Le grand Pierre Favre 1506-1546, du P. André Ravier sj (†) aux Editions jésuites
Qui était-il donc, ce « grand » Pierre Favre, pour que Saint François de Sales lui décoche cet admirable mot qu’il réservait aux plus grands saints ?
Un enfant de la Savoie, que ses parents destinaient à n’être qu’un petit pâtre, puis un « cultivateur » et qui, en fait, fut un « pasteur d’âmes » d’une carrure exceptionnelle : Dieu le dota des dons qui font les grands apôtres, et notamment un don de sympathie, de relations, de conversations. Il attirait. Tous ceux qui l’ont une fois rencontré sont d’accord : il était « charmant ». « Je ne me connais pas d’ennemi ! » dira-t-il un jour.
Aussi, dès que commença à se former un groupe d’« Amis dans le Christ », qui deviendrait la Compagnie de Jésus, Pierre Favre joua-t-il un rôle d’unificateur et, à l’occasion, de conciliateur. Ces neuf premiers compagnons d’Ignace de Loyola étaient tous, certes, des cœurs généreux, enflammés de Dieu, mais ils avaient leur caractère et les tensions entre eux n’étaient pas rares. Qui choisiraient-ils pour unifier, arbitrer, réconcilier ? Pierre Favre. — Quand, en 1535, Ignace dut quitter Paris sur l’ordre des médecins, il fallut quelqu’un pour maintenir entre les compagnons l’unité, la fidélité, l’amitié. Qui choisit-il ? Pierre Favre ; il sera pour le groupe « comme un frère aîné ». Ignace l’autorise même à donner à sa place les Exercices spirituels et Pierre s’en tire si bien que trois nouveaux étudiants s’adjoignent au groupe. — Lorsqu’à Rome les Compagnons se réunissent pour savoir s’ils fonderaient un ordre religieux, qui choisissent-ils comme secrétaire de leurs houleux débats ? Pierre Favre. — Et voici plus significatif encore : lorsque, pour le nouvel ordre dûment approuvé, il s’agit d’élire un « préposé général », les suffrages se porteront évidemment sur Ignace, mais trois des votants, obligés de partir avant l’élection, envisagèrent le cas où Ignace viendrait à décéder : et leurs trois votes se portèrent sur Pierre Favre.
Le « charme » de Pierre Favre ! Il est peut-être possible de s’en faire une idée en examinant le portrait — le plus authentique sans soute — qui orne la couverture de cet opuscule. Que lit-on sur ce visage ? La solidité et l’équilibre, la sérénité, une douceur sans mièvrerie, et surtout la « bonté » de l’être profond. Et quel regard ! Deux yeux grand ouverts sur le monde et sur l’homme, mais une certaine tristesse les voile, la tristesse de l’apôtre que désole le péché… Joie et tristesse : c’est tout le cœur de Pierre…
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Article publié le 25 juillet 2017