Cinq pains et deux poissons pour fêter Noël : le P. Vincent Klein sj témoigne d’un repas solidaire à Marseille
Le P. Vincent Klein sj témoigne avec émotion d’une initiative solidaire à l’approche de Noël : la fête de Noël pour les personnes isolées ou vivant dans la rue à Marseille qui a mobilisé un nombre important bénévoles – dont des jeunes lycéens – et redonné de la joie à de nombreux bénéficiaires.
Samedi 14 décembre. Il est à peine 11 heures. L’église Saint-Ferréol sur le Vieux-Port de Marseille étant provisoirement fermée pour cause de travaux, c’est Saint-Cannat [1], à quelques minutes à pied de là, qui accueille cette année le déjeuner de Noël pour les personnes âgées et isolées ou vivant dans la rue.
Les semaines qui ont précédé, les responsables de pôles de service (décoration, logistique, service, « avitaillement » accueil et animation) ont préparé l’événement avec leurs équipes respectives. Le matin de la fête, de nombreux bénévoles étaient à pied d’œuvre pour ranger les bancs d’église sur le côté et installer tables, chaises et décoration pour le repas, ainsi que la sono et le projecteur pour l’animation musicale. En à peine plus d’une heure, l’église s’est ainsi transformée en salle de banquet !
Il est 11h30. Les enfants et le Père Noël entrent en procession avec des cadeaux et l’affiche » messagers de paix« , thème choisi cette année pour accompagner le temps de l’Avent et décorer la crèche. Ils sont accompagnés par le « tambourinaire », membre de la chorale provençale qui anime la messe des santonniers, célébrée chaque année dans notre église au mois de novembre avant l’ouverture de la foire aux santons.
120 convives ont répondu à l’invitation pour le repas de fête. En plus des adultes, dont certains sont bénévoles à Saint-Ferréol, une quarantaine de jeunes lycéens sont venus prêter main forte pour le service. À table, des habitués de notre sanctuaire côtoyaient des gens de la rue, mais aussi beaucoup de personnes isolées, souvent âgées et même des familles.
Il est midi. Après un mot d’accueil du P. Steves Babooram sj, recteur du sanctuaire de Saint-Ferréol, et un chant de bénédiction, la soupe est servie. C’est une assemblée bigarrée qui partage le repas de fête et les chants dans une ambiance fraternelle. Cette année encore, le P. Vincent de Marcillac sj, a revêtu les habits du Père Noël. Il distribue les cadeaux aux enfants et aux adultes. La joie se lit sur des visages parfois bien marqués par les duretés de la vie.
Une fois encore, je m’émerveille devant l’enthousiasme de tous les acteurs de cette belle réussite. Notre communauté n’a pas beaucoup de moyens, pas plus que les cinq pains et les deux poissons de l’Évangile (Mc 6, 30-42). Mais elle a ouvert grand ses portes et c’est un impressionnant élan de générosité qui, cette année aussi, est entré dans l’église comme un vent bienfaisant. Le restaurant solidaire « Le République » nous a offert une fois encore l’entrée et le plat principal, malgré le nombre grandissant de participants. Des boulangeries-pâtisseries et autres restaurants ont offert le pain, le dessert et des boissons. D’autres commerces ont aidé à leur manière et même la mairie centrale fut de la partie en nous prêtant des chaises.
Plusieurs lycées catholiques de Marseille ont, comme les années précédentes, pris une part active et cruciale pour la réussite de la fête. Beaucoup des lycéens présents à la fête viennent déjà régulièrement les dimanches matin tôt servir le petit-déjeuner pour les gens de la rue. C’est d’ailleurs lors de ce service, appelé « Koffi StFé », que les invitations au repas de Noël ont été lancées auprès des bénéficiaires. Pour la fête, les lycéens ont aidé à l’aménagement de l’église, au service des tables, à l’animation ainsi qu’au rangement et au nettoyage. Avec leurs camarades de classe, ils ont aussi préparé, en famille, des cadeaux utiles et bien adaptés au public concerné.
« Les morceaux de pain restant remplissaient douze paniers », nous dit en conclusion le texte d’Évangile. La surabondance était également au rendez-vous lors de notre fête. Surabondance de nourriture, surabondance de cadeaux – certaines personnes en ont pris plusieurs -, surabondance de bénévoles – il a fallu limiter le nombre de jeunes qui voulaient venir aider – et surtout, surtout, surabondance de joie partagée et débordante.
Bénéficiaires et bénévoles ne sont pas tous des habitués de nos églises. Certains sont musulmans, d’autres sans religion. En ces temps où, dans notre vieille Europe, le repli sur soi semble prendre le dessus un peu partout, notre fête de Noël solidaire témoigne au contraire d’une générosité et d’un désir de partage qui ne demande qu’à prendre chair. À Noël, Dieu se fait humain et frère de tous. N’est-ce pas pour nous, dans notre monde engourdi, une invitation à en être des messagers au quotidien ?
P. Vincent Klein sj,
communauté Notre-Dame des Missions à Marseille
[1] L’église Saint-Cannat fait partie du même rectorat que Saint-Ferréol et est par ce fait confiée également à la Compagnie par le diocèse.
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Article publié le 18 décembre 2024