Avec la revue En Question, analyser pour s’engager
Notre société est traversée par une multitude de bouleversements, de crises et de fractures. Dans cette tempête, la revue En Question, éditée par le Centre Avec, entend ouvrir un espace de réflexion et de recul et proposer une boussole, celle de la justice sociale et de la recherche du bien commun. À travers ses analyses, elle invite à s’engager.
Dès ses origines, la revue trimestrielle du Centre Avec, – d’abord intitulée Évangile et Justice – s’enracine dans l’action sociale (des jésuites). Le premier numéro est lancé à Pâques en 1980 par le P. Emmanuel Servais sj, premier coordinateur à temps plein de l’apostolat social des jésuites en Belgique francophone. La revue se veut alors « témoin de ce qui se cherche et se vit, avant tout dans notre pays mais aussi dans le monde entier, en fidélité à l’interpellation de l’Église et de la Compagnie [de Jésus] ». Elle sera rapidement reliée au Centre Avec, centre d’analyse sociale qui s’enracine dès 1977 dans un quartier populaire de Bruxelles, dans l’idée de « mettre ensemble quelques jésuites engagés dans le social pour créer une sorte de lieu de référence » en Belgique.[1]
Proposer des réponses aux questions de notre temps
Avec le temps, le contenu de la revue évolue progressivement, donnant plus de place à la réflexion (et moins aux nouvelles) et variant les styles d’écriture. En 2008, elle est renommée En Question. Sa septantaine de pages se compose principalement d’un dossier thématique, en lien avec l’écologie, la démocratie, l’interculturalité ou la spiritualité. Ses articles sont de styles variés : éditoriaux, analyses, chroniques, opinions, témoignages, rencontres, entretiens, reportages, portraits, billets d’humeur, recensions… Avec des pistes pour aller plus loin et pour s’engager concrètement. À partir de cette année 2022, elle accueillera en outre une rubrique internationale, pour décrypter les grands enjeux globaux, et une chronique philosophique, pour offrir des clés de pensée et de discernement.
Une des forces de la revue En Question est sans doute aussi son souci de rassembler des journalistes, des académiques, des experts, des associations et des citoyens engagés, et de se rendre sur le terrain, pour construire ses dossiers, restant ainsi fidèle à la vocation initiale du Centre Avec de coopérer « avec » (et non seulement « pour ») les autres, et en particulier les plus fragiles.
Au fil des années, le public d’En Question s’est aussi largement diversifié. Outre la grande « Famille ignatienne » et les milieux chrétiens, la revue s’adresse aujourd’hui à toute personne désireuse de donner sens à ses engagements, de comprendre le monde et de le changer, pour co-construire une société plus juste, solidaire, démocratique et écologique. La revue peut également servir d’outil pédagogique pour les enseignants ou les animateurs qui souhaitent approfondir avec leur public propre l’un ou l’autre sujet de nos dossiers et analyses.
Prendre le temps de révolutionner notre culture
En ces temps de crises – sanitaire, écologique et sociale –, nous sommes appelés à changer, radicalement (c’est-à-dire aux racines). Dans son encyclique Laudato si’, le pape François nous invite, au niveau individuel, à une « profonde conversion intérieure » (§ 217) « qui nous unisse tous » (§ 14). Et, en même temps, il nous invite, au niveau collectif, à une « révolution culturelle courageuse » (§ 114).
La revue En Question entend y contribuer, en invitant ses lecteurs à quitter les tumultes de l’immédiateté de l’information, à sortir des zones de confort et des sentiers battus, à prendre du recul, de la hauteur et du temps, pour soigner nos relations (à soi, à l’autre, à la nature, au vivant, à plus grand que soi…), construire des ponts et emprunter des chemins de traverse.
Simon-Pierre de Montpellier,
rédacteur en chef de la revue En Question à Bruxelles
Prendre soin, une culture ?
« Prenez soin de vous et des autres ». Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu cette formule depuis le début de la pandémie ? En confinement, elle signifiait « Surtout, restez chez vous ! ». Si beaucoup de citoyens sont restés chez eux, il y en a beaucoup qui ne le pouvaient pas, à commencer par les soignants eux-mêmes… et toutes ces personnes qui exercent un métier souvent peu valorisé mais dont le travail s’est révélé indispensable. Dans son dernier numéro, En Question propose une réflexion sur le soin. En élargissant ce que l’on entend habituellement par le ‘care’, nous déclinons le soin à divers niveaux qui nous apparaissent essentiels : le soin aux personnes, le soin à la collectivité, mais aussi le soin de la terre et le soin de l’âme. Et nous nous demandons si l’attitude qui consiste à se soucier des autres, à prendre soin, ne pourrait pas être une culture qui irrigue toute la vie sociale et politique.
> Prendre soin : une culture ? est le thème du dernier numéro d’En Question.
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Un exercice
Dans son encyclique Laudato si’, le pape François relie étroitement écologie et justice sociale : « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (§ 49). Et si, dès lors, à partir d’aujourd’hui, pour prendre une décision importante, nous ajoutions un « critère Laudato si’ », en intégrant les clameurs de la terre et des pauvres dans notre discernement ?
[1] P. Jean-Marie Faux sj, « Un regard en arrière pour aller de l’avant », En Question, n°100, mars 2012.
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Article publié le 19 août 2022