À la crèche : une invitation à contempler Noël avec saint Ignace
Dans la simplicité de la crèche, saint Ignace nous invite à trouver notre place. À travers cette méditation guidée par le P. Vincent Klein sj, laissez-vous toucher par le mystère de la Nativité, où Dieu se fait proche dans le dénuement et la lumière. Prenez le temps d’approcher la crèche et de vous émerveiller : le miracle de Noël continue de s’accomplir, aujourd’hui encore, dans l’épaisseur de nos vies.
La Nativité est la deuxième contemplation de la deuxième semaine des Exercices Spirituels (110-117). Elle sera répétée deux fois, conjointement à la première contemplation, celle de l’Incarnation (118-120), et une troisième fois lors de “l’application des sens“ (121-126). La contemplation de l’Incarnation invitait le retraitant à faire usage de l’imagination à partir de trois tableaux : les trois Personnes de la Trinité, les peuples sur la surface de la terre et “la maison ou l’appartement de Notre Dame, dans la ville de Nazareth, dans la province de Galilée“ (103). Dans l’interaction des trois parties de ce triptyque se joue l’histoire du Salut.
Pourquoi méditer devant la crèche ? Une démarche ignatienne
La contemplation de la Nativité contraste avec celle de l’incarnation par la simplicité du sujet contemplé. Deux tableaux nous sont ici proposés.
Premier tableau : “Notre Dame enceinte de presque neuf mois, assise sur une ânesse (…) et Joseph et une servante menant un bœuf“. Ils marchent vers Bethléem “afin de payer le tribut que César a imposé à toutes ces contrées“ (1er préambule, 111). Dans le second préambule, nous sommes invités, “par le regard de l’imagination, à voir le chemin de Nazareth à Bethléem, à considérer sa longueur et sa largeur ; si ce chemin est en plaine ou à travers vallées et collines“. (112, deuxième préambule)
Trouver sa place dans le mystère de la Nativité
Dans le troisième et dernier point de la contemplation, Ignace revient à ce premier tableau : “Regarder et considérer ce qu’ils font : leur voyage et leur peine pour que le Seigneur vienne à naître dans une extrême pauvreté. Et au terme de tant de peines, après la faim, la soif, la chaleur et le froid, les injustices et les affronts, il va mourir en croix ; et tout cela, pour moi“ (116). Comme lors de la méditation sur les péchés en première semaine, Ignace cherche ici à susciter chez le retraitant un “cri d’admiration avec un immense amour pour le Seigneur“ (60). Tout au long des Exercices, celui-ci est mis en mouvement intérieurement pour obtenir la grâce qu’il demande, en l’occurrence, lors de la deuxième semaine, “une connaissance intérieure du Seigneur, qui pour moi s’est fait homme, afin de mieux l’aimer et le suivre“ (104).
La crèche : un lieu de simplicité et d’émerveillement pour tous
Venons-en au deuxième tableau. Il s’ouvre juste à la suite du premier dans le deuxième préambule : “Regarder aussi l’emplacement ou la grotte de la Nativité ; si elle était grande ou petite, basse ou élevée ; comment elle était préparée“. (112). La composition de lieu est là aussi bien détaillée. Nous voyons bien ici, comme dans d’autres contemplations des Exercices, le rôle central de l’imagination pour entrer dans la manière ignatienne de prier. Pour nous y aider aujourd’hui, plusieurs outils peuvent s’avérer utiles : pourquoi ne pas en peindre le tableau ou s’imaginer le peindre ? Pourquoi ne pas le mettre en scène ou s’imaginer le faire ? Pourquoi ne pas en raconter le récit à des enfants ou s’imaginer le faire ?
Saint Ignace et l’art d’entrer dans la scène évangélique
Après la demande de grâce, dans le premier point, le retraitant est amené à “voir Notre Dame, Joseph, la servante, et l’Enfant Jésus après qu’il est né“ et à se “faire un petit pauvre et un petit esclave indigne, qui les regarde, les contemple et les sert dans leurs besoins, comme si je me trouvais présent, avec toute la révérence et tout le respect possible. Et réfléchir ensuite en moi-même, afin de tirer quelque profit“ (114). C’est la seule contemplation évangélique dans laquelle celui ou celle qui reçoit les Exercices est invité à trouver sa place dans la scène, en fonction des motions du moment. Cette manière de s’approprier un texte d’évangile est pourtant courante aujourd’hui. Elle est souvent proposée par la personne qui donne les Exercices, mais aussi plus largement lors d’accompagnements individuels comme méthode pour prier au quotidien avec l’évangile du jour. Elle est aussi utilisée pour des temps de prière en groupe, lors de contemplations guidées par exemple.
Pourquoi Ignace ne propose-t-il qu’ici au retraitant de “chercher sa place“ dans la scène contemplée ? Peut-être est-ce dû à l’influence de la crèche à son époque. Aujourd’hui, la crèche a encore toute sa place dans bien des pays du monde et suscite l’émerveillement des petits comme des grands. Chacun peut facilement se mettre dans la peau d’un des nombreux personnages qui sont représentés là. En Provence, la tradition des santons, tirée de la culture populaire des siècles passés, met en scène toutes sortes de personnages typiques des villages provençaux. Ceux-ci sont plus ou moins attentifs à la naissance de Jésus, plus ou moins proches de l’étable où se déroule le mystère. Mais il y a une place pour chacun, pour chacune.
Dieu qui prend chair : un message pour nos vies contemporaines
L’évangéliste suggère clairement que Marie n’a pas bénéficié d’aide lors de l’accouchement (Lc 2,7), soulignant ainsi que Jésus est né dans le plus grand dénuement. Alors, si Saint Ignace met en scène une servante qui conduit le bœuf lors le trajet vers Bethléem -et qui est forcément présente au moment de l’accouchement- c’est sans doute pour nous inviter à trouver notre place à ses côtés. Alors, à notre tour, n’hésitons pas ces jours-ci à nous approcher de la crèche, à contempler le mystère de salut qui s’y joue et à nous laisser inviter par le Christ à rejoindre le miracle qui s’accomplit aujourd’hui encore : Dieu prend chair dans l’épaisseur de nos vies !
P. Vincent Klein sj
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Article publié le 26 décembre 2024