Né à Anvers le 26 juin 1928, Emmanuel MISSELYN entra dans la Province jésuite francophone de Belgique le 14 septembre 1949. Indépendamment des deux années de noviciat, des études de philosophie (1951-1953) et de théologie (1957-1961 ; ordonné prêtre en 1960, il commençait sa journée par une eucharistie très matinale et venait de fêter six décennies de sacerdoce), il fit, en 1953-1954, une année d’études en sciences coloniales qui le prépara à la mission du Congo. Il fera deux séjours dans ce pays : une première fois, de 1954 à 1956, comme adjoint du supérieur chargé de la construction du collège de Bujumbura ; une seconde fois, en 1962-1963, en tant que ministre à Kimwenza. Rentré en Belgique en 1963, il sera envoyé au Collège Saint-Michel de Bruxelles comme professeur de religion à l’école primaire. Il assumera cette mission jusqu’en 1993. Il préparait ses leçons avec un soin minutieux, s’investissant également dans la préparation des jeunes élèves au sacrement de la réconciliation et à la première communion.

Vint le temps de la retraite. Sur le conseil de son supérieur, Emmanuel reprit des études de théologie, à l’Institut d’études théologiques, qu’il termina par la rédaction d’un mémoire intitulé La théologie monastique, le livre de la Sagesse et saint Bernard. Tout un programme, qui lui donna aussi l’occasion d’apprécier de plus en plus les psaumes qu’il scruta patiemment. Cela lui permit de s’adonner plus totalement à des tâches pastorales qu’il exerçait déjà au temps de ses années d’enseignement, à la fois comme confesseur à l’église du site Saint-Michel et comme « vicaire saisonnier » dans la paroisse valaisanne d’Ovronaz, où il passait chaque année quelque deux mois.

Emmanuel était doué d’un esprit pratique peu commun. Le chauffage, les toitures, les circuits d’eau, les serrures et les charnières des portes de l’immense complexe immobilier de Saint-Michel n’eurent bientôt plus de secrets pour lui. Chaque année, tout était inspecté dans les moindres recoins et, en cas de panne, on pouvait compter sur lui pour que tout soit remis en état de marche aussi rapidement que possible. Il savait aussi y faire dans la réparation des horloges et des montres, disposant d’un outillage qu’auraient envié les meilleurs professionnels.

Cet esprit pratique était doublé d’une sensibilité de poète. À sa manière, Emmanuel aimait le beau. Il avait notamment construit une crèche qui ravit chaque année les fidèles qui fréquentent l’église de la communauté : grandiose par ses dimensions, elle n’écrase pas ; bien au contraire, elle est comme une maison accueillante où les enfants désirent souvent entrer ; Salomon n’aurait sans doute pas hésité à le prendre pour l’aider dans la construction du temple ! Pendant des décennies, Emmanuel organisa des cours de cithare, qu’il concevait comme une porte d’entrée dans la prière, suivant en cela l’exemple de David.

Emmanuel n’était guère porté à se livrer. Mais tous les membres de sa famille étaient précieux à ses yeux. Au détour d’un couloir, sans grandes effusions, il savait demander des nouvelles d’un proche de l’un ou l’autre confrère, qu’il savait en difficulté. Et on peut rappeler qu’il évoquait toujours avec beaucoup d’émotion le fait que durant la guerre, sa famille avait participé activement au sauvetage d’enfants juifs.

« Criez de joie pour Dieu, notre force, acclamez le Dieu de Jacob.

Jouez, musiques, frappez le tambourin, la harpe et la cithare mélodieuse.

Sonnez du cor pour le mois nouveau, quand revient le jour de notre fête ». (Psaume 80).

Bernard JOASSART sj