À l’écoute du monde avec la revue Études
Tous les mois, la revue Études offre une ouverture sur le monde à travers articles et tribunes mais également recensions de films et de livres. En dialogue avec la culture contemporaine, Études invite le lecteur à un sain débat et au discernement porteur de vie.
« Rien n’est profane à qui sait voir ». Cette phrase du jésuite Pierre Teilhard de Chardin pourrait servir d’exergue à la revue Études, la presque doyenne des revues culturelles françaises encore existantes. Fondée en 1856 par un jésuite d’origine russe, Jean (Ivan) Gagarine, elle continue son chemin mois après mois, apportant à ses dix mille abonnés un ensemble d’articles, de tribunes, de présentations d’expositions, de recensions de films et de livres. Cette dernière rubrique, très appréciée des lecteurs (c’est souvent par elle qu’ils débutent leur lecture), rassemble une quarantaine d’ouvrages dans tous les domaines, de la littérature aux questions religieuses, en passant par l’histoire, la philosophie, les sciences humaines…
Il peut sembler étonnant que les jésuites, voués à l’annonce de l’Évangile, fassent vivre une revue dont, en dehors de la rubrique « religion », l’essentiel du contenu paraît, au premier regard, « profane » : relations internationales, débats de société, parcours littéraires.
Écoute du monde
Mais il faut y regarder de plus près. D’abord, la revue est repérée comme une revue « jésuite ». C’est un gage de sérieux et d’ouverture. On sait les jésuites portés par vocation à cultiver un intérêt pour le monde tel qu’il est et à entrer en dialogue avec lui. Le jugement présuppose une écoute bienveillante. Cette attitude est en cohérence avec l’invitation du pape François à être une « Église en sortie ». Les auteurs, qui ne sont pas tous des chrétiens confessants, le reconnaissent et apprécient des échanges qui vont au-delà des questions qui relèvent de leurs spécialités.
Nous sommes dans une société qu’on dit sécularisée et nous ne cherchons pas à cultiver une revue de « niche ». Cette société est aussi – et particulièrement dans la jeunesse – porteuse de questions essentielles, sur ce qui nous fait humains, sur les relations que nous souhaitons entretenir, l’avenir que nous désirons. Il est possible de parler d’une attente « spirituelle », quel que soit le flou qui s’attache à ce mot, pour qualifier une quête qui n’est pas seulement de moyens efficaces, mais d’une finalité qui donne sens à l’existence.
Discernement
L’objectif d’Études, en particulier à travers ses huit grands articles, n’est pas d’apporter des réponses à ces questions, mais de les entendre, d’en décrypter les attendus, de percevoir ce qui est porteur d’avenir. Nous avons la conviction que l’Évangile est une source précieuse, mais il doit être lu en situation. Les grands débats actuels auront tout à gagner à s’enrichir de l’apport des traditions religieuses et du christianisme en particulier.
C’est donc de discernement qu’il s’agit. Ce ne sera pas nécessairement explicite. Au lecteur d’avancer dans sa réflexion, peut-être en partageant sa lecture avec d’autres. Si Études n’est pas une revue militante, elle n’a pas hésité à s’engager sur quelques questions sensibles (bioéthique, migrations…), en évitant tout positionnement binaire qui ne fait que caricaturer la position adverse. L’identité catholique de la revue se décline sous la figure du « polyèdre » qui accueille une pluralité de positions.
L’engagement chrétien conduit à accorder une sensibilité plus grande à certains sujets comme la justice sociale, la réconciliation entre les personnes et les cultures (l’islam en particulier), le développement de la création, le souci des plus pauvres, des exclus, des oubliés de nos sociétés…
Débats
Face à la tendance actuelle qui porte à l’exacerbation des positions tranchées et définitives, comme on le voit trop souvent sur les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision, où l’insulte l’emporte sur l’argumentation, il nous semble important de promouvoir une culture du dialogue et du débat. C’est une manière de renouer avec la pratique ancienne (des universités médiévales aux collèges jésuites) de la « disputatio », récemment reprise dans nos institutions scolaires et universitaires. Nous pensons que cet exercice méthodique et ritualisé aidera à retrouver le sens du débat public où l’échange d’arguments, même opposés, construit un chemin de pensée.
C’est la raison pour laquelle nous accueillons, dans la revue, des débats, n’hésitant pas à aborder des sujets difficiles, souvent chargés émotionnellement comme le féminisme, la laïcité, l’arme nucléaire, l’interruption de grossesse… Nous envisageons aussi d’organiser des disputes publiques sur divers sujets, afin de montrer que l’exercice de la pensée relève d’une démarche collective. Entre dogmatisme et relativisme, il y a place pour la controverse, comme une ligne de crête à suivre dans la quête de la vérité.
P. François Euvé sj
Rédacteur en chef de la revue Études, communauté jésuite Saint-Ignace (Sèvres), Paris
Prier au cœur du monde avec Études
S’il y a une scène évangélique qui pourrait exprimer « notre manière de faire » dans Études, ce serait la rencontre de Jésus avec le centurion romain (Mt 8,5-13). Jésus est abordé par un païen dont l’enfant est malade. La confiance de cet homme est telle que Jésus s’étonne de trouver une telle foi, plus grande, ose-t-il reconnaître, que ce qu’il a rencontré parmi les siens. Dieu se laisserait-il étonner par le monde ? Et moi, suis-je capable de me laisser émerveiller par ce que je découvre du monde ?
L’équipe de la revue Études se présente
Pour aller plus loin
revue-etudes.com
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.
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Article publié le 15 septembre 2021