Étienne GARIN est né à Annecy en 1928. Après ses études secondaires à Avignon et Besançon, il entre à Sainte-Geneviève à Versailles, « Ginette » qu’il retrouvera bien plus tard comme jésuite. Il intègre en 1949 l’Institut National d’Agronomie.

Après avoir fait son service militaire, il s’engage dans le deuxième Régiment Étranger d’Infanterie. Officier de la Légion étrangère de 1953 à 1956, il connaîtra à la fois l’Indochine et l’Algérie. Il avait une santé extraordinaire, il faisait du vol plané à quatre heures du matin avant de prendre en main son peloton. En Indochine, son unité s’est retrouvée encerclée, comme ceux de Dien Bien Phu ; ils n’en sont sortis vivants que grâce aux accords de Genève mettant fin aux hostilités.

Après l’armée, commence une année de discernement. Bien plus tard, il partagera comment, très désorienté, il passe des journées entières à écouter de la musique. Se présentant à la Chartreuse, on lui conseille assez vite d’aller chez les jésuites.

À vingt-huit ans, il entre ainsi dans la Compagnie de Jésus au noviciat de Saint-Martin d’Ablois. Il est ordonné prêtre à Lyon en 1964 et fait ses derniers vœux à Versailles en 1973.

Versailles est sa communauté durant vingt ans. Il retrouve « Ginette » comme père spirituel des élèves, alors qu’il avait quitté Versailles, seize ans plus tôt, en se jurant de ne plus remettre les pieds dans un établissement jésuite. Ensuite, tout en restant membre de la communauté du « Pavillon Madame », il est aumônier de l’École Polytechnique.

En 1990, il rejoint la communauté Saint-François-Xavier, rue de Grenelle. Il en est le père spirituel pendant plusieurs années. En 2021, il est toujours membre de cette communauté.

Parler d’Étienne et de sa manière de suivre le Christ dans la Compagnie de Jésus, ne peut se faire sans évoquer deux autres personnes avec qui il a beaucoup œuvré : Sœur Geneviève CONSTANT, religieuse du Sacré-Cœur, décédée en 2014, et Mme Brigitte-Violaine AUFAUVRE. Ensemble, ils se lancent, dès 1976, dans la formation au discernement spirituel en réponse à un besoin exprimé par des groupes de prière du Renouveau Charismatique.

Leur investissement apostolique se traduit par deux créations. La première est la « Communion de communautés Béthanie », une constellation de communautés dont les membres se reconnaissent appelés « amis » par le Christ ; cette amitié se vit en communauté à la manière de Marthe, Marie et Lazare à Béthanie près de Jérusalem. L’autre création est la « Maison de Lazare » qui ouvre ses portes à toute personne souffrante et en quête de guérison. La « Maison de Lazare » est un lieu d’accueil à l’écoute des détresses parfois manifestes, souvent secrètes.

Étienne a rencontré, aidé et accompagné spirituellement de nombreuses personnes et très variées. Il est sans doute un des premiers à avoir proposé des retraites selon les Exercices spirituels de saint Ignace pour des personnes à orientation homosexuelle. Avec Brigitte-Violaine AUFAUVRE, il a accompagné et aidé au développement de l’association « Devenir Un en Christ ».

À la communauté de Grenelle, Étienne disait avec son regard malicieux qu’il n’arrivait pas à vieillir. Et c’est vrai qu’il ne faisait pas son âge et que la maladie l’avait jusque-là épargné. Aussi ne s’attendait-il pas à être emporté aussi rapidement par la pandémie du Covid. Hospitalisé à Cochin le 27 janvier au soir, Étienne a vu sa santé se dégrader rapidement. Il a reçu le sacrement des malades le 10 février. Quatre jours plus tard, un dimanche, jour de la Résurrection du Christ, à 8h30, le jour étant à peine levé, Étienne a rejoint le Ressuscité, son ami, celui qu’il a aimé et servi dans la Compagnie de Jésus.

Thierry LAMBOLEY sj et Michel MASSON sj