Portrait : P. Christophe Kerhardy sj
Le P. Christophe Kerhardy sj témoigne de sa vocation et de son parcours au sein de la Compagnie de Jésus, en Afrique, puis au large de ce grand continent, à La Réunion et à Maurice.
Je venais de terminer mes études en droit quand je partis en coopération au Tchad. En débarquant à Ndjamena, où j’allais passer deux ans avec des jésuites, je vis un enfant sur un tas d’ordures qui cherchait de quoi manger. Chaque fois que j’y repense, j’en suis bouleversé. J’entends cet enfant affamé : « Que fais-tu pour moi ? » Ma réponse à cet appel fut d’entrer dans la Compagnie, habité du désir qu’elle m’envoie servir ceux qui ont faim de vivre et qu’on ne peut laisser végéter sur des tas d’ordures.
Retour en Afrique
Au cours de ma formation, je retournai au Tchad pour ma régence. L’Afrique qui peine mais qui danse, l’Afrique qui lutte mais qui déborde d’énergie et de jeunesse… J’y étais avec bonheur
! Elle m’avait séduit, je pensais bien y revenir. J’étais bien loin d’imaginer le séisme spirituel que je vécus durant le Mois Arrupe : mon intimité avec Jésus, mon avenir, ma vie de jésuite, tout était à terre, comme flanqué sur un tas d’ordures. J’ai vu alors des compagnons m’aider à redresser la tête ; ils furent pour moi les amis du Seigneur bon et patient.
« Ton Afrique sera l’Île de La Réunion »
La formation finie, l’ordination reçue, le Provincial décida : « Ton Afrique sera l’Île de La Réunion ». Départ prévu le 11 septembre 2001. Le matin, les Twin Towers s’effondraient, et moi, le soir, je loupai mon avion. Le vol suivant fut le bon.
Une joie créole
J’ai vécu 15 ans à La Réunion. D’abord, comme aumônier scout, aumônier de Caritas et desservant d’un coin reculé de Mafate. J’ai bien crapahuté à travers les Pitons, cirques et remparts de La Réunion, tandis que je découvrais la religiosité créole, intense, fleurie et complexe. Puis vint le temps d’un ministère sédentaire, comme responsable de notre chapelle jésuite et assistant de la CVX. Avec joie, j’ai participé au service diocésain de formation et, chaque année, par délégation de Mgr Aubry, évêque de La Réunion, j’ai pris beaucoup de plaisir à confirmer des milliers de jeunes.
Puis j’ai rejoint l’Île Maurice. On appelle Maurice et La Réunion, les « îles sœurs », mais elles ne sont pas jumelles, croyez-moi ! Alors, « ti pa, ti pa« , j’écoute, je regarde, je sens, je goûte ; je me laisse surprendre par une réalité « bien-bien » nouvelle, et je peux vous assurer qu’à Maurice… Laetitia !
P. Christophe Kerhardy sj
* Petit à petit en créole
Article publié le 7 mai 2017