Décès du cardinal Carlo-Maria Martini

Le cardinal Carlo Maria Martini, jésuite et figure emblématique de l’Église catholique au XXe siècle, est mort vendredi 31 août 2012 à l’âge de 85 ans. 

L’archevêque émérite de Milan, exégète de réputation mondiale, n’aura cessé de faire résonner une voix singulière dans l’Église. Il a incarné l’espoir d’un dialogue et d’une plus grande ouverture au monde moderne, tout en  formulant ses critiques et propositions de façon nuancée.

Éminent intellectuel, spécialiste de la Bible, théologien, auteur de dizaines de livres et contributions théologiques diverses le cardinal Martini, jésuite, est l’une des figures les plus importantes de la vie de l’Église des trente dernières années.

Né à Turin le 15 février 1927, Carlo Maria Martini entre dans la Compagnie de Jésus (jésuites) à 17 ans en 1944. Exégète de formation, Paul VI l’avait désigné, en 1969, recteur de l’Institut biblique, où il était resté jusqu’en 1978, puis de la prestigieuse Université pontificale grégorienne.

Le cardinal Carlo-Maria Martini sjDès 1979, Jean Paul II l’avait nommé archevêque de Milan, le plus grand diocèse d’Europe, qu’il dirigea pendant 22 ans. Il fut créé cardinal en 1983. Entre 1987 et 1993, il a également présidé le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE).

A son départ en retraite en juillet 2002, à l’âge canonique de 75 ans, il avait réalisé son vœu le plus cher : partir à Jérusalem.

Cette année-là, il avait aussi annoncé qu’il était atteint de la maladie de Parkinson. Il est rentré en Italie en 2008, se retirant dans une maison d’études des jésuites, à Gallarate, au nord-ouest de Milan.

Hommage du pape au cardinal Martini

Un extrait de l’article dans le journal la Croix

« Ce cher frère qui a servi généreusement l’Évangile et l’Église »…Le pape Benoît XVI a salué le cardinal Carlo Maria Martini , mort vendredi 31 août à 85 ans, pour son « service généreux de l’Évangile « . Dans un télégramme au cardinal de Milan, Angelo Scola, le pape a rendu hommage à « l’intense œuvre apostolique  » et de bibliste, saluant son « service compétent et fervent à la parole de Dieu « . « Je pense avec affection à ce cher frère qui a servi généreusement l’Évangile et l’Église  » et a vécu « une longue maladie (la maladie de Parkinson) l’âme sereine et dans l’abandon à la volonté du Seigneur « , a-t-il dit.Le pape Benoît XVI accueille le cardinal Carlo Maria Martini sj

Hommage de la ville de Milan

Toutes les cloches des églises de Milan ont sonné en hommage au cardinal qui avait dirigé le plus grand diocèse d’Europe pendant 22 ans. Une chambre ardente était installée samedi dans la cathédrale. Les obsèques devraient avoir lieu lundi dans le même Duomo. Une minute de silence, décrétée par la mairie de gauche, a été observée lundi dans la ville.

Hommages du monde politique et des associations

Un extrait d’un article de Radio Vatican

La disparition de Mgr Martini « est une grande perte non seulement pour l’Église et le monde catholique mais pour l’Italie « , a déclaré le président ex-communiste Giorgio Napolitano, Le président de la république italienne rappelant ses « suggestions chaque fois lumineuses et concrètes  » sur des questions comme l’immigration. L’Assemblée des rabbins d’Italie a relevé « l’engagement convaincu du cardinal Martini pour le dialogue avec tous les croyants et les non croyants « .

Les funérailles du cardinal Carlo Maria Martini ont été célébrées le 3 septembre à 16h00, en la cathédrale de Milan. Après son décès, le collège cardinalice compte 206 membres, dont 118 électeurs en cas de conclave.

Message de Benoît XVI pour les funérailles du card. Martini, Un homme de Dieu qui a aimé la Parole et servi l’Eglise

ROME, mardi 4 septembre 2012 (ZENIT.org) – Le cardinal Martini était « un homme de Dieu », qui a « aimé intensément la Parole » et l’a fait connaître avec « une grande ouverture d’âme » et « dans un esprit de charité pastorale ». Ce sont les mots de Benoît XVI pour rendre un dernier hommage à l’archevêque émérite de Milan, « cet infatigable serviteur de l’évangile et de l’Eglise ». La messe des funérailles du cardinal Martini – décédé le 31 août 2012 – s’est déroulée dans l’après-midi du lundi 3 septembre 2012, dans la capitale ambrosienne, et a été présidée par le cardinal archevêque de Milan, Angelo Scola.

