Analecta Bollandiana, la revue d’hagiographie critique

Parce que les saints sont essentiels à la vie de l’Église et leur vie inspirante pour les chrétiens, il est important de recueillir, d’éditer et d’étudier les sources historiques qui nous les font connaître. C’est la mission, depuis près de 400 ans, de la Société des Bollandistes, explique le P. Robert Godding sj, directeur de la Société des Bollandistes.

Analecta Bollandiana bruxelles

L’équipe des bollandistes et ses collaborateurs.

Analecta Bollandiana… Voilà un titre qui, assurément, ne cherche pas un succès facile ! Il se traduit par « Glanures bollandiennes ». Et de fait, lors de sa lointaine naissance à Bruxelles, en 1882, ce périodique trimestriel entendait modestement proposer à ses lecteurs les pièces qui avaient échappé à la grande moisson des Acta Sanctorum, l’entreprise majeure lancée par Jean  Bolland à Anvers en 1643 sous forme de gros volumes in-folio dont l’ensemble allait totaliser, trois siècles plus tard, près de 60 000 pages.
Ainsi, les premières livraisons de la revue comprennent presque exclusivement des éditions de textes grecs et latins de l’Antiquité chrétienne et du Moyen Âge en complément aux dossiers publiés dans les Acta Sanctorum.
Comme dans les Acta Sanctorum, la langue utilisée est le latin. La majorité des contributions sont dues aux bollandistes, mais les chercheurs extérieurs y sont aussi représentés, et ce dès le premier numéro.

Démystifier les légendes

Dès le tome X (1891) apparaissent deux nouveautés : l’usage du français dans certains articles et surtout l’apparition d’un Bulletin des publications hagiographiques offrant les recensions des ouvrages récemment parus. Cette dernière initiative ne tardera pas à attirer l’attention de la censure romaine, à une époque où le soupçon de modernisme était omniprésent.
La plume trop acerbe des bollandistes à l’égard de certains ouvrages défendant de pieuses traditions sans aucun souci de critique historique mettra en péril l’existence même de la revue, sauvée au prix de l’acceptation d’une censure tatillonne du Bulletin. En 1892 s’ajoute aux éditions de textes une première étude historique.

De simple annexe des Acta Sanctorum, la revue n’allait pas tarder à devenir le vaisseau amiral de la Société des Bollandistes. Il s’agissait en effet d’un medium bien plus flexible que les majestueux Acta, dont la publication, lente et complexe, suivait strictement l’ordre du calendrier : en 1883 était publié le treizième et dernier volume du mois d’octobre, qui présentait les saints fêtés le 29, 30 et 31 de ce mois. La nouvelle revue, au contraire, pouvait accueillir des études historiques et des éditions de textes relatifs à n’importe quel saint, sans plus se soucier de la date de sa fête, mais aussi des articles dédiés à des thèmes plus généraux d’hagiographie.
Le succès de la formule est perceptible dans la matière, surabondante, pour laquelle quelque 500 pages annuelles ne suffisent pas : ainsi, au cours des deux premières décennies de la revue, des publications de plus grande envergure, en majorité des catalogues de manuscrits et des répertoires de textes hagiographiques, se voient publiés par livraisons, sous forme de cahiers à pagination propre, qu’il faut détacher des fascicules de la revue au moment de relier ceux-ci.

Ces cahiers, une fois l’ouvrage complété, formeront des livres : c’est là l’origine de la collection Subsidia hagiographica, dont le volume 100 est
actuellement en préparation.

Saints de tous les temps

Aujourd’hui, les Analecta Bollandiana continuent de publier éditions de textes, études historiques et recensions d’ouvrages sur les saints. Les articles, dus aux bollandistes et à des chercheurs du monde entier, peuvent être écrits en français, en allemand, en anglais, en espagnol ou en italien. Chaque volume annuel, mis en page par notre secrétaire de rédaction, est publié en deux livraisons, sur papier (éditions Société des Bollandistes) et en ligne (diffusion Brepols) et compte 480 pages. Il s’agit de la seule revue au monde dédiée spécifiquement à l’hagiographie dans toutes ses traditions : latine, grecque et orientale. Les études relatives aux saints modernes et contemporains, quoique moins nombreuses, y sont aussi bienvenues. L’importance donnée, dès les débuts, à la publication des sources a pour conséquence que, contrairement à la majorité des périodiques, les Analecta Bollandiana ne vieillissent pas ! Ainsi, on ne s’étonnera pas d’en trouver la collection complète parmi les ouvrages usuels proposés à la consultation des lecteurs à la Bibliothèque Vaticane ou dans les départements de manuscrits des grandes bibliothèques.

Pour aller plus loin

Extrait du sommaire des Analecta Bollandiana, tome 141 (2023), fasc. I

Analecta Bollandiana bruxelles 3 Christa Müller-Kessler. A Palimpsest with the Martyrdom of Proklos and Hilarios (BHG 2374) in Christian Palestinian Aramaic Translation from the Monastery
Library of Saint Catherine (Sin., CPA NF Frg. 7, fol. 5/6).
Thomas Granier. Le moi de l’hagiographe. La conscience d’auteur de Jean diacre de Naples vers 900.
Pietro D’Agostino. L’épitomé des Actes de Thomas (BHG 1836e) et l’Évergétinon. À propos d’une contribution récente.
Dimosthenis A. Kaklamanos. L’Office de saint Barbaros le myroblyte. Editio princeps.
Bernard Joassart. Lettres de Wilhelm Arndt au bollandiste Remi De Buck.

Robert Godding Analecta Bollandiana bruxelles 2 P. Robert Godding sj,
directeur de la Société des Bollandistes,
communauté jésuite de la Maison Saint-Michel à Bruxelles


Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.

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