F. Michel HUBERT (05.05.2021)
« J’ai toujours besoin de calcaire », disait un jour le Frère Michel HUBERT, « je suis fils de la Champagne crayeuse ! » Il est né le 28 juin 1930 à Troyes, aîné de trois enfants. Michel entame une formation professionnelle en menuiserie, à Troyes. Il fait ensuite des études classiques à l’École apostolique de Cormontreuil, près de Reims, jusqu’à son service militaire en Allemagne. C’est sans doute à Cormontreuil que lui vient le projet d’entrer dans la Compagnie comme Frère.
Il intègre ainsi le Noviciat de Saint-Martin d’Ablois, le 3 septembre 1955. Dans la même maison se trouve aussi le Troisième An de la Province de Champagne qui, à l’époque, soutient la Mission de Fianarantsoa. Après le noviciat, il complète sa formation : en menuiserie, en bâtiment, en reliure, en mécanique, ainsi qu’en forge et en dessin industriel, en passant par Cormontreuil, Arlon (Belgique), et Nantes (La Joliverie).
Après cette solide formation artisanale « tous azimuts », Michel est paré pour venir à Madagascar où il arrive le 26 novembre 1962. Il s’essaye avec difficulté à la langue malgache, pendant huit mois. Il est ensuite envoyé à l’École artisanale rurale à Ambozontany (Fianarantsoa), qu’il dirige et organise. Elle est reconnue officiellement en 1964 comme « Centre artisanal de Promotion rurale » (CAPR).
C’est le début d’une longue et passionnante aventure. Michel développe son idée de former des moniteurs ruraux, non seulement artisans, mais aussi capables de comprendre les problèmes de développement local, afin d’être des vulgarisateurs du progrès agricole et artisanal dans leurs villages. En 1968, il lance les « Équipes Jeunesse de Développement » pour des sessions de formation et d’initiation dans les villages d’où viennent ses jeunes en formation. La formation est polyvalente et pratique. Michel, qui est par ailleurs un excellent photographe, l’accompagne de séries de diapositives sur tous les domaines de la vie paysanne. Il lance aussi la création d’un village communautaire avec un « fokontany tanora », au début des années ‘70, pour la mise en pratique et l’apprentissage de cet accès au développement rural intégré. Parallèlement, il met au point la formation féminine, pour « monitrices ». Il fait cela avec l’aide de monitrices autant vazaha que malgaches, qui concevront des manuels de couture et de cuisine. En moyenne, il reçoit chaque année plus de quarante garçons et plus de vingt filles, venant de toute l’île, pour des formations de deux-trois années. Michel est un créateur dans l’âme ; il s’intéresse à tout ce qui permettrait au monde rural de progresser. Il crée et ses collaborateurs reprennent et diffusent : amélioration des charrettes, des pompes à eau, des foyers de cuisine, tout y passe !
L’œuvre du CAPR devient grande et Michel ne peut plus la mener seul, il faut la structurer. Avec la mise en route du « nouveau » CAPR, Michel doit progressivement se retirer pour laisser la place à d’autres. C’est avec un grand pincement au cœur qu’il quitte l’œuvre de sa vie ainsi que Fianarantsoa, pour rejoindre la capitale Antananarivo. Il continue à y travailler au développement agricole et rural en s’investissant dans le S.R.I. (Système de Riziculture intensive), la géniale trouvaille de l’agronome jésuite Henri de LAULANIÉ : il devient conseiller technique de l’Association Tefy Saina (ATS), fondée par ce dernier en 1994, pour propager cette méthode, reconnue mondialement. Michel s’est en effet toujours intéressé à la question nutritionnelle, fortement liée à ses yeux, au sous-développement. Son engagement mobilise son énergie jusqu’en 2013.
En 2013, Hubert rejoint l’Infirmerie de la Province ; il garde des contacts avec ATS, mais il devient surtout un animateur de prières apprécié. Michel est un homme de prière. Il a des contacts avec le groupe charismatique local, qu’il entraîne dans sa dévotion à la Vierge Marie. La fermeté de son attachement à Jésus-Christ est le secret de son entrain et de sa joie, qui ne l’ont jamais quitté.
Nicolas PESLE sj
Article publié le 13 septembre 2021