Bienheureux Jean Beyzym

C’est à Cracovie le 18 août 2002 que Jean-Paul Il proclame bienheureux le P. Jean (ou Jan) Beyzym, jésuite polonais, « serviteur des lépreux » à Madagascar. La Compagnie de Jésus fête sa mémoire le 12 octobre.

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Jan Beyzym naît le 15 mai 1850 à Beyzymy Wielkie en Volhynie, région de l’actuelle Ukraine. Après ses études au Lycée de Kiev, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus à Stara Wiés le 10 décembre 1872. Il poursuit ses études de philosophie et de théologie à Cracovie, où le 26 juillet 1881 il est ordonné prêtre. Sa première mission apostolique est de travailler dans les écoles de Tamopol et de Chyrów.

Au cours de ses années comme éducateur, le désir de se consacrer au travail exigeant du service des lépreux grandit et mûrit en lui. Avec la permission du père général Luis Martin, il arrive à Madagascar en 1898, prêt à partager le travail apostolique des jésuites français.

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© beyzym.pl

Jean Beyzym est assigné à la léproserie d’Ambahivuraka près de Tananarive. Là vivent 150 lépreux dans une extrême pauvreté matérielle et spirituelle, décimés par la faim et par la maladie, privés des soins médicaux élémentaires. Dans une de ses nombreuses lettres, Jean Beyzym écrit: « Jour et nuit je vis avec les malades » et il ajoute que, malgré le fait d’être terriblement défigurés, les lépreux « ne cessent d’être nos frères et sœurs qui ont besoin de notre attention ». Durant treize années, il ne cesse de se donner à eux de toutes ses forces, avec tous ses talents, de tout son cœur.

jeanbeyzym1Aujourd’hui, un hôpital de 150 lits à Marana, près de Fianarantsoa, construit grâce aux fonds reçus surtout de ses compatriotes, demeure le mémorial de son dévouement. Il est un pionnier à l’époque où on ne peut guérir de la lèpre et où les lépreux sont bannis de la société. Jean Beyzym oeuvre à changer les comportements sociaux, à encourager les pauvres à être généreux envers plus pauvres qu’eux, à construire des hôpitaux pour le soin des malades et surtout pour leur rendre le sens de la dignité et de l’espoir.

Jean Beyzym meurt à Marana le 2 octobre 1912. Dans sa vie comme dans ses tâches apostoliques, il a toujours devant les yeux ce que saint Ignace de Loyola prescrivait aux membres de la Compagnie de Jésus : la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes. Jean Beyzym écrit : « Là est notre patrie où l’on peut espérer la plus grande gloire de Dieu et l’aide des âmes. Peu importe où l’on vit – à l’équateur ou au pôle nord. Ce qui compte vraiment c’est de mourir au service du Seigneur Jésus comme membre de notre sainte Compagnie. Je demande cette grâce à la fois pour moi-même et pour toute notre chère province » (lettre du 28.05.1910).

Dans les difficultés, il trouve sa consolation dans la prière de saint Ignace de Loyola : « Prends, Seigneur, et reçois … ». Il récite cette prière plusieurs fois par jour, et après l’avoir récitée, il a l’habitude de répéter tout consolé : « Grâce à Dieu tout semble aller pour le mieux ».

Jean Beyzym

© beyzym.pl

Avec la béatification de Jan Beyzym, la Compagnie de Jésus, en fait, chaque jésuite, reçoit un signe de confirmation et une invitation à continuer à être serviteur de la mission du Christ d’une manière radicale et transparente. La vie de notre confrère polonais nous offre un exemple de foi qui anticipe le Royaume de l’amour, en servant nos frères blessés autant par le rejet de la société que par leur maladie. L’éloquente expression de l’option préférentielle pour les pauvres, réalisée bien au-delà des paroles par Jean Beyzym, devrait nous inspirer tous.

P. Peter-Hans Kolvenbach,
ancien Supérieur Général
En la solennité de saint Ignace de Loyola
Rome, le 31 juillet 2002.

> Consulter le site internet officiel pour la béatification de Jean Beyzym

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Article publié le 2 janvier 2013

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