P. Marc BERNARD (24.12.2020)
Fils de boulanger, Bernard MARC est né un 2 décembre, sous le soleil de Beaumont-le-Roger, au pays d’Ouche, dans la vallée de la Risle.
Après ses études au collège jésuite d’Évreux, Bernard entre au noviciat de Laval en 1944. Suit une période de formation classique : juvénat à Laval ; philosophie à Villefranche-sur-Saône et Chantilly ; théologie à Lyon où il est ordonné prêtre en 1957. Les besoins dans les collèges sont tels que Bernard fera cinq années de régence « perlée » à Évreux, Poitiers et Versailles. Il restera à Sainte-Geneviève jusqu’à son départ pour le Troisième An à Saint Martin d’Ablois en 1960.
Arrivé en Picardie fin 1961, Bernard y séjournera trente ans. Après cinq ans de missions de l’intérieur avec l’équipe de Chantilly, il rejoint la mission ouvrière de Longueau, assurant un ministère paroissial pour permettre à ses co-équipiers jésuites ou de la Mission de France de vivre à fond leur engagement ouvrier. Il sera aussi aumônier de la maison d’arrêt d’Amiens, supérieur local, coordinateur régional de la mission ouvrière et consulteur de province.
À la fermeture de la communauté de Longueau en 1991 s’ouvre une nouvelle période à Reims. Habitant en quartier, toujours à la mission ouvrière et proche de la Mission de France, Bernard continue à exercer des ministères en paroisse et à la maison d’arrêt, auxquels s’ajoutent ceux en maisons de retraite ou auprès des clarisses de Cormontreuil. On fait encore appel au sage pour être, pendant sept ans, vice-supérieur.
En 2013, une explosion dans son immeuble oblige Bernard à déménager. Il rejoint la rue de l’Équerre, gardant les mêmes ministères. L’occasion pour ses frères en communauté de découvrir davantage son côté très incarné, qui s’exprime par une fidélité à certains plaisirs minuscules, que Philippe DELERM, Beaumontais d’adoption, aurait pu chanter dans La première gorgée de bière : préparer une vinaigrette aux échalotes, noyer une cuillère de crème fraîche dans une soupe vespérale, savourer un camembert (Lepetit for ever) délicatement affiné dans une boîte transparente spécifique. Bernard cultive aussi bien d’autres fidélités, en famille, ou de profondes et solides amitiés, avec les vivants, mais aussi avec les morts : en témoigne son pèlerinage annuel à Barèges sur la tombe de Régis CHALLAMEL.
Bernard connaît une nouvelle fois la fermeture de sa communauté, en 2015, et accepte de rejoindre celle de Rouen, retrouvant sa Normandie natale, terre qui a vu germer et où fructifient encore la fermeté d’une foi pétrie d’attention à l’autre, un bon sens bien planté, un franc-parler robuste et une discrète fidélité. En plus des services communautaires, Bernard exerce des ministères sacramentels, en particulier dans plusieurs EHPAD ou auprès de bénédictines.
En novembre 2020, après une succession d’accrocs de santé et d’hospitalisations, Bernard rejoint la communauté de Lille-Stations et l’EHPAD Maison Saint-Jean qui l’accueillent et l’entourent quelques semaines : la veille de Noël, Bernard retourne dans la première terre et la première argile d’où le pouce de Dieu l’avait défourné.
Jacques GEBEL sj
Article publié le 13 septembre 2021