René Hanssen

« Frère » est un nom auquel René HANSSEN tenait. C’était sa vocation et, à ce mot, il a donné tout son sens. Né le 17 décembre 1934, à Hombourg (Province de Liège), cadet de quatre enfants, il est, à cinq ans, témoin de la violence des hommes. La ferme familiale est occupée puis détruite ; la famille est ruinée. Cette enfance forge souvenirs et attitudes : enracinement, avancées par des difficultés, habitude à être heureux avec peu, débrouillardise.

René HANSSEN disait n’avoir appris aucun métier, si ce n’est celui de relier les livres. Il apprend l’art de la reliure en entrant comme interne, à l’âge de 14 ans, à l’Institut missionnaire de Namur, dirigé par les jésuites. À 15 ans, il exprime le désir de devenir religieux. Missionnaire en Chine, son parrain l’aurait préféré scheutiste (Congrégation du Coeur Immaculé de Marie) comme lui. L’épanouissement de ces années de jeunesse lui vient encore du scoutisme où, « Castor Diligent », il est reconnu pour son sens du service rendu avec efficacité.

Après le postulat, il entre, en 1952, au noviciat d’Arlon, pour être Frère dans la Compagnie, place qu’il aimera et habitera avec joie toute sa vie. Reconnu pour son talent à gérer les équipes, il devient « manuducteur ». Durant neuf ans, il est au service, du matin au soir, week-ends inclus, et il en est heureux. Si ce sont surtout les aspects matériels de la vie communautaire qui l’occupent, de la porterie à l’entretien des bâtiments, en passant par la ferme, il s’efforce d’accorder de l’attention à chacun, simplement et à la manière du Christ : servir ne va pas sans aimer. Il reste à Arlon jusque fin 1963, quand débute son Troisième An à Wépion (La Pairelle).

En 1965, il prononce ses derniers vœux à Eegenhoven (Louvain). Il y reste jusqu’à la fermeture du site en 1980. La maison compte jusqu’à 215 jésuites… et seulement trois frères. Quinze nationalités s’y côtoient, mais « une même vie de jésuite, magnifique », s’y déploie.

En 1980, après le déménagement de la bibliothèque d’Eegenhoven vers l’Université de Namur – un demi-million de livres à déplacer –, Frère René est nommé ministre à Saint-Michel (Bruxelles). Durant quarante ans, chaque jour, il est un serviteur zélé, entre les bâtiments dont il connaît les moindres recoins, le parc et les jardins qu’il affectionne et entretient avec soin.

Personnel et communauté profitent de ses services de ministre, puis de sous-ministre, de jardinier, de consulteur, mais, surtout, de sa présence invitante, attentive à toutes et à tous. Paisible et souriant, toujours d’humeur égale, il rayonne tranquillement la joie d’une vocation pleinement épanouie et invite à la confiance. Frère René loue le Seigneur pour la beauté de la nature, celle d’ici, mais aussi celle de la montagne qu’il avait notamment découverte, sac au dos, lors de cinq tours du Mont-Blanc.

En six décennies de vie jésuite, il est le témoin attentif de l’évolution de la Compagnie et de la place des Frères. Il observe ces changements en représentant les frères aux cinq dernières Congrégations provinciales de la Belgique méridionale et du Luxembourg.

Relier des personnes plutôt que des livres : telle a été la vie de Frère René. « Servir et aimer Dieu et les hommes : j’espère le faire jusqu’à mon dernier souffle. », confia-t-il. Un cancer des poumons le retire de la maison pour ses trois dernières semaines, après l’avoir préparé pendant quelques mois à la Rencontre qu’il se savait être appelé à vivre un jour. Le 1er mars, il est devenu jardinier du paradis.

Jean-Yves GRENET sj, Robert GODDING sj et Caroline JEUNECHAMPS