Les fiches précédentes ont proposé des alternatives dans nos choix de vie afin de préserver l’environnement. « Tout cela a un prix », entend-on parfois. Regardons de plus près.

Plus cher ou moins cher ?

L’attention à la maison commune peut faire économiser : le recyclé par rapport au neuf, le vélo ou le bus par rapport à la voiture, les légumineuses par rapport à la viande… Mais l’inverse est aussi vrai : le train par rapport à l’avion, le petit producteur local par rapport à l’hypermarché dont les produits viennent pourtant de loin… Soyons réalistes : des choix de vie plus respectueux de l’environnement peuvent alourdir nos feuilles de compte…

 

Discernement : « user de ces choses », en intégrant les limites

Notre vœu de pauvreté nous aide à nous ordonner en matière de consommation, à vivre dans la simplicité et le partage. Est-ce que pour autant il implique de toujours choisir ce qui est moins cher au détriment de la sauvegarde de la maison commune ?
Dans le Principe et Fondement, Ignace de Loyola nous entraîne dans une grande liberté par rapport aux choses. Elles sont « créées pour l’homme », et « il doit user de ces choses dans la mesure où elles l’aident pour sa fin ». Mais la crise écologique nous invite à revisiter notre sens de la liberté :
Prendre en compte les limites. La question de notre liberté ne se pose pas comme si ces choses « créées pour l’homme » étaient disponibles sans fin : elles s’avèrent limitées. Elles l’ont toujours été – un grand nombre de personnes vivent dans la misère, manquant du nécessaire. Elles le sont encore plus aujourd’hui du fait des conséquences de leur usage ou de leur production, sur l’environnement, affectant les générations actuelles et futures.
Discerner : dans ce contexte, est-il possible que notre usage de ces choses – et les dépenses qui vont avec – restent ordonnées à « une plus grande gloire de Dieu », si elles ne tiennent pas compte de leur impact sur Sa maison commune ? Quel sens aurait le bien que je voudrais faire si, au passage, cela contribue au malheur de l’humanité ?
Ajouter un critère Laudato si’. Pour choisir quoi et comment dépenser, le critère apostolique « c’est pour la mission » ne gagnerait-il pas à se doubler d’un critère Laudato si’, tenant compte de la crise environnementale dont l’urgence n’avait pas été perçue auparavant ?

La crise écologique semble nous appeler à fonder, intellectuellement et spirituellement, une prise en compte de ces ‘nouvelles’ conditions de nos existences.

Une liberté un peu renouvelée

Nous sommes prêts à payer plus cher pour la qualité ou la pérennité de nos investissements. Peut-être encore trop rarement, pour préserver la qualité ou la pérennité de la maison commune…
– S’autoriser à payer un peu plus cher, dans certains cas, c’est contribuer à ce que les suivants ne paient pas beaucoup plus cher les conséquences de nos petites économies.
– S’autoriser à modifier/renoncer à certains achats ou voyages, quand la limitation de notre impact est trop coûteuse, c’est prendre acte du « changement de mode de vie » nécessaire.
– S’autoriser à user de cette liberté, un peu renouvelée, n’est-ce pas l’occasion de s’ouvrir davantage à la joie, incarnée et relationnelle, d’habiter la maison commune ? Une joie qui n’a pas de prix, et qui, elle, ne se vit au détriment de personne.

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