À Saint-Denis, les volontaires de San Alberto au service des migrants

Volontaires San Alberto - diocèse de Saint-Denis

Suite à la création d’un important camp de migrants à Saint-Denis Porte de Paris (démantelé le 17 novembre 2020) des jeunes de la paroisse de Saint-Denis de L’Estrée ont interpelé les catholiques et les ont appelés à être solidaires des migrants. C’est ainsi qu’est né le groupe des volontaires de San Alberto, du nom de Saint Alberto Hurtado, jésuite chilien qui a consumé sa vie au service des pauvres de son pays. Le groupe est accompagné spirituellement par le vicaire de la paroisse. Baudoin, à l’origine de la création du groupe, présente cette initiative.

Bonjour Baudoin, l’évacuation du camp de migrants place de la République à Paris lundi 23 novembre dernier attire notre attention sur le sort de ces exilés rejetés de toute part.

Oui, le plus choquant de cette affaire, c’est d’avoir entendu que suite à l’évacuation de la place de la République les migrants ont été refoulés vers le département de Seine Saint-Denis. Comme si on se débarrassait des problèmes sur notre département. Heureusement qu’il existe une forte solidarité dans le 93.

Justement, vous avez vécu plusieurs événements au côté des migrants avant ce lundi 23 novembre, peux-tu remonter un peu le temps et nous raconter ce que vous avez vécu avec eux pendant plusieurs semaines ? 

Volontaires San Alberto - diocèse de Saint-Denis Le 14 novembre 2020, nous étions une quinzaine de jeunes des paroisses de Saint-Denis, à proposer un petit déjeuner sur le camp de la Porte de Paris, près du Stade de France à Saint-Denis. Ce camp avait grossi depuis août dernier et comptait environ 3000 personnes. Entre 8h et 10h ce jour-là nous avons dû servir 500 migrants grâce aux dons de paroissiens et de boulangeries que nous étions allé démarcher la veille. Toute une logistique ! Nous avons terminé l’action par un temps de prière, puis le lendemain par un temps de relecture à l’aide de l’épisode de la multiplication des pains (Luc 9, 10-17) qui fut très aidant pour voir Dieu à l’œuvre dans ce que nous avions vécu. Nous avons compris qu’avec le peu que nous avons nous pouvons faire de grandes choses !

Qu’est-ce qui vous a marqué dans cette expérience ?

Ce qui nous a le plus frappé sur place, c’était la densité des tentes, le manque d’hygiène, le nombre impressionnant d’homme qui avaient faim. Et en même temps beaucoup de respect, de patience et de bienveillance de leur part. Le sentiment partagé par notre groupe était que nous nous y sommes bien sentis car comme « à notre place ». Cela n’empêche pas de pouvoir ressentir un certain malaise en se confrontant à tant de pauvreté et de souffrance dans un pays riche comme le nôtre.

Comment est né le groupe des volontaires de San Alberto que vous avez aidez à créer ?

voiture remplie De la pensée de Dieu, on l’espère : ) Nous étions plusieurs à être touchés au cœur en passant devant le camp. L’une d’entre nous participait à des actions avec l’association Solidarité Migrants Wilson depuis août dernier. Elle a proposé une collecte de dons auprès des paroissiens qui s’est traduit par un débordement de générosité : 4 voitures pleines de dons ! En voyant cet élan, nous avons réfléchi à deux, puis avec l’équipe des prêtres de Saint-Denis, à une proposition de petit-déjeuner coordonné par des jeunes chrétiens de Saint-Denis. Un jésuite à qui nous avons demandé de nous accompagner spirituellement dans cette entreprise nous a très vite soutenu en nous proposant de nous mettre sous le patronage de San Alberto Hurtado, un jésuite chilien qui a consumé sa vie pour le service des plus démunis. Et beaucoup de jeunes ont répondu présents aussitôt, ainsi que des mères de familles qui sont venues sur le camp avec leurs enfants.

Et après ce premier petit déjeuner, quels ont été les projets pour votre groupe ?

Nous voulons répondre aux besoins immédiats des plus démunis de Saint-Denis. Mais cela implique une adaptation constante à l’actualité. Beaucoup de migrants ont été évacués du camp le mardi 17 novembre et laissés sans solution de relogement, dépouillés de leurs tentes, de leurs couvertures. Ils ont été dispersés et leurs tentatives de remonter leurs tentes ailleurs ont été systématiquement contrées par les forces de l’ordre. Devant cette situation nous avons lancé une nouvelle collecte de couvertures et de produits pour le petit déjeuner qui a touché bien au-delà de nos paroisses. Une petite montagne de couettes, d’anoraks, de bonnets d’écharpes et de produits alimentaires est arrivée à l’église Saint-Denis de l’Estrée en quelques heures !

tentes Le samedi suivant, le 21 novembre, nous sommes partis en maraude à la recherche des migrants à trois voitures et un groupe en vélo. Nous en avons rencontrés plusieurs dizaines cachés sous les ponts et aux portes de Paris. Pendant le week-end d’autres associations (Sous le même ciel, Solidarité Migrant Wilson) ont pu récupérer le matériel que nous avions collecté dans l’église.

Et maintenant ?

Comme vous, nous avons été choqués par l’évacuation de la place de la République ce lundi 23 novembre, mais les débats sur les actions des forces de l’ordre ne doivent pas faire oublier le manque de solutions actuelles pour les exilés. Notre groupe essaie de s’adapter, d’être mobile et souple pour soulager la souffrance de ces êtres humains à notre petite échelle, mais il doit aussi se structurer en interne. Actuellement, nous avons le projet d’offrir un nouveau petit déjeuner à Saint-Denis le samedi de 8h à 10h derrière l’église Saint Denis de l’Estrée si les autorités civiles le permettent.

file d'attente

Pour rejoindre cette initiative 

> Rejoindre le groupe :  si vous avez entre 18 et 35 ans et souhaitez rejoindre le groupe, contactez-nous sur le groupe Whats app.

> Si vous souhaitez abonder la cagnotte en ligne des volontaires pour financer des petits déjeuners.

> Pour en savoir plus sur saint Alberto Hurtado, jésuite.

> Regarder les vidéos d’un petit déjeuner servi par l’association et de leurs actions à venir.

> Lire la méditation « Consolez mon peuple » sur la situation à Saint Denis et ce besoin de ne pas perdre l’Espérance.

Article publié le 3 décembre 2020

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