Au collège Matteo Ricci, expérimenter la pédagogie jésuite du XXIe siècle

Depuis sa première rentrée en septembre 2019 grâce à l’engagement de laïcs motivés et de la Compagnie de Jésus, en dialogue avec l’archevêché de Malines-Bruxelles, le collège francophone d’enseignement secondaire général Matteo Ricci accueille chaque année plus d’élèves, près de 630 actuellement, dans un cadre de mixité sociale et culturelle. L’équipe éducative a à cœur de former des citoyens du monde. Anne l’Olivier, sa directrice, présente cette école qui accueille tous les élèves avec bienveillance et équité, pour mener chacun vers sa propre réussite.

collège matteo ricci bruxelles pédagogie (1) Le collège Matteo Ricci a ouvert ses portes il y a cinq ans. Situé près de la Gare du Midi, il scolarise principalement des jeunes du quartier, du nord-ouest de Bruxelles et de quelques communes de Flandre. Sa population est diversifiée et multiculturelle, ce que nous vivons comme une belle opportunité. Il est le 10e collège jésuite en Belgique francophone. Nous avons la chance d’être à présent bien intégrés au sein de la Coordination des collèges et écoles jésuites (COCÉJÉ), dont la mission est de garder et de développer la vision éducative ignatienne, qui nous apporte beaucoup. L’équipe fondatrice du collège a voulu que cette école vive une pédagogie jésuite du 21e siècle, pratiquant des pédagogies innovantes.

Les cours sont organisés suivant un modèle appelé « P90 » : les professeurs donnent toujours 2h de cours de la même discipline en suivant, durant une période de 90 minutes (au lieu des 100 minutes prévues normalement). Ce système nous donne l’occasion de varier amplement nos pratiques au sein de nos cours et nous permet de « gagner » des minutes de cours que nous mettons au service de notre projet : moments de lecture et d’intériorité, ateliers animés par les membres de l’équipe éducative, temps en classe pour un cercle de parole ou des échanges d’infos, « moments portfolio [1] », temps d’activités citoyennes, moments de relecture, de mise en projet et d’éducation au choix.

« Quand je me plante je pousse »

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Le P. Arturo Sosa qj, Supérieur général des jésuites dans le monde, visitant la salle de silence et de prière du collège le 19 septembre 2024.

Notre équipe est jeune, dynamique et créative. Nous travaillons beaucoup ensemble, ce qui nous aide considérablement pour avancer et affiner notre projet. Un temps de travail collaboratif est ainsi prévu chaque vendredi en fin d’après-midi, lorsque les élèves quittent le collège : soit tous ensemble (nous sommes 80 membres du personnel à présent), soit par discipline (travail autour des programmes, de la planification, des évaluations communes), soit par groupe de travail autour des thématiques qui nous sont chères.

Nous continuons à progresser dans notre système « d’évaluation ascendante » qui fait grandir l’élève et ses connaissances grâce au droit à l’erreur (« Quand je me plante je pousse ») et la mise en projet, notamment grâce à l’auto-évaluation. Nous poursuivons aussi avec enthousiasme notre construction d’une école citoyenne et éco-responsable.

Nous progressons aussi dans la réalisation des « 4C » [2] qui nous guident chaque jour et donnent à l’élève sa place d’acteur de ses apprentissages. Ils soutiennent notre axe spirituel, central dans notre projet. Outre nos propositions chrétiennes et célébrations interculturelles, nous prenons le temps de vivre des moments d’intériorité en classe et entre membres de l’équipe éducative. Ces moments de spiritualité se vivent aussi dans notre « local d’intériorité », lieu de silence et de prière.

Prendre du temps pour le vivre-ensemble

Pour l’avenir, nous sommes et serons confrontés à la difficulté de continuer à croître tout en gardant le cœur du projet intact et vivace. Il s’agit donc de prendre du temps pour le vivre-ensemble, le faire expérimenter par nos élèves et leurs parents. C’est un défi que nous travaillons au quotidien. Par ailleurs, comme dans toutes les écoles, nous risquons d’être davantage confrontés à la pénurie de professeurs. Le métier est difficile, les élèves ne se mettent pas facilement au travail et risquent parfois le décrochage. Cependant, nous croyons fermement que nos élèves et notre projet ont besoin d’une équipe éducative engagée, formée et soudée. Nous œuvrons en ce sens.
Citons ici le P. Général Arturo Sosa sj, qui nous a rendu visite en septembre à l’occasion de sa venue dans la Province EOF et dont la parole nous inspire et nous encourage. Elle résonne particulièrement au collège Matteo Ricci : « Nous avons une énorme capacité à éveiller l’espoir dans notre monde, en contribuant à la formation d’hommes et de femmes qui sont des citoyens du monde justes et véritables.

Anne l'Olivier Anne l’Olivier,
directrice du collège Matteo Ricci

Notes

[1] Un portfolio est une collection réfléchie de travaux de la part d’un élève, qui démontre ses efforts, ses progrès et ses réussites dans un ou plusieurs domaines, et qui le mène sur un chemin de relecture.

[2] Les « 4C » de l’excellence ignatienne : former des jeunes de conscience, de compassion, engagés (committed en anglais), compétents (acquisition de savoirs mais aussi de savoir-faire et de savoir-vivre ensemble).

Ils témoignent !

« Le jeudi après-midi, on a des différents ateliers. Chacun choisit ce qui lui convient. Pour ma part, j’anime mon propre atelier, ce qui me permet de me responsabiliser et de progresser en maturité. Les profs nous font confiance pour faire plus ou moins ce que nous voulons », Adam, en 4e classe (l’équivalent de la 2nde en France).

« Il y a aussi des ateliers pour nous sensibiliser sur certaines causes, par exemple le racisme ou le harcèlement. Des élèves participent à ces ateliers pour expliquer leur expérience », Lina, élève en 3e classe (l’équivalent de la 3e en France).

« Pour lutter contre les violences et les conflits au sein de l’école, on a instauré les « grands frères et grandes sœurs » : au lieu d’aller voir directement les éducateurs, on incite les plus jeunes à venir se confier à ces élèves, qui sont de véritables références pour les autres », Aya, élève en 4e classe.

Article publié le 15 octobre 2024

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