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Dans notre Province, les jésuites sont bien présents et impliqués dans l’apostolat spirituel en paroisses, chapelles ou sanctuaires, même si cette mission est sans doute moins connue que d’autres ministères. Ce sont autant de lieux pour faire entendre la petite musique ignatienne, ouverts à tous, nourris des Exercices spirituels, où la synodalité est mise en avant. Quelle est leur manière de faire ? Qu’est-ce qui fait de ces lieux d’engagement des missions résolument jésuites ?

Dans les lieux d’Église où ils sont investis, les jésuites ont à cœur d’être au service du « tout venant » en s’appuyant, sans l’imposer, sur la spiritualité ignatienne. Au-delà de la diversité des lieux, et outre la célébration des sacrements, trois traits se dégagent : un ancrage dans le processus synodal en cours dans l’Église, la mise en œuvre des Préférences apostoliques universelles (PAU) [1] et la pratique de la collaboration avec les laïcs.

Vivre une Église synodale

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À Notre-Dame-des-Anges à Bordeaux, l’assemblée se répartit, avec les prêtres, en cercle autour de l’autel.

Dans les chapelles, églises, paroisses et sanctuaires où les jésuites sont présents, la manière de faire Église cherche à résonner avec le processus synodal en cours : exercice en équipe des responsabilités, place de la parole des laïcs, etc. Des assemblées synodales largement ouvertes ont été mises en place pour écouter chacun en profondeur, approfondir la communion, envisager les nouveaux projets. Ainsi à Saint-Paul de La Plaine dans le diocèse de Saint-Denis, la synodalité se vit au cœur même de la messe du dimanche soir, à l’occasion d’un temps de partage sur l’Écriture, sur les réalités du quartier ou sur la mission de chacun.

S’appuyer sur les Préférences apostoliques universelles

« Nous sommes là pour aider les âmes et notre souci, c’est d’aider chacun à grandir spirituellement et à suivre le Christ », souligne le P. Georges Cottin sj, curé de la paroisse Notre-Dame des Anges à Bordeaux. La spiritualité ignatienne irrigue ainsi les propositions de ces différents lieux : retraites spirituelles dans la vie ordinaire, pratique de la conversation spirituelle pour s’ouvrir à la présence de l’Esprit saint ou encore semaines de prière accompagnée. Certains ont aussi des spécificités, comme dans les sanctuaires de Paray-le Monial, de Lalouvesc (en Ardèche) ou de Saint-Ferréol (à Marseille), qui ont à cœur d’accueillir les pèlerins de passage [2]. L’accompagnement spirituel, individuel ou de groupe, permet de rejoindre chacun là où il en est. Les jésuites et de nombreux laïcs formés sont alors engagés dans cette mission, souvent en lien avec les centres spirituels situés à proximité.

Les trois autres Préférences apostoliques universelles sont aussi pleinement vécues dans ce ministère : ainsi l’accueil des plus pauvres se traduit à Saint-Ferréol par l’accent mis sur le service de la charité. Avec le petit-déjeuner du dimanche matin, l’église a à cœur de « servir, mais aussi de prendre un peu de temps avec celui que l’on sert », détaille le P. Steves Babooram sj, recteur du sanctuaire de Saint-Ferréol. À Saint-Denis de l’Estrée, la solidarité avec les plus démunis s’est concrétisée par la création de l’association « Les volontaires de San Alberto » qui va à la rencontre des sans-abris et leur distribue des petits-déjeuners chaque samedi matin. En lien avec le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ) et le Réseau Magis, l’accompagnement des jeunes fait enfin l’objet d’attention soutenue dans ces lieux où des messes leur sont spécifiquement proposées, telles la « messe qui prend son temps » (MT) à Saint-Ignace ou la messe des étudiants à la chapelle universitaire de Namur.

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Célébration de la confirmation à la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Namur avec le P. Henri Aubert sj.

