilié, donne ce qui lui reste – sa mère, son ami, l’eau et le sang de son côté – de même cet homme dépouillé, étranger et traité injustement donne ce qui lui reste – son temps et ses talents relationnels. Lire l’Évangile à la lumière de mon travail auprès des personnes exilées, c’est découvrir l’Esprit saint qui suscite en cet homme une manière d’agir similaire à celle de Jésus. Cela me rend plus attentif à la manière dont Dieu aime et agit.

Fin juillet, cet ami a été convoqué à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides) pour évaluer si sa situation relève du droit d’asile. L’enjeu de cette convocation était de lui attribuer ou non le droit de rester en France. C’est un moment d’autant plus difficile que plaider sa cause l’oblige à parler de vécus douloureux. Avant son audience, pensant qu’il serait stressé, je l’ai appelé. Il m’a répondu : « Je n’ai pas peur car tu es avec moi ». Étrange écho que cette phrase qui répond au mot près à la supplication que Dieu nous adresse dans la Bible : « Ne crains pas, car je suis avec toi. Mais pourquoi me parlait-il comme Jésus à ses disciples ? Sans s’aventurer aussi loin, peut-être avait-il simplement perçu une forme de présence qui l’a apaisé, similaire à celle que les apôtres ont ressenti auprès du Ressuscité, d’où un vocabulaire commun. Reste que sa phrase m’a rappelé que la mission de l’Église, c’est d’être Corps du Christ, c’est-à-dire d’être sa présence agissante dans le monde, ce qui est vertigineux j’en conviens !

Mon travail comme religieux consiste alors à apprendre à aimer le monde parce que Dieu l’aime. Cela me pousse à chercher comment Dieu œuvre dans le monde et à apprendre à « travailler avec Dieu qui travaille », comme le dit saint Augustin. Cela suppose d’apprendre à être toujours plus proche du Christ pour que son Esprit Saint puisse trouver un corps comme point d’appui pour aimer le monde. Autrement dit, l’amour de Dieu me convoque à aimer comme il aime et à agir comme il agit, ce qui n’est bien sûr possible que si je reste docile à son Esprit.

Retour sur les ordinations presbytérales à Marseille

ordinations presbytérales David Krol, Jean-Baptiste Roy et Olivier Dewavrin Olivier Dewavrin sj, David Krol sj et Jean-Baptiste Roy ont été ordonnés prêtres à Marseille, par Monseigneur Jean-Marc Aveline, le 6 janvier 2024. Retour en images et en vidéo sur ce jour de joie qui a rassemblé famille, amis venus de Marseille ou de plus loin entourer les ordonnés.
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Article publié le 23 octobre 2023

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