Souvenirs d’un ancien élève

Nombreux sont ceux qui doivent au Cardinal Martini la découverte vivifiante de la Parole de Dieu.  Parmi eux, le père jésuite Joseph Nguyeãn Coâng Doan, l’actuel directeur de l’Institut Biblique Pontifical de Jérusalem. Il était l’élève du cardinal Martini, quand il était recteur de l’institut biblique pontifical de Rome, dans les années 70. L’étude de la parole de Dieu et l’impératif de l’écoute ont toujours guidé le cardinal Martini sjL’étude de la parole de Dieu et l’impératif de l’écoute l’ont toujours guidé. Il s’impose comme l’une des voix les plus médiatiques de l’Église catholique, cherchant à développer le dialogue avec la société civile et les non-croyants.

Le cardinal Martini a toujours voulu rester actif dans le débat sur l’Église et sur la foi dans le monde contemporain

Auteur de nombreux livres, cet intellectuel spécialiste de sciences bibliques et d’exégèse, et qui fut très engagé dans le dialogue avec les Juifs, se signalait par sa capacité d’interpellation de l’Institution. En 2006, il avait pris position sur la morale sexuelle dans un journal italien (L’Espresso), expliquant que l’Église devait considérer l’IVG et la fécondation in vitro comme “un moindre mal”.

En 1999, il avait créé l’événement lors du Synode pour l’Europe en proposant la convocation d’un nouveau Concile, « pour permettre de défaire certains nœuds disciplinaires et doctrinaux”. Le cardinal citait le manque de ministres ordonnés, la place de la femme dans l’Église, la participation des laïcs à des « responsabilités ministérielles », la sexualité, la discipline du mariage, le dialogue œcuménique.

Dans un livre paru en 2008 (Conversations nocturnes à Jérusalem), il avait critiqué l’encyclique de Paul VI, Humanae Vitae, qui avait, selon lui, éloigné les catholiques de l’Église, et disait espérer que Benoit XVI écrive un texte sur le sujet de la sexualité. Il y appelait aussi à l’ordination d’hommes mariés comme prêtres, reprenant ainsi l’un des desiderata des catholiques réformistes. Ceux-ci ont donc perdu l’une de leurs figures de référence, qui, en 2005, n’avait cependant pas réussi à s’imposer lors du Conclave.

« L’Église est en retard de 200 ans. Aurions-nous peur ? »

Un article du 2/9/2012 dans la Croix

Dans une ultime interview, publiée samedi 1er septembre à titre posthume par le Corriere della Serra, le cardinal Martini encourage l’Église à « entreprendre un chemin radical de changement  ». En voici de larges extraits en français.

« L’Église est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont vastes, nos maisons religieuses sont vides, et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos habits sont pompeux (…) Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s’éloigne, empli de tristesse, alors que Jésus l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il est difficile de tout laisser… Mais au moins pourrions-nous chercher des hommes libres et attentifs au prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas, nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution. (…) Dans l’Église aujourd’hui, je vois tant de cendres qui cachent les braises que je me sens souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises pour revigorer la flamme de l’amour ? (…) Je conseille au pape et aux évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes « hors normes », proches des pauvres, entourées de jeunes, qui expérimentent des choses nouvelles. Nous avons besoin de ce contact avec des hommes qui brûlent, pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.

Mon premier conseil est la conversion. L’Église doit reconnaître ses propres erreurs et entreprendre un chemin radical de changement, à commencer par le pape et les évêques. À commencer par les questions posées sur la sexualité et le corps. (…) Nous devons nous demander si les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière sexuelle. L’Église est-elle encore, dans ce domaine, une autorité de référence ou seulement une caricature pour les médias

Mon deuxième conseil est l’écoute de la Parole de Dieu. (…) Seul celui qui reçoit cette Parole dans son cœur peut aider au renouvellement de l’Église et saura répondre avec justesse aux demandes personnelles. (…) Ni le clergé ni le droit canonique ne peuvent se substituer à l’intériorité de l’homme. Tous les règlements, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour clarifier la voix intérieure et aider au discernement de l’Esprit.

Cardinal Carlo-Maria Martini, un serviteur de la parole. Il a fondé L’école de la Parole alors qu’il était Archévêque de Milan.
Il proposera l’exercice aux jeunes des JMJ en 1997. C’est aussi sous son inspiration qu’a été créée la MT ou Messe qui prend son temps qui a essaimé aujourd’hui dans toute la France et même dans le monde.

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Parmi ses livres, aux éditions Vie Chrétienne :
Et moi, je suis avec vous
La onzième heure, Se décider pour le Christ
Ses ouvrages en vente à la FNAC

Article publié le 3 septembre 2012

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