En juillet dernier, Jonathan Dolidon sj et Louis Tonneau sj ont rejoint la fraternité missionnaire du diocèse de Reims, dix jours durant. Ils nous racontent ici leur expérience de présence d’Église dans les villages ruraux ardennais.

A quoi bon ?

Avouons-le : la perspective d’aller frapper à la porte des gens pour leur parler de Dieu nous mettait en situation d’inconfort. Tranquillement installés chez eux, ces gens accueilleront-ils des chrétiens zélés venus les déranger ? Au seuil de cette mission, nos cœurs étaient pétris de désirs et d’appréhensions.

De la cloche à la sonnette

A notre arrivée à Charleville-Mézières, le P. Vincent Di Lizia nous présenta la dynamique dans laquelle s’était lancé le diocèse depuis un an. En bref : passer d’une pastorale de la cloche à une pastorale de la sonnette ! Puisque, sonnées dans nos églises, les cloches n’attirent plus grand monde, le diocèse de Reims a fait le choix de créer des « espaces missionnaires » dans lesquels sont notamment organisées des missions itinérantes visant à aller à la rencontre (la sonnette) de ceux qui ne viennent plus d’eux-mêmes (la cloche).

En pratique

Nos journées étaient globalement structurées de la même manière. Dans l’église du village, nous commencions par prendre ensemble un long temps de prière mêlant louange, oraison et adoration.

église ardennaise

Nous partions ensuite par binôme à travers les rues ! Flyers à la main, il nous fallut d’abord déjouer la peur de celui à qui personne ne vient jamais et éviter l’amalgame avec les témoins de Jéhovah. Alors seulement, un temps d’échange et d’écoute s’ouvrait à nous. L’accueil fut tantôt chaleureux, tantôt rugueux, mais non sans humour ni espérance !

Après un déjeuner rassemblant les missionnaires et les personnes au service de la mission, nous repartions pour l’après-midi pour une nouvelle tournée à la rencontre des habitants.

Enfin, après un temps de relecture et de partage entre nous, nous célébrions l’Eucharistie avec les paroissiens et poursuivions avec une veillée (témoignages, confessions et sacrement des malades, ciné-débat…). Et ainsi, chaque jour, un nouveau village était investi.

La joie de partager

Bien qu’inconfortable, cette expérience fut une grande joie à plusieurs titres.

Photo du groupe dans la forêt. D’abord, la joie de partager cette mission avec d’autres. Notre équipe était composée de deux prêtres diocésains, deux couples, une religieuse de l’Annonciation, un séminariste des MEP et de deux scolastiques jésuites (nous). S’y ajoutaient chaque jour entre 10 et 15 paroissiens venus en renfort.

Ensuite, la joie de partager des instants d’authenticité et de vérité en allant à la rencontre de personnes souvent isolées et, pour une part, vivant de grandes difficultés.

Enfin, la joie d’expérimenter une Église en sortie. Cette expérience nous a demandé de sortir de notre zone de confort, d’aller « vers », d’avancer en eaux profondes (Lc 5, 4). Mais ce fut aussi l’occasion de mesurer une nouvelle fois combien nous manquons de foi et combien Dieu nous précède en Galilée.

Jonathan Dolidon sj, Louis Tonneau sj

Louis Tonneau sj

Jonathan Dolidon sj