Le P. Henri Aubert sj, supérieur de la communauté jésuite à Namur, partage son homélie pour le deuxième dimanche de l’Avent sur le thème des lectures du jour « Consolez, consolez mon peuple ».

Avent 2023 deuxième dimanche 2 En ce temps de l’Avent, nous commençons la lecture de l’Évangile selon saint Marc qui sera lu en continu durant l’année B qui vient de commencer. Aujourd’hui je voudrais souligner deux expressions que nous venons d’entendre. Elles résument, en quelque sorte, cet Évangile et lui en donnent toute sa dynamique : « Jésus, Christ, Fils de Dieu » et « le pardon des péchés« .

Tout d’abord une certitude : Jésus est le Fils de Dieu.

On dit de l’Évangile de Marc qu’il a été écrit pour les catéchumènes de Rome. Ils veulent connaître ce Dieu dont on leur a parlé et auxquels ils ont adhéré sans bien savoir qui il était. En ce sens, l’Évangile est bien d’actualité, dans notre monde où l’on dit qu’il y a de plus en plus de personnes qui ne croient pas en Dieu, qui ne croient plus en Dieu.

Dès les premiers mots de son récit, il n’y a pas de doute, Marc annonce que cet homme Jésus est Dieu : il écrit l’histoire de Jésus Christ, le Fils de Dieu, incarné dans notre humanité. Sommes-nous bien conscients de ce que cela signifie pour nous, et pour l’humanité ?

Ce Dieu était annoncé par les prophètes, en particulier Isaïe que nous venons d’entendre : « Voici le Seigneur Dieu, il vient avec puissance… » C’est une nouveauté absolue pour les juifs, nouveauté scandaleuse car ce Dieu qu’ils attendaient se présente tout à coup devant eux, en chair et en os, incarné : il n’est pas possible de concevoir Dieu de cette manière. Et en plus, comment un homme peut-il se dire Fils de Dieu ? C’est un blasphème. De l’autre côté, c’est une nouveauté absolue pour les païens qui la refusent comme une folie. « Scandale pour les juifs, folie pour les païens » écrit saint Paul (1 Co 1, 23).

Cette nouveauté dont notre monde ne veut pas entendre parler, est au cœur de notre foi et elle fonde notre espérance. Mais surtout elle nous engage : quand nous annonçons Jésus Christ, cela donne à notre parole et à notre foi un relief extraordinaire, au risque qu’elle soit scandale et folie pour ceux qui nous écoutent.  D’ailleurs, ne nous arrive-t-il pas à nous aussi d’en douter ? Alors prions pour que nous comprenions toujours plus qui est Jésus, Fils de Dieu, formidable espérance pour notre humanité !

Mais que vient faire Jésus, Fils de Dieu, sur notre terre ? Jean, dans le désert, « proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. » Qu’est-ce que cela veut dire ?

Les juifs répondaient à l’appel de Jean le Baptiste. Et nous aujourd’hui ? D’abord, nous avons du mal avec la notion de péché. C’est, bien sûr, tout ce mal qui travaille les nations et les sociétés, comme il travaille chaque homme en ce monde. Nous en faisons chaque jour la triste expérience. Mais du mal au péché, il y a un pas à franchir et il est théologique. Le péché est l’alliance rompue entre Dieu et l’homme. Dieu avait libéré le peuple hébreu de l’esclavage et avait fait alliance avec lui. Il lui avait proposé de choisir entre ce qui conduit à la vie et ce qui conduit à la mort, vie et bonheur d’un côté, mort et malheur de l’autre (Cf. Deutéronome 30, 15). Nous le savons, il y a effectivement des actes qui construisent la vie, qui construisent une cité, une humanité où les hommes se respectent, s’aiment et s’entraident. À l’inverse, il y a des attitudes, des manières de se comporter qui conduisent à la mort, insensiblement, de blessure en blessure, à travers ruptures successives et souffrances. Et nous disons que dans ces choix de vie ou de mort, Dieu se révèle, car nous avons la certitude qu’il est l’auteur de la vie.

Jean-Baptiste vient appeler le Peuple de Dieu à la conversion. Jésus, à sa suite, renouvèlera l’appel : « Le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » (Mc 1, 15) La perspective est complètement renouvelée. Jean d’ailleurs le dit : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi. (…) Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En effet, Jésus vient guérir l’humanité, lui redonner la vie, car il sait qu’elle ne peut pas se sauver par elle-même. Tout l’Évangile de Marc est le récit de cette libération : à la fois guérison, action miséricordieuse de Dieu qui se révèle en son Fils venu sur notre terre, c’est le salut, la Bonne Nouvelle, et à la fois conversion, c’est-à-dire décision personnelle de chaque homme, de chaque femme, pour la vie.

En ce temps de l’Avent, en ce temps où le monde, aujourd’hui encore, va très mal, exactement comme au temps d’Isaïe, comme au temps de Jésus, nous pressentons le salut dans ces attitudes, ces gestes, ces initiatives qui disent le désir de l’humanité de choisir la vie. Les exemples sont multiples, malgré toutes leurs ambiguïtés : la COP 28 à Dubaï, les négociations à l’ONU ou sous l’égide de San Egidio dans les multiples conflits du monde, les marches pour la paix ou la sauvegarde de la maison commune… Mais aussi plus près de chez nous, les réconciliations dans les familles, la refondation d’un couple détruit, la visite d’un malade à l’hôpital ou l’aumône faite à une personne qui mendie dans la rue… Nous pouvons faire mémoire de ces choix de vie dans le monde, comme dans notre quotidien… La Bonne Nouvelle de l’Evangile est bien présente en toutes ces occasions.

« Consolez, consolez mon Peuple… »

Cette Parole de l’Ecriture est toujours à l’œuvre au cœur de ce monde.

Alors, prions pour que l’humanité retrouve les chemines de la vie, encouragée, mobilisée par tous ces signes d’espérance. Sans le savoir, elle attend un salut, elle pressent que la vie sera toujours plus forte que la mort. Mais il lui faut sortir de ses violences, de ses enfermements et de son autosuffisance, pour se tourner vers le plus petit, celui qui aura toujours besoin d’un plus fort que lui. Il lui faut se tourner vers son Dieu, de qui vient toute vie et qui est venu, un jour du temps, pour la libérer. « Consolez, consolez mon peuple !« : ne cessons pas de répéter cette Bonne Nouvelle, aujourd’hui encore !

P. Henri Aubert sj P. Henri Aubert sj
Méditation pour la récollection à la Chapelle Universitaire de Namur
communauté jésuite Notre-Dame de la Paix à Namur

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