Marie Guillet, une vie donnée aux Exercices spirituels
Marie Guillet, ancienne supérieure générale de la Xavière, est décédée le 2 juillet 2020. Le P. Paul Legavre sj, qui a travaillé avec elle lorsqu’il était rédacteur en chef de la revue Christus, lui rend hommage.
Marie Guillet nous a quittés quelques jours après le 50e anniversaire de sa profession religieuse. Très jeune, elle a été élue supérieure générale de la Xavière, à l’époque où le P. Henri Madelin sj était Provincial des jésuites. Après 12 ans à la tête de la Xavière, elle a vécu une année sabbatique au Québec, où elle s’est ouverte à de nouvelles manières de donner les Exercices spirituels, qui auront une grande fécondité pour la famille ignatienne dans notre pays.
Pendant plus de vingt ans, à la fois comme supérieure générale, puis comme maitresse des novices, elle a profondément œuvré au développement de la Xavière. Elle a aussi contribué à son insertion dans la famille ignatienne et à ses liens avec la Compagnie de Jésus.
Je connaissais Marie Guillet par son rayonnement spirituel. Je l’ai davantage rencontrée quand elle m’a accueilli alors que je devenais rédacteur en chef de la revue Christus, en 2003. Elle faisait partie du comité de rédaction de la revue. Ce furent des années de collaboration apostolique forte. Marie n’était pas une théoricienne des Exercices spirituels, elle en était une « artisane » : elle avait une connaissance extrêmement fine du livret des Exercices spirituels et de la façon de les donner.
Elle a activement participé à la création de nouvelles manières de les vivre. Ce travail, collectif et communautaire, commencé dans notre pays dans les années 60, a fait des merveilles. Dans ce grand labeur, son apport est sans doute dans la grande attention qu’elle avait à ce que les Exercices spirituels se répandent et soient accessibles, pas seulement aux religieux, mais à tous, hommes et femmes insérés dans le monde.
Toute sa vie elle a donné les Exercices spirituels, sous diverses manières et avec créativité, en privilégiant les formes communautaires, non seulement à cause de son sens de l’Église mais aussi, de façon pragmatique, pour que le nombre restreint de personnes capables d’accompagner ne soit pas un frein à leur diffusion.
Ainsi, déléguée à la vie spirituelle et membre du conseil épiscopal du diocèse de La Rochelle, où l’avait appelée Mgr Pontier, elle a développé des haltes spirituelles d’une ou deux journées ou des groupes de lecture de la Parole de Dieu dans les maisons. Grâce à elle, se sont répandues dans le pays les semaines paroissiales de prière accompagnée. Dans le diocèse de Nanterre, elle avait lancé les Exercices spirituels dans la vie sur deux ans, une des grandes réalisation de son existence. En vivant les Exercices spirituels dans leur intégralité, des centaines d’hommes et femmes ont ainsi fait l’expérience de la proximité bouleversante du Christ qui se donne dans les Evangiles. Elle a accompagné au long cours un nombre incalculable de baptisés.
De bien des manières, Marie Guillet a su trouver des façons d’irriguer en profondeur la vie de l’Eglise, à Nanterre, à La Rochelle puis à Créteil.
Marie aimait travailler en équipe de religieuses, laïcs, prêtres diocésains, jésuites. Cette femme, donnée au Christ, de santé fragile, avait une autorité naturelle et spirituelle qu’elle mettait au service de la vérité de l’Evangile. Tous ceux qui ont œuvré avec elle en ont bénéficié, y compris des évêques. Elle aimait profondément l’Eglise et a travaillé toute sa vie à sa réforme spirituelle. Elle savait compter sur les jésuites pour cela et avancer dans une grande fraternité apostolique tissée avec de nombreux compagnons de Jésus.
Son amour du Christ, sa proximité à Lui, l’ont soutenue toute sa vie, jusque dans le combat rude contre la maladie ces derniers dix-huit mois.
Propos du P. Paul Legavre sj,
directeur du Centre spirituel jésuite de Manrèse
> Voir le communiqué sur le site internet de la Xavière
> « Mort de Marie Guillet, xavière, inlassable prêcheuse du discernement spirituel » : lire l’article de La Croix du 6 juillet 2020
Article publié le 2 juillet 2020