Femmes en mission dans la Province jésuite
Quelle place pour la femme dans l’Église et dans ses lieux de décision ? Lors du Synode pour l’Amazonie et dans ses écrits, le pape François encourage vivement à « élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église »*. Quelques femmes en mission dans la Province jésuite témoignent de leur engagement.
« La diversité enrichissante d’une équipe de travail » : Hélène Noisette, sœur auxiliatrice et membre du CERAS
« Le Centre de recherche et d’action sociales (CERAS) est un lieu de réflexion, riche de sa diversité. Jésuites – autrefois seuls à la manœuvre –, laïcs et religieuses plus ou moins jeunes (de 25 à 79 ans), plus ou moins engagés écclésialement, y travaillent et débattent, unis pour « l’avenir de la planète, le sort des plus fragiles et la vitalité démocratique ». Nos visions du monde diffèrent, se confrontent et s’enrichissent. La conscience de l’urgence écologique est venue de laïcs salariés ; des jésuites transmettent l’histoire du christianisme social. De mon côté, au CERAS depuis près de quatre ans, j’aide parfois à faire des ponts au sein de l’équipe, comme quadragénaire (ni jeune, ni vieille !) et religieuse ignatienne (vivant de la spiritualité ignatienne et normalement capable de comprendre un jésuite sans être membre de la Compagnie !). J’aime ces collaborations. Dans une Église qui n’évite pas toujours le danger du cléricalisme ou du machisme, j’ai souvent été touchée de recevoir la confiance de collègues ou amis jésuites qui m’ont invitée à risquer ma parole ou confié des responsabilités que je n’aurais probablement pas eues dans d’autres sphères ecclésiales. La profondeur de leur réflexion, leur exigence intellectuelle ont souvent été précieuses pour m’aider à avancer. »
« Engagés dans un même projet apostolique » : Anna-Carin Hansen, sœur de Saint-André et responsable du Secteur Retraite au Centre spirituel La Pairelle
« Le Centre spirituel ignatien de La Pairelle (à Namur) abrite une communauté jésuite et une petite communauté de trois sœurs de Saint-André. Ma mission est à la fois une mission de présence et de collaboration dans l’animation. Depuis 2018, je coordonne le « Secteur Retraite » et son équipe chargée de l’élaboration des propositions de retraites. La responsabilité n’est pas solitaire, mais portée en équipe, par des laïcs, des religieuses et des jésuites. Ma tâche de responsable de secteur est surtout un service de lien et de coordination. La collaboration avec les jésuites – et les autres membres de l’équipe – se fait dans un climat simple et fraternel. Y a-t-il une manière féminine d’exercer la responsabilité ? C’est probable. Au-delà de cette question, je soulignerais la complémentarité apportée par une équipe plurielle. Nous sommes tous, hommes et femmes, engagés dans un même projet apostolique, et chacun apporte sa compétence, sa touche personnelle à l’édifice. »
« Confiance, liberté, légèreté » : Véronique Gresset, anciennement coordinatrice Familles & Co à l’église Saint-Ignace à Paris
« Dans le cadre de Familles & Co, je travaille, depuis quatre ans, avec des jésuites : un prêtre qui est mon « binôme », des scolastiques et des jésuites d’autres œuvres de la Compagnie de Jésus. Trois mots me viennent à l’esprit : confiance, liberté, légèreté. Confiance : dès le départ, j’ai trouvé chez les jésuites un intérêt spontané, même en arrivant avec une intuition un peu vague. La bienveillance ne s’est jamais relâchée. Il est stimulant de sentir qu’on avance ensemble et que nous sommes solidaires ! Liberté. Celle d’inventer et de tenter. Celle aussi d’être soi. Il est d’ailleurs bien agréable d’avoir affaire, non pas tant à des « jésuites » qu’à des personnes, chacune ô combien singulière ! Légèreté, qui n’exclut pas la profondeur. Le cadre est souple, les occasions joyeuses et détendues nombreuses. La fréquentation des jésuites a aussi enrichi ma vie familiale par l’écoute et l’accueil. Invitée dans l’une ou l’autre communauté, je suis toujours touchée par l’hospitalité simple et chaleureuse. Quelque chose d’une Visitation. Pour moi, c’est inspirant ! »
Ressources pour aller plus loin :
Pour des relations évangéliques entre hommes et femmes dans l’Église. Tribune des Supérieur(e)s majeur(e)s ignatien(ne)s
En décembre, les Supérieur(e)s majeur(e)s ignatien(ne)s de France – qui regroupent 32 Instituts religieux féminins et masculins – ont publié une tribune pour contribuer au débat en Église et apporter leur témoignage. Extraits.
« Nous constatons que la collaboration entre hommes et femmes est essentielle à la fécondité de notre mission. Nous rendons grâce pour toutes les expériences de fraternité qui se vivent, à tous les niveaux (…). Toutefois, nous ne pouvons taire le malaise et les difficultés que vivent beaucoup d’entre nous, en particulier des religieuses, qui exercent avec compétence une responsabilité pastorale (…). Notre désir est de travailler à des relations plus évangéliques entre hommes et femmes dans l’Église. C’est à une femme, Marie de Magdala, que le Seigneur a confié la première annonce de sa Résurrection ; ne craignons pas d’en tirer tous les enseignements ! »
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* Le pape François et les femmes dans l’Église
« Ne réduisons pas l’engagement des femmes dans l’Église, mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. Si l’Église perd les femmes, dans sa dimension totale et réelle, elle risque la stérilité. »
Source : Document final du Synode des Évêques pour l’Amazonie, n° 99-103.
Lire aussi :
– Exhortation apostolique Querida Amazonia, (sur le site internet du Centre de recherche et d’action sociales (CERAS)) n° 99-103 ;
– Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n° 103-104.
Pour approfondir :
Article publié le 12 mai 2020