F. Pierre ARSAC sj (25.09.2017)
Pierre ARSAC est toujours resté très attaché à sa ville natale, Yssingeaux (Haute-Loire). Une méningite dont il réchappa, à l’âge de quatre ans, le laissa dans un état de surdité quasi-totale. Son intelligence et son habileté à lire sur les lèvres lui permirent de faire ses études secondaires chez les Frères, d’acquérir un CAP d’ébéniste puis d’exercer le métier de menuisier-ébéniste.
Il entra au noviciat de La Baume en 1958. Frère Pierre ne devait plus quitter cette maison, sauf pour son Troisième An à Cormontreuil. Il aimait profondément la beauté et l’harmonie de ce lieu. Il se consacrera tout entier à l’embellir, comme ébéniste d’abord : il fera des meubles et des objets en bois, solides et beaux comme les sièges qui ornent le chœur de la chapelle. Très vite, il collaborera avec des spécialistes, ainsi avec le père Didier Rimaud pour la rénovation des chapelles et oratoires de La Baume et d’ailleurs.
Il a le souci constant d’améliorer ses compétences ; il peut ainsi apporter une aide précieuse aux ingénieurs qui s’occupent de la maintenance et de la sécurité de La Baume. Il devient plombier, maçon, paysagiste. Il sera attentif à consigner par écrit le résultat de ses travaux, laissant ainsi à ceux qui lui succéderont de précieux renseignements.
En tout ceci Pierre laisse à ceux qui l’ont connu le souvenir d’un compagnon joyeux et disponible. Le père Rimaud et beaucoup d’autres témoignent de la joie qu’ils ont eue à travailler avec lui.
En communauté il faisait de grands efforts pour vaincre le handicap que représentait sa surdité. Il traduisait en dessins ou en textes ce qu’il avait perçu dans la recherche commune. Ces quelques textes nous ont révélé quelque chose de sa vie spirituelle : elle était simple et elle se référait à l’Évangile. « Pierre n’entend rien, mais il comprend tout », avait coutume de dire Michel Rondet.
Sur le tard, un supérieur particulièrement tenace le convainquit des progrès de la technique auditive. Il consentit à se faire appareiller et en conçut un vrai soulagement.
Son attachement joyeux à La Baume ne fut pas un obstacle lorsque vint le jour de la quitter, en octobre 2014, cinquante-six ans après son arrivée. Comme il avait toujours été obéissant dans les travaux qui lui étaient demandés, il partit simplement laissant à d’autres la nostalgie de son départ.
La communauté de Montpellier accueillit ce compagnon joyeux, fin et bienveillant, gardien efficace du patrimoine immobilier. Lorsqu’il s’endormit paisiblement, le soir du 24 septembre, il ne savait pas qu’il se réveillerait au Paradis, sans avoir dérangé personne.
Son ami Pierre Olry lui fit une belle homélie, qu’on peut demander à la communauté de Montpellier.
Michel RONDET sj, Jacques CHARMET sj, Dominique SALIN sj (Montpellier)
Article publié le 24 septembre 2018