Dix ans au cœur de l’Église universelle, à la tête du Réseau Mondial de Prière du pape : témoignage du P. Frédéric Fornos sj

Directeur international du Réseau Mondial de Prière du Pape de 2014 à 2024, le P. Frédéric Fornos, sj, revient sur sa mission au cœur de l’Église universelle. Il témoigne de sa joie d’avoir vu ce réseau dynamiser la prière quotidienne des centaines de milliers de personnes à travers le monde, unies aux intentions du pape et de l’Église.

Frédéric Fornos pape 714 500 Aujourd’hui, je connais leurs noms et leurs visages. Ils sont invisibles aux yeux du monde, mais pas aux yeux de Dieu. Ce sont nos amis du diocèse de Béni-Butembo, à l’est du Congo RDC, ou encore ceux vivant à la frontière entre le Mozambique et le Malawi, sur les hauts plateaux de Madagascar, dans le territoire Oromo en Éthiopie, ou dans le village autochtone de Tepatlaxco, au Mexique. Je pense aussi aux groupes de l’Apostolat de la Prière (ex-Réseau Mondial de Prière du pape) du nord-est du Brésil, aux jeunes des régions tribales d’Andhra Pradesh en Inde, ou encore aux « méjistes » (jeunes du Mouvement Eucharistique des Jeunes-MEJ) du diocèse de Vinh au Vietnam, que j’ai accompagnés dans les villages inondés du nord du pays. Et bien sûr, à tant d’autres personnes, réparties dans plus de 90 pays où le Réseau Mondial de Prière est présent, qui continuent de visiter ma prière et d’habiter mon cœur.

Il y a 16 ans, lorsque le Provincial m’a confié cette mission en France, je venais de terminer le mois des Exercices spirituels dans le cadre de mon Troisième An, et c’était bien la seule mission que je ne souhaitais pas. Je l’associais alors aux images doloristes et sulpiciennes du Cœur de Jésus, et je considérais archaïques le langage et les pratiques de l’Apostolat de la Prière. Mais le Seigneur a ses chemins.

En découvrant le trésor spirituel de l’Apostolat de la Prière, lié à une piété populaire souvent méprisée, je me suis rapidement retrouvé à réfléchir, prier et discerner avec d’autres, au niveau national, européen et international, sur de nouvelles manières de présenter cette mission. Cela m’a conduit, en 2014, à être nommé à Rome par le P. Adolfo Nicolás sj, Supérieur général de la Compagnie de Jésus à l’époque, puis par le pape François en 2016. Les premières années, le plus difficile a été de mettre en valeur tout ce qui rendait cette mission unique et pouvait enthousiasmer. Il fallait changer le regard désabusé de tant de personnes, et parfois l’indifférence – pour ne pas dire plus – de nombreux compagnons jésuites.

Cette transformation ne s’est pas faite à la force du poignet. Elle ne repose pas non plus uniquement sur les nouveaux moyens de communication numérique ou visuel, comme La Vidéo du pape ou Click To Pray, ni sur la nouvelle compréhension du paradigme de notre mission. Elle ne découle pas seulement du renouvellement de la spiritualité du Cœur de Jésus, comme mission de compassion pour le monde, avec les conversions personnelles et institutionnelles que cela a impliquées, ni d’une réorganisation patiente et attentive au processus spirituel et à l’accompagnement des équipes à tous les niveaux. Ce n’est pas non plus uniquement grâce à la clarification juridique voulue par le pape François, qui a érigé ce service ecclésial en œuvre pontificale, ni grâce aux moyens financiers désormais soutenus par une Fondation italienne créée à cette fin. Même si tout cela y a contribué, cette transformation repose avant tout sur l’action du Seigneur.

Ce ne sont pas que des mots, mais avant tout une expérience concrète que nous avons vécue en équipe, en cherchant à nous rendre dociles à l’Esprit du Seigneur. Tant de fois, nous avons pu reconnaître « le doigt de Dieu » et, dans ce processus de transformation institutionnelle, nous avons traversé le combat spirituel qu’il suppose. Une telle transformation n’aurait jamais pu se réaliser, si le Seigneur lui-même n’avait pas choisi cette œuvre méprisée pour la renouveler, au point qu’il apparaisse évident, pour ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, qu’Il continue à agir aujourd’hui comme hier.

La naissance du Réseau Mondial de Prière du pape, avec ses diverses modalités de participation, dont le Mouvement Eucharistique des Jeunes, repose sur une réalité souvent invisible : des centaines de milliers de personnes à travers le monde prient chaque jour pour les intentions de l’Église universelle. Cette mission de compassion pour les défis de l’humanité s’enracine dans une spiritualité profondément populaire et paroissiale. Elle a pour but d’éveiller les cœurs et d’ouvrir les mains au service de notre monde. Pendant 11 ans, cette mission m’a rendu profondément heureux.

P. Frédéric Fornos sj P. Frédéric Fornos sj

Pour aller plus loin

  • « Le pape François exhorte le Réseau mondial de prière à aider à mieux vivre l’esprit du Jubilé » : article de Vatican News du 23/01/25

En cette Année jubilaire, le pape souhaite que le Réseau de prière puisse « apporter une contribution très importante au Jubilé, en aidant les personnes et les communautés à vivre l’esprit du Jubilé », « comme un voyage dans lequel prière et compassion, prière et proximité avec les plus petits, prière et œuvres de miséricorde sont indissociables ». Au cours de cette rencontre, François a salué la présence du nouveau directeur, le P. Cristóbal Fones sj, exprimant ensuite sa gratitude au P. Frédéric Fornos sj pour le service rendu au Réseau de prière avec un zèle apostolique. « Allez de l’avant et travaillez ensemble dans la joie », a lancé le pape à chacun des membres, concluant ainsi son intervention.

Le Réseau Mondial de Prière du pape en quelques chiffres

  • 12 intentions de prière par an
  • 92 pays en communion
  • 22 000 000 personnes reliées par la prière

Article publié le 15 janvier 2025

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