Admirable vision de l’attente, d’un côté : sensibilité de reconnaître dans les pierres connues de la Cité éternelle une présence qui laisse stupéfait. Inquiétude dialectique, de l’autre : capacité de sentir surgir derrière soi un son, un bruit, la voix de qui l’habite et la colore d’une autre lumière. Jean-Pierre Sonnet recueille ces faits et écrit à partir d’eux, poussé par l’apparent arbitraire du pèlerin, exilé d’un monde dont il ne s’éloigne pas. Le nom de Rome lui sert de carte d’orientation au long de nuits solitaires, à l’occasion de promenades extasiées vers de nouvelles formes de stupeur. Parce que Rome est profonde, jamais le poète, dans la désillusion ou dans la peine, ne s’abandonne à ses rues sans en recevoir un réconfort, dans la perception d’irréelles épiphanies, dans l’écoute des chants d’une église, ou encore dans l’effleurement d’autres vies.
Ses vers conservent, je le sais, la saveur caractéristique de la Bible, particulièrement celle en langue hébraïque. Le rappelle l’incipit en caractères carrés au début de chaque poème. L’Écriture est son véritable moyen de transport ; elle lui permet d’identifier un visage dans la foule, d’entendre des statues qui parlent depuis leur exil de marbre.

Carlo Arbarello, extrait de la préface.

À propos de l’auteur

Jean-Pierre Sonnet, né en 1955, est prêtre dans la Compagnie de Jésus. Spécialiste des approches littéraires de la Bible, il enseigne l’exégèse à l’Université grégorienne (Rome).

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