La dimension écologique (4e PAU) est aussi de plus en plus présente dans ces lieux, parfois dans les bâtiments mêmes : à Saint-Ferréol, cinq vitraux non figuratifs illustrant Laudato si’ ont été installés en 2019, tandis que des « déjeuners écologie », avec la présence d’un intervenant, ont lieu une fois par mois après la messe à la chapelle jésuite du Christ-Roi à Luxembourg,

Des communautés vivantes ouvertes à la collaboration

Les paroisses, églises, chapelles, sanctuaires confiés aux jésuites portent le projet d’être une Église plurielle où la diversité des états de vie s’exprime dans une saine collaboration entre prêtres et laïcs. Partout, ces derniers jouent un rôle central, apportant leur contribution et leur créativité en réponse à leur engagement baptismal. Dans l’esprit de la synodalité et comme y invite le De Statu Societatis Iesu (DSS) [3], leur voix est valorisée. À Notre-Dame des Anges (Bordeaux), « nous ne collaborons pas avec les laïcs, nous sommes en partenariat avec eux, ce qui est beaucoup plus fort que la collaboration. Nous sommes attelés ensemble à la vie d’une paroisse. Comme nous, ils aident les âmes, accompagnent des retraites », témoigne le P. Georges Cottin sj.

Défis pour l’avenir

Quatre défis principaux se posent aux jésuites engagés dans le ministère ecclésial : renforcer l’accueil de tous face à la polarisation de nos sociétés, l’évangélisation du monde et sa transformation au-delà de l’accueil de nouveaux disciples, la nécessité de donner la voix aux sans-voix et la lutte contre le cléricalisme, en s’engageant dans des collaborations qui honorent les talents de chacun. L’objectif : ouvrir églises, chapelles et sanctuaires au souffle de l’Esprit et être envoyé dans le monde avec Jésus !

Notes

[1] Orientations mondiales de la Compagnie de Jésus pour la décennie 2019-2029.

[2] Cf. Aux côtés des pèlerins, sur la route des vacances, Michel Barthe-Dejean sj et Steves Babooram sj, revue Échos jésuites n° 2023-2, p 20 et 21.

[3] Document émis par la Compagnie de Jésus en 2023 (cf. La bonne nouvelle du De Statu Societatis Iesu, revue Échos jésuites n° 2024-1, p 2 à 5.

Églises, chapelles, paroisses et sanctuaires dans la Province EOF

> Des chapelles : chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix de Namur, chapelle Saint-Bellarmin à la Pairelle (Wépion), chapelle Saint-Claude La Colombière à Paray-le-Monial.

> Des églises : Christ-Roi à Luxembourg, Saint-Ignace à Paris.

> Des paroisses : Notre-Dame des Anges à Bordeaux, Notre-Dame de Lourdes à l’Île Maurice, Saint-Jean Berchmans à Bruxelles, Saints-Marie-et-Joseph de Blocry à Louvain-la-Neuve.

> Des maisons d’églises : Saint-Denis de l’Estrée et Saint-Paul de La Plaine à Saint-Denis.

> Des sanctuaires : Saint-Jean-François Régis à Lalouvesc, Saint-Ferréol à Marseille.

Témoignages

Un lieu où l’on vient et d’où on repart « pour la Mission » : témoignage du P. Tommy Scholtes sj
Le chapelain de l’église Saint-Jean Berchmans à Bruxelles, un édifice néo-roman imposant, à deux pas des institutions européennes,  témoigne d’un rayonnement spirituel mais aussi culturel.
> Lire le témoignage

Une fraternité féconde à Notre-Dame-des-Anges à Bordeaux : témoignage de Roselyne Maizière, paroissienne
Roselyne Maizière est une paroissienne de Notre-Dame des Anges à Bordeaux, église confiée par le diocèse aux jésuites depuis 2002. Elle témoigne de la genèse de ce projet et de la fécondité partagée entre tous les paroissiens, à la lumière de la spiritualité ignatienne.
> Lire le témoignage