Décès du P. Henri Madelin sj, homme de foi et de culture

Les jésuites de la Province d’Europe Occidentale Francophone ont la tristesse de vous faire part du décès du P. Henri Madelin sj. Agé de 84 ans et hospitalisé depuis deux semaines, il est décédé du Covid-19 le mercredi 8 avril au matin.

Né le 26 avril 1936 à Guebviller (Haut-Rhin), le P. Henri Madelin est diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris (IEP-1956), d’une licence en droit et d’un DES d’économie politique. Intéressé par la vie politique et le service de l’État, il prépare l’ENA mais frappe l’année suivante à la porte du noviciat de la Compagnie de Jésus.

Après des études de philosophie à Vals, deux années au collège Libermann à Douala puis des études de théologie à Fourvière (Lyon), il est ordonné prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1967.

Son expertise pour les sciences politiques et son intérêt pour les questions de société l’orientent vers l’apostolat social. En 1973, il prend la direction de l’Action Populaire, qui deviendra le Centre de Recherche et d’Action Sociales (CERAS). Son engagement témoigne de ce que la foi chrétienne est indissociable d’un engagement social et politique pour la justice ; cet engagement ne peut se vivre sans une profondeur intellectuelle.

Maitre de conférence à l’Institut d’Études Politiques de Paris (IEP), enseignant à l’Institut d’Études Sociales (IES) de l’Institut Catholique de Paris, il se révèle homme de relations et de communication.

De 1979 à 1985, il devient supérieur provincial des jésuites de France. Il rénove l’apostolat auprès des jeunes en lançant le Réseau Jeunesse. Il assure l’avenir du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris en destinant un certain nombre de jeunes jésuites à l’enseignement philosophique et théologique ; il donne à cette institution un rayonnement bien au-delà de la France.

En tant que supérieur provincial, il participe à la 33e Congrégation Générale qui se tient en 1983, et qui élit le P. Peter-Hans Kolvenbach, nouveau supérieur général de la Compagnie de Jésus. Dans cette période sensible des relations entre les jésuites et le pape Jean-Paul II, le P. Henri Madelin rappelle paisiblement aux jésuites de la Province de France l’importance du « sentire cum Ecclesia »(1) et de l’obéissance au pape.

De 1985 à 1991, il est nommé Président du Centre Sèvres et s’attache à poursuivre le développement de ce lieu, au service d’une formation humaine, intellectuelle et spirituelle, à la fois enracinée et ouverte, de religieux, religieuses et laïcs, dans les enjeux d’un monde en pleine mutation.

En 1991, il devient aumônier national du Mouvement Chrétien des Cadres et Dirigeants (MCC).

Homme de culture, il est nommé rédacteur en chef de la Revue jésuite Études de 1995 à 2002. Par sa créativité et son dynamisme, il contribue au rayonnement de cette revue prestigieuse et à sa présence dans les débats de notre époque.

Européen convaincu, il va suivre de 2005 à 2019, depuis Bruxelles (OCIPE), Strasbourg (Conseil de l’Europe) et Paris, les enjeux d’une Europe en pleine mutation. Il croit au nécessaire débat éthique dans la construction institutionnelle européenne.

Écrivain, le P. Henri Madelin a publié de nombreux ouvrages. « Heurs et malheurs de l’autorité », son dernier livre paru en 2018 aux Éditions jésuites (Lessius), traite de la relation entre pouvoir et autorité. Celle-ci se mesure à la capacité de faire grandir autrui pour lui permettre de donner sa pleine mesure.

Doté d’une grande bienveillance, homme de foi et de relations, toujours à l’écoute des évolutions de la société, le P. Henri Madelin a mis ses qualités humaines et intellectuelles, au service du Christ, de l’Église et de la société, persuadé que le message de l’Évangile reste une source de profond renouvellement précieux pour notre monde.

 

La famille d’Henri Madelin a ouvert sur internet un espace privé d’hommage à leur frère et oncle; vous pouvez envoyer votre contribution à  Hommage.HMadelin(a)gmail.com.

(1) Les règles pour « Sentir avec l’Église » font partie des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola et déterminent la manière dont les jésuites souhaitent vivre leur service à l’Église.

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