André Metz André naît le 31 mai 1925 dans le Bas-Rhin à Blienschwiller. Beaucoup de personnes ont entendu André parler de son Alsace natale, de sa famille, de son enfance et surtout de son épopée bretonne de 1940 à 1945. Fait extraordinaire : à chaque récit, toujours passionné, il y avait des épisodes ou des détails inconnus. On ne se lassait pas de l’écouter. Ayant faim pendant la guerre, André a mangé des baies d’if, ce qui lui a causé des lésions neurologiques irréversibles et occasionné toute sa vie insomnies et migraines. Cependant, rares étaient ses plaintes à ce sujet. Il était toujours d’humeur égale.

Ces cinq années bretonnes ont sans doute secrètement préparé André à la vie religieuse : l’expérience de la pauvreté et de la mort qui oblige à se poser la question du sens de la vie, les premières animations auprès des jeunes qui éveillent le goût de la mission, les relations risquées avec le maquis qui développent le sens de l’audace, le travail à la ferme qui ramène toujours les pieds sur terre… Toutes ces expériences humaines ont poussé André à choisir de « servir Dieu et les hommes dans la joie », une joie de vivre qui ne se démentira jamais.

À vingt ans, en 1945, après avoir hésité à devenir médecin en Afrique ou à s’engager auprès d’adolescents pauvres en se mettant à l’école de Dom Bosco, André choisit d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Ce qui le séduit, selon ses propres mots : une formation solide, la vie spirituelle, le discernement, le tout ordonné vers un meilleur engagement pour servir.

André suit la formation habituelle de tout jésuite. Il est ordonné prêtre en 1956 à Enghien (il a 31 ans) et prononce ses derniers vœux en 1961 à Colmar. Commence alors une longue vie apostolique dans trois villes : Colmar (24 ans), Strasbourg (8 ans) et Rouen (30 ans). Durant ces années, il assume différentes charges communautaires et se consacre principalement à l’accompagnement spirituel, à la prédication des retraites, mais aussi, à travers son souci des plus jeunes, au discernement et à l’accompagnement vocationnels.

Un exemple illustre bien la délicate et bienveillante bonté d’André : son expression d’ »humanisation des trottoirs » ou d’ »évangélisation des trottoirs ». C’est ainsi qu’il appelait ce ministère qu’il exerçait dans les dernières années rouennaises et qui consistait à se promener aux alentours de la place de la Rougemare, à causer simplement avec les gens croisés sur les trottoirs. André était étonné de la manière dont les gens se livraient en profondeur, du simple fait que quelqu’un prête attention à eux, entre en conversation et les écoute.

À la fermeture de la communauté de Rouen en 2021, la santé et le vieillissement conduisent André à rejoindre la Maison soins et repos. Il poursuit une fois à Vanves son ministère préféré : l’humanisation, l’évangélisation, cette fois-ci, « des couloirs », à la maison ou dans les hôpitaux où il séjourne. Lorsque la maladie prend définitivement le dessus, André revient dans sa communauté Pedro Arrupe à Vanves. Entouré de l’affection de sa famille, soutenu par la proximité de ses frères, il garde jusqu’à ses derniers jours un esprit vif et enjoué, et un cœur abandonné et priant.

P. François-Xavier Dumortier sj, communauté Pedro Arrupe à Vanves
P. Jacques Gebel sj et P. Thierry Lamboley sj, communauté François-Xavier à Paris (Grenelle)