À Marseille, jésuites et jeunes sont allés à la rencontre du peuple de Dieu pour vivre l’idéal évangélique, lors de premières « missions jésuites d’été » : l’occasion de prolonger une belle tradition de la Compagnie de Jésus. Témoignage de Sébastien Majchrzak, jésuite de la communauté Pedro Arrupe à Vanves, et de Terry, participant, tous deux missionnaires présents sur le Vieux-Port du 8 au 16 juillet.
Sur le Vieux-Port, au centre de la cité phocéenne où se trouve le sanctuaire de Saint-Ferréol confié aux jésuites, ils sont partis deux par deux à la rencontre des touristes, servir auprès des plus pauvres et animer le sanctuaire en assurant des visites de l’église, l’animation de temps de prière, etc. Parmi les autres activités : visites du sanctuaire et de l’abbaye Saint-Victor, visites de personnes âgées, notamment dans un Ehpad de la Fondation Saint-Jean-de-Dieu, temps de rencontre avec les personnes de la rue, propositions aux touristes et aux habitants sur le Vieux-Port…
« Venez à moi vous tous qui peinez » dit le Christ (Mt 11, 28-30). Au fondement de notre démarche se trouve une rencontre qui a bouleversé nos vies. Pour ma part, c’est en 2010 lors d’une veillée de prière à Taizé, que j’ai expérimenté au plus intime de mon être la présence d’un Dieu aimant. Depuis, c’est dans la relation vivante que j’ai tissée avec le Christ que je puise l’essentiel de ma vie et ce que je souhaite partager avec le monde. De manière générale, apprendre à parler de ce qui nous fait vivre, c’est à mon sens le plus grand service que nous pouvons rendre à nos frères et sœurs en humanité. Pourtant, être missionnaire c’est aussi essuyer de nombreux refus. Force est de constater que l’accueil de Dieu passe par une expérience d’abandon à un autre et cela s’avère être difficile. Sortir de soi pour aller à la rencontre d’autre que moi, ou encore, accueillir un missionnaire, c’est plus facile à dire qu’à faire ! Mais c’est un exercice nécessaire pour trouver dans le visage de mon prochain la présence active de Dieu dans ma vie.
Les jeunes avec qui j’ai annoncé la Bonne Nouvelle m’ont permis de contempler la présence de Dieu au cœur de Marseille où Il s’est révélé le plus souvent dans la rencontre avec les personnes fragiles et nécessiteuses. C’est ainsi que nous avons appliqué les consignes d’évangélisation de Jésus lui-même : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples ».
Témoignage de Terry, participant
« Quand je me suis inscrit à cette semaine de mission dans Marseille avec les jésuites, je ne m’attendais pas du tout à vivre une semaine si intense tant dans la mission auprès des plus isolés que sur le plan spirituel. Les temps d’enseignement et de partage le matin furent d’une grande richesse ; une vraie nourriture spirituelle pour nous accompagner durant la semaine et les clés que nous avons reçues nous porteront certainement encore longtemps. D’autant plus que la mission, dans la rue, dans les églises ou ailleurs, fut tout aussi extraordinaire. Plusieurs d’entre nous ont dû se dépasser pour se rapprocher de personnes que l’on aurait préféré éviter auparavant. Une vraie transformation, du moins pour moi, s’opérait au fil des missions. Mes visites aux résidents à l’Ehpad Saint-Barthélemy m’ont profondément touché. De modestes échanges autour de leur passé, ou un simple jeu d’échecs avec Robert qui reste toujours invaincu à ce jour, ont réjoui leurs cœurs tout autant que le mien. Rencontrer les frères de Saint Jean-de-Dieu et les membres des associations telles que le Centre Forbin et La Source, fut aussi extrêmement édifiant ; ce sont des exemples de charité chrétienne. Et comment ne pas parler de la soirée d’adoration le soir du 14 juillet à Saint-Ferréol, lors de laquelle tant de monde, de toutes origines et de toutes classes sociales, proches ou loin de la foi, sont venus déposer leurs bougies au pied de l’autel et admirer le corps du Christ ; je ne cesse de rendre grâce au Seigneur de m’avoir permis de contribuer à tout cela. Je repars avec de merveilleux souvenirs : des conversations, des regards et des sourires, mais je repars surtout avec grand désir de continuer à servir les plus démunis à l’image que le Christ lui-même nous donne. »
Témoignage du P. Vincent Klein sj
« Au départ, une simple intuition : déplacer la veillée de prière en l’église Saint Ferréol initialement prévue le mercredi 12 dans le cadre de la semaine missionnaire jésuite à Marseille au vendredi 14 juillet, afin d’être déjà sur place pour voir le feu d’artifice qui devait débuter à 22h30. L’idée a fait son chemin d’ouvrir l’église dès 20h et d’inviter ceux qui le désiraient à allumer un lumignon, écrire une intention à accrocher au mur de prière ou à déposer devant l’autel avec le lumignon dans une démarche et une atmosphère de recueillement. Un véritable défi, alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes convergeaient vers le Vieux-Port pour être aux premières loges du spectacle pyrotechnique !
Les missionnaires s’étaient divisés en quatre groupes. Un groupe se tenait devant l’entrée avec des lumignons allumés, expliquait aux gens la démarche et les invitaient à entrer en silence s’ils le souhaitaient. Un autre groupe se tenait au fond de l’église avec des post-it et des stylos pour écrire dans leur langue une intention, un nom, un vœu, une prière. Un autre animait la veillée par des chants méditatifs et des textes invitant à la méditation et au recueillement. Un dernier groupe s’était dispersé et se tenait en prière dans l’église. Les groupes alternaient ainsi toutes les demi-heures, ce qui permettait finalement à chacun de vivre les différents aspects de l’expérience. Une simple et belle décoration devant l’autel invitait également à la prière.
Quel temps béni ! Plusieurs centaines de jeunes et moins jeunes, en couples, seuls ou en famille, ont parcouru l’allée centrale en silence pour aller déposer leur lumignon, s’agenouiller dans un moment de recueillement avant de repartir ou de prolonger le temps de prière. Des priants de toutes origines sociales et culturelles, de différentes traditions religieuses, peu habitués pour beaucoup à venir se recueillir dans une église, mais accueillis tels qu’ils sont sans autre condition que de faire le pas et d’entrer, de s’avancer en silence jusqu’à l’autel et de passer un temps en silence avec leur Créateur.
Au final une grande joie demeure, une profonde consolation : celle d’avoir proposé un cadre porteur au milieu de la foule à un moment improbable et d’être témoins de ce que le Seigneur accomplit dans les cœurs des personnes qui s’avançaient. Regarder, comme saint Ignace nous y invite dans les Exercices spirituels, considérer la scène, goûter les choses intérieurement pour « en tirer profit » … »
