F. Roger VIALLE sj (07.11.2017)
Roger VIALLE est le quatrième d’une fratrie de cinq garçons, réduite à trois par le décès de deux frères avant sa naissance. Souffrant d’asthme, il fait ses études à l’école d’agriculture de Cibeins. Créatif, il cultivera des hectares de choux pour les transformer en choucroute avec un associé. A 20 ans, il fait la guerre dans le 81ème d’artillerie. Revenu sur l’exploitation, il décide à 24 ans (1943) d’entrer comme sa fiancée dans la vie religieuse. Il passe dix ans dans des maisons de formation, jardinier un an, puis chargé des malades. Il insiste alors vigoureusement pour acquérir une compétence qu’il ne cessera de compléter et diversifier. En 1954-56, il prépare à Marseille le diplôme d’infirmier qu’il mettra en œuvre durant 13 ans au Tchad en étant rémunéré par l’Etat. Il mène un travail remarquable pour lutter contre les nombreuses parasitoses, formant de nombreux collaborateurs qui, d’un niveau scolaire tout à fait élémentaire, se révèlent très efficaces pour travailler au microscope. En juin 1968, au Guéra, les rebelles pillent son dispensaire et prennent le microscope binoculaire qu’il vient juste d’acquérir. Un choc dont il ne s’est jamais remis.
Revenu un an en France, il travaille dans un hôpital, puis repart à Ndjamena mais avec des tâches administratives : ministre-économe de la communauté et de l’imprimerie (4 ans). A 53 ans, retour à Marseille, infirmier en ville. A deux reprises on le rappellera en Afrique, deux ans au Tchad au Bureau d’Etudes et de Liaison pour les Actions Caritatives et de Développement (BELACD), deux ans au Cameroun comme ministre. Soit au total plus de vingt ans au service de la Compagnie en Afrique, contribuant avec d’autres à la mise en place par l’Eglise du Tchad d’un service de santé organisé et efficace.
En France, il se forme en psychiatrie, puis – est-ce à la demande du provincial ? – en gérontologie. Mais le souci des pauvres et des handicapés le tenaille tant qu’il ne reste qu’un an au service des jésuites âgés à Nantes, préférant fréquenter l’association « Un brin de causette » qui reçoit des alcooliques. Il cherche sa voie, visitant plusieurs centres jusqu’à ce que le P. DELOBRE l’envoie au 3ème An belge à Trosly-Breuil. Conquis par l’Arche et nommé à Lyon rue des Fantasques, il travaille au « Foyer de l’Arche », puis avec les Petits Frères des Pauvres. En 2010, à 91 ans, il arrive à Pau.
Volontaire, il fallait voir ses efforts pour ne pas utiliser de fauteuil roulant. Entreprenant, il a souvent obtenu ce qu’il désirait (matériel, formation, orientation différente). Indépendant, il n’a pratiquement jamais travaillé en France dans une institution liée à la Compagnie, sauf durant sa formation. Curieux, il avait le goût de la lecture et des rencontres. Homme au verbe intarissable, il s’attardait volontiers pour converser avec des inconnus. L’accueil de l’autre, la joie, la liberté de parole font partie des traits dominants que retiennent ceux qui l’ont connu. On lui pardonnait facilement ses brèves mais fortes colères.
Il avait une foi simple, passant du temps à la chapelle, récitant le chapelet avec Radio Présence. La veille de sa mort c’est avec un visage rayonnant qu’il reçut pour la dernière fois son Seigneur, avant de le contempler face à face.
Georges de CHARRIN sj, Jacques FEDRY sj et Serge SEMUR sj (Pau)
Article publié le 24 septembre 2018