En mission de terrain auprès d’étudiants étrangers : portrait du P. Jean-Noël Gindre sj
Le P. Jean-Noël Gindre réside actuellement à Marseille au sein de la communauté jésuite Notre Dame des Missions. Il témoigne de son parcours et de son engagement durant de nombreuses années au service de l’accueil et de l’intégration d’étudiants internationaux, au Centre d’initiatives et de services des étudiants de Saint-Denis, à Saint-Denis, et au Coup de pouce universitaire (CPU), à Lyon.
Je savais par Sr Emmanuelle qu’à 60 ans il était possible de commencer une nouvelle vie à l’étranger ! En toute modestie, je ne me doutais pas qu’à cet âge, j’allais moi aussi inaugurer 24 années auprès d’étudiants internationaux, au Centre d’initiatives et de services des étudiants de Saint-Denis (Cised) de Saint-Denis (93) de 1999 à 2006, puis au Coup de pouce universitaire (CPU) de Lyon, de 2007 à 2023. 24 années heureuses ! Ici s’arrête la comparaison !
À Saint-Denis, en 1999, le premier objectif était de lutter contre l’échec universitaire en 1er cycle, en particulier à l’université Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis où il atteignait des sommets et se conjuguait, en 2e et 3e cycles, à d’autres situations de détresse : solitude, méconnaissance de la méthodologie universitaire française, mauvaise maîtrise de la langue, isolement culturel. Très peu d’institutions s’en préoccupaient. Les quatre fondateurs du Cised (diocèse de Saint-Denis, Compagnie de Jésus, Communauté de vie chrétienne, religieuses auxiliatrices) ont vite compris l’enjeu que représentaient également pour la paix ces étudiants appelés à tenir de hautes fonctions dans leurs pays d’origine.
À Lyon, en 2006, la première mission qui m’était confiée était de reprendre une initiative dans une ville où, depuis plus d’un siècle, de nombreux jésuites s’étaient illustrés en créant des institutions sociales innovantes : foyers éducatifs de jeunes travailleurs, jardins ouvriers, protection des mineurs isolés, aides aux devoirs pour jeunes lycéens. Avec le soutien et après un long discernement de plusieurs congrégations de la famille ignatienne qui acceptaient de se lancer dans l’aventure, le choix s’est tourné de nouveau vers les étudiants internationaux, qui sont aujourd’hui plus de 30 000. Succès immédiat, grâce à de nombreux bénévoles, en particulier religieuses ignatiennes (ou non !), membres de CVX (ou non !), croyants (ou non !). Dès 2009, le CPU s’ouvrait également aux demandeurs d’asile de niveau étudiant pour l’apprentissage du français.
« Ces 24 années me plongent dans l’action de grâce pour tant de réel bonheur reçu de tant de gens. »
Ces 24 années me plongent dans l’action de grâce pour tant de réel bonheur reçu de tant de gens. Je les énumère trop rapidement : des Provinciaux qui, en 2000 puis en 2007 ont osé me confier une mission novatrice à l’heure où l’on avait plutôt tendance à fermer des maisons ; des partenaires ignatiens qui ont envoyé du monde et des moyens pour soutenir l’institution ; des donateurs qui ont compris l’enjeu pour la paix de notre action ; des bénévoles qui, en confiance, ont su non seulement donner beaucoup d’eux-mêmes mais aussi établir des relations durables de réciprocité et même d’amitié avec leurs étudiants ; des demandeurs d’asile animés d’une motivation et d’un désir de vie très communicatifs ; des étudiants de tous pays avec toute la diversité de leurs cultures et de leurs projets, qui, une fois retournés au pays, nous disent combien le chemin parcouru ensemble continue de leur inspirer le service des autres.
P. Jean-Noël Gindre sj,
communauté Notre-Dame des Missions à Marseille
Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
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Article publié le 15 mars 2024