Au collège Saint-Mauront à Marseille, annoncer le Christ à la manière du Christ : témoignage du P. Jean-Baptiste Roy sj

Le P. Jean-Baptiste Roy sj est le référent au collège Saint-Mauront à Marseille. Il témoigne de sa mission de prêtre qui partage sa foi auprès de ceux qu’il accompagne au quotidien dans un contexte interreligieux, la très grande majorité des élèves de cet établissement scolaire étant musulmans. 

jean-baptiste roy saint mauront marseille L’école-collège Saint-Mauront est un établissement marseillais sous cotutelle du diocèse et de la Compagnie de Jésus. Situé dans le centre-ville de Marseille, il compte 490 élèves de la maternelle à la 3e (14-15 ans). Si le quartier est marqué par une grande misère sociale, Saint-Mauront est reconnu comme une maison sûre : un lieu pour grandir et s’épanouir sur le plan académique, humain et pédagogique mais aussi religieux.

Partir de ce qui est bon et déjà présent en chacun

Notre mission pastorale y est d’annoncer Jésus Christ et cela implique d’annoncer le Christ à la manière du Christ : partir de ce qui est bon et de ce qui est déjà présent en chacun, transmis par les familles, et l’accompagner avec bonté. À Saint-Mauront, Dieu est une évidence et on pourrait affirmer, sans se tromper, que 100 % de nos élèves sont croyants (95 % sont de confession musulmane). Chaque fête religieuse est l’occasion de se souhaiter de beaux moments en famille et de redire le sens de ce qui nous fait vivre. Les cours de culture religieuse sont des lieux propices pour approfondir sa propre foi et découvrir celle des autres. L’image du puits que Christian de Chergé[1] employait pour illustrer ses conversations spirituelles avec son ami Mohamed est une réalité quasi-quotidienne. Nous creusons un puits, non pas tant pour y trouver de l’eau chrétienne ou de l’eau musulmane, que pour y puiser l’eau de Dieu.

S’appuyer sur tout ce que nous avons en commun

Jésus, Issa dans le Coran, est un homme bon et saint et c’est donc avec un grand respect que sa vie et ses paroles peuvent être partagées. Bien sûr, cela s’accompagne de certains débats (est-il Fils de Dieu ?…), mais il est primordial de s’appuyer sur tout ce que nous avons en commun afin de pouvoir, ensuite, être écouté dans les différences que nous souhaitons mutuellement exprimer.

Ce contexte très religieux dans un collège est un fait rare et nous oblige. Nous prenons donc au sérieux l’éducation à l’écoute et au dialogue et cela commence dès le primaire où des visites des différents lieux de culte sont organisées. L’année scolaire est rythmée par des célébrations religieuses chrétiennes, non sacramentelles. Lors de ces célébrations, à l’église du quartier, la majorité des participants sont musulmans et viennent volontairement et de bon cœur partager ce moment festif et fraternel. Nous y lisons des passages d’Évangile, nous chantons, dansons, et tous peuvent participer. La prière commence donc plutôt par une bénédiction qui rassemble que par un signe de croix. À Saint-Mauront, nous nous disons « fils et filles d’Abraham » et c’est notre force. En 2023-2024, le thème d’année était « La même flamme nous anime ! » ; cette année, c’est « Tous frères et sœurs ! ».

P. Jean-Baptiste ROY sj

[1] Prieur de l’abbaye de Tibhirine (Algérie) de 1984 à 1996.

Savons-nous encore annoncer Jésus Christ ? Dossier sur les écoles jésuites

En ce 1er trimestre de l’année de l’année scolaire, le dossier d’Échos jésuites s’intéresse au défi de la transmission de la foi dans les établissements scolaires jésuites en Belgique où le cours de religion, ou de morale, est obligatoire dans les écoles privées. Comment montrer le chemin vers Dieu aux nouvelles générations qui fréquentent nos écoles et éduquer à la foi au 21e siècle ? Comment annoncer Jésus, alors que le lien entre la proclamation de l’Évangile et les objectifs éducatifs des écoles jésuites ne coule plus de source pour nombre d’élèves et leurs familles ?
> Lire le dossier

Article publié le 15 octobre 2024

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