Éclairages sur la réforme des retraites
Le projet de loi sur la réforme des retraites est examiné à l’Assemblée nationale. Il prévoit un report de l’âge d’ouverture des droits et un allongement de la durée de cotisation. Retrouvez, dans cet article, la contribution des jésuites et de leurs institutions au débat sur la réforme des retraites.
« Réforme des retraites : quelles modalités pour un choix démocratique ? » : retour sur la soirée d’éthique publique du 8 février 2022 au Centre Sèvresx
Le mercredi 8 février, le Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris a consacré sa soirée mensuelle d’éthique publique à la réforme des retraites.
La soirée, animée par Vincent de Féligonde du journal La Croix, s’est intéressée aux questions suivantes : Quelles instances doivent être mobilisées pour réformer la France ? Quelle est la place respective des institutions (exécutif, législatif et judiciaire) et de la société civile (syndicats, collectifs, conventions citoyennes…).
Les intervenants présents étaient Nicolas Roussellier, historien et politiste ; Cyril Chabanier, président de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) et membre du comité exécutif de la Confédération européenne des Syndicats (CES), et deux étudiants du Centre Sèvres.
Voir le replay de la soirée :
« La doctrine sociale de l’Église, un appui pour évaluer le projet de loi » : éclairage du P. Grégoire Catta sj dans La Croix
Le P. Grégoire Catta sj est directeur du service famille et société de la Conférence des Évêques de France (CEF).
Dans une interview parue dans le quotidien La Croix le 25 janvier 2023, le P. Grégoire Catta sj défend avec conviction que les questions sociales agitant le pays ne sont « pas étrangères à notre foi ». Tout en mentionnant le pape François qui accorde une place majeure à la question sociale dans son souci d’évangélisation, le P. Grégoire Catta sj indique que ces questions sociales « le sont autant que les questions sociétales ou de bioéthique et nous avons sans doute besoin de le rappeler ».
Il encourage alors à s’engager en s’appuyant sur « la dernière grande encyclique sociale, Fratelli tutti, qui se structure autour de la méditation de la parabole du Bon Samaritain », et insiste en indiquant que « cela ne va pas nous dire s’il faut bouger l’âge légal de départ à la retraite, mais cela nous permet de nous poser les bonnes questions avec le souci des plus faibles et des plus fragiles. »
Pour le P. Grégoire Catta sj, la doctrine sociale de l’Église offre un appui « pour évaluer un projet de loi à l’aune de grands principes : la solidarité, l’option préférentielle pour les pauvres ou encore la poursuite du bien commun », et non « pour dire au nom de l’Église qu’il faut telle ou telle réforme des retraites ».
« Une nouvelle réforme des retraites est-elle nécessaire ? » dans la revue Études
Michaël Zemmour est enseignant chercheur à l’Université Paris 1 et chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP, Sciences Po). Il est interviewé dans la revue Études de février 2023 sur le projet de réforme des retraites : s’agit-il de travailler plus pour « sauver nos pensions » ? Dans quelle mesure le système de retraite actuel est-il réellement en danger ? Entre-t-on dans un nouvel âge de la réforme des retraites, visant la réduction de leur durée et du niveau moyen des pensions ?
Le système des retraites par répartition, qui est un des piliers de la solidarité en France, est-il encore suffisamment robuste ou traverse-t-il une période compliquée ?
Michaël Zemmour : D’un point de vue financier, le système est extrêmement robuste. C’est le diagnostic qui est fait chaque année par le Conseil d’orientation des retraites (COR) et c’est le diagnostic qu’on peut faire en le comparant à ce qui se fait dans les autres pays. Ce système est financé essentiellement par des cotisations sur l’ensemble de la masse salariale et, en absence de toute réforme, les projections dans l’avenir prévoient un très léger déficit dans les quinze années à venir, mais pas de danger financier. Quand on compare avec les pays étrangers qui ont fait plus de place à d’autres systèmes, et notamment au système par capitalisation (Irlande, Suède, etc.), on se rend compte que ce sont des pays qui, depuis la crise de 2008, ont connu beaucoup de soubresauts, avec des systèmes de retraite mis en danger financièrement et des effets très concrets pour les retraités qui se traduisent par des baisses du niveau des pensions. En France, notre système de retraite n’est donc pas en danger, en raison des réformes précédentes qui ont cependant deux conséquences principales pour l’avenir. La première : une stagnation voire un raccourcissement de la durée moyenne de la retraite, l’âge légal de la retraite ayant été reporté à 62 ans. La deuxième : une baisse relative du niveau de vie des retraités qui est programmée.