Discours du P. François Boëdec sj, Provincial de la province d’Europe Occidentale Francophone, pour l’inauguration de la Maison Magis
Le P. François Boëdec sj, Provincial de la province d’Europe Occidentale Francophone, a prononcé ce discours lors de la soirée d’inauguration de la Maison Magis, un espace dédié aux jeunes adultes pour les accompagner dans les différentes facettes de leur vie : spirituelle, professionnelle et sociale.
Chers amis,
Merci P. Vincent Breynaert de votre présence et de vos encouragements. Et merci à vous tous d’être là cette après-midi pour partager une même joie à l’occasion de l’ouverture de cette Maison Magis, même si la poussière des travaux n’a peut-être pas encore complètement disparue et le plâtre n’est pas complètement séché. Certes, le lieu n’est pas nouveau pour les jésuites et leurs amis, puisque comme Claude l’a rappelé il a accueilli le Centre Laennec, pour aider les étudiants en médecine à se préparer au mieux à leur vie professionnelle. Mais le Centre Laennec a déménagé il y a un peu plus d’une année libérant ainsi ce lieu pour d’autres aventures.
Et ce fut l’aventure de la Maison Magis… Cette maison, elle était déjà dans l’esprit et le cœur de beaucoup depuis plusieurs années ; elle a cherché son point d’ancrage du côté de la rue de Sèvres, adossée à l’église Saint-Ignace, puis de la rue de Grenelle qui a généreusement ouvert ses portes ces dernières années. Et je salue ici le P. Christian Motsch sj qui avec la Plate-forme & Co a été l’un de ceux qui a rêvé et poussé à ce que ce projet devienne réalité : une maison où la vie circule à tous les étages, où les gens se croisent, apprennent à se connaître, à vivre ensemble, à partager, inventer, créer, célébrer, écouter et parler. Oui, un lieu de vie. Un lieu de vie dans ce quartier qui a été important pour l’histoire des jésuites : Ignace de Loyola, nous le savons, y étudia, non loin d’ici, dans le Quartier Latin. Il y rencontra ses premiers compagnons venus de différents pays : Pierre Favre, François-Xavier et d’autres. Et le dimanche, ces étudiants se retrouvaient à la Chartreuse de Vauvert, à l’emplacement du parc du Luxembourg actuel, à deux pas d’ici. Des grandes amitiés sont nées là, de grands projets aussi, des aventures humaines et spirituelles. Qui les ont conduits à être davantage vivants et aimants, assez fous pour croire à l’amour de Dieu pour le monde, et donner, chacun à sa manière, leur vie.
D’une certaine manière l’aventure continue aujourd’hui. Et c’est heureux que s’ouvre cette Maison Magis au moment même où a lieu à Rome cette rencontre importante, ce synode, qui veut aider l’Eglise toute entière à repenser la place des jeunes dans l’Eglise en écoutant leurs préoccupations mais aussi en accueillant tout ce qu’ils veulent apporter à l’Eglise et au monde. Le Pape François a bien compris l’enjeu, fixant la feuille de route de cette rencontre pour dit-il, « faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions… qui redonne des forces et qui inspire« . Eh bien, cette Maison Magis, elle se veut à sa manière, je crois, dans cet esprit-là, un lieu où l’Eglise ne fait pas des choses pour les jeunes, mais avec eux, les accompagnant, partageant la vie de Dieu et son élan, qui pousse à sortir de l’entre soi pour inventer l’avenir.
Oui, cette maison veut permettre les rencontres au croisement de réalités différentes. Depuis le début 2018, alors que la première phase des travaux de rénovations étaient terminées, les équipes du JRS-France et d’Inigo Volontariat (le service de Volontariat international des jésuites) se sont installées ici. A présent ce sont les bureaux et les équipes du Cowork Magis, de Magis-Paris, et du Réseau Magis France qui peuvent s’installer. Cette Maison permet donc de rassembler différentes équipes soutenues par la Compagnie : elle est un bel échantillon de la variété des activités dans lesquelles des compagnons jésuites sont engagés. Elle manifeste le désir de la Compagnie de continuer aujourd’hui sa mission ancienne, mais de manière renouvelée, auprès des jeunes adultes, étudiants, jeunes professionnels, notamment, mais pas seulement.
Si nous souhaitons que des jeunes puissent se sentir ici chez eux, et accueillir à leur tour, c’est pour qu’ils puissent découvrir une source à laquelle puiser pour mener leur chemin d’hommes et de femmes au service des autres et dans les réalités du monde. Etre saisi par le Christ, être touché par l’Evangile, cela nous renvoie toujours au réel ; cela nous pousse à nous engager professionnellement, socialement, affectivement. Ou pour le dire autrement en reprenant les trois piliers de ce lieu : la vie spirituelle, la formation, le service… Dans l’ordre que vous voulez, chaque pilier appelant les deux autres, et porté par un esprit de confiance et de partage. Cette Maison n’est donc pas une tour d’ivoire, close sur elle-même mais une maison ouverte, où les rencontres les plus diverses sont possibles : Ignace nous invite à trouver Dieu en toutes choses, à rencontrer Dieu en toute personne.
Nul ne sait à l’avance tous les projets qui verront le jour en ce lieu. Nul ne sait les paroles qui seront échangées, les haltes bienfaisantes qu’il permettra, les soutiens, les silences, les prières, les chants et les danses… Nul ne peut le prédire, car cette Maison doit susciter et rendre possible. Même si on peut faire confiance aux jésuites pour donner quelques encouragements !
Nous savons que le mot magis – ce mot latin qui signifie « davantage » ou « plus » – est un mot précieux pour Ignace de Loyola et ses amis. Il ne s’agit pas d’être le meilleur ni de se croire parfait – Magis est un comparatif et non pas un superlatif. C’est donc une invitation à voir quel est le pas de plus que je puis poser dans ma vie ; quel est le progrès qui est à ma portée en ce moment. Comment vais-je être plus vivant et aimant comme nous y invite le Christ ?
A vous tous qui allez devenir familiers de ces lieux, vous êtes chez vous, au point où vous en êtes de votre chemin ! Vous y trouverez des amis, des jésuites, (et parfois les jésuites peuvent devenir de très bons amis !), des religieuses ignatiennes qui partagent ce même désir et cette même mission, pour vous accompagner sur votre route.
Claude, tu as remercié un certain nombre de personnes tout à l’heure. Je m’associe bien sûr à tes remerciements. Je veux y ajouter simplement tous ceux qui depuis des années – et plusieurs sont là ce soir – ont exprimé leur projets et leurs rêves pour cette maison. Remercier le P. Sylvain Carriou-Charton, délégué du Provincial pour l’apostolat auprès des jeunes adultes, qui a accompagné la naissance de ce projet.
Et puis merci à toi Claude d’avoir osé relever le défi de coordonner cela alors que la Maison n’était pas encore disponible, et merci aux autres compagnons jésuites qui y sont investis, et qui par cette Maison, sont invités à la faire vivre ensemble : Antoine, Tuan, Grégoire, et Manu.
Merci à tous, et à ceux que je pourrai oublier… et puissions-nous nous retrouver souvent pour passer encore le seuil de cette maison, et nous réjouir de la vie qui l’habite.
P. François Boëdec sj,
Provincial de la province d’Europe Occidentale Francophone
Article publié le 15 octobre 2018