Jacques De Meester Le Frère Jacques de Meester est décédé le jeudi 31 mars 2022 à l’infirmerie de La Colombière où il séjournait depuis quelques semaines. Son état de santé et plusieurs passages à l’hôpital le laissaient épuisé, et il aspirait au Repos.

En 1952, il entrait au noviciat après quelques années à l’Institut Missionnaire de Namur et à l’école artisanale de tailleur. Dès 1958, il arrivait au Congo (RDC). Kisantu, Djuma, Kinshasa, Kikwit, Iniangi, Kasongo-Lunda – une petite partie de ce grand pays (au sud et à l’est de Kinshasa) – recevront cet homme qui répondra à diverses attentes : tailleur, relieur, horticulteur, garagiste, économe… et qui veillera à ce que ce qui dépendait de lui se passe bien comme il l’entendait ! Un jésuite congolais qui était en formation quand il a connu Jacques dit de lui : « il était parmi nous un
modèle de ponctualité, un travailleur infatigable, un jésuite pieux et obéissant, un grand lecteur très cultivé et un aîné qui rappelait la tradition de la Compagnie de Jésus. »

Il a vécu au Congo pendant 51 ans (à l’exception d’une année pour son Troisième An à Wépion, et trois ans à Koumra, au Tchad, où ses compétences de garagiste étaient attendues). De retour en Belgique en 2009, il est resté membre de la Province d’Afrique Centrale – et il y tenait. Il lui a gardé une attention dont le P. Rigobert Kyungu sj, Provincial écrit : « Il est resté attentif à ce que nous vivons ici et il réagissait assez souvent dans notre « Forum ACE ». Mais ces derniers temps, il était assez silencieux… »

À Bruxelles, dans la communauté Saint-Michel, il a rendu, parmi d’autres services, celui de l’accueil des hôtes, et la préparation des tables le week-end. Malgré une fatigue grandissante, il gardait de l’intérêt pour toute l’actualité du monde, en particulier par « l’Internet » comme il aimait dire, vis-à-vis duquel la distance critique lui manquait un peu parfois ! Fidèle jusqu’au bout à la messe de 7 h en la chapelle Notre-Dame des Apôtres, il aimait évoquer sainte Thérèse et d’autres saints qui l’aidaient à vivre. À leur exemple, il a cherché à ne s’attacher qu’au Seigneur, « vivant de peu et si heureux » comme me l’a dit un membre de sa famille, famille dont il était le dernier de sa génération.

Sorti de la Clinique Saint-Michel où il dût séjourner près d’un mois, Jacques n’a cessé de demander que le Père le fasse venir à Lui ; il le Lui a demandé – à mon humble avis – instamment, avec la détermination que nous lui connaissions. Il était prêt et il s’était déclaré opposé à ce que l’on s’acharne démesurément à le garder en vie avec des dépenses qui seraient plus utiles à d’autres. Sa prière à Marie, à sainte Thérèse de Lisieux, peut-être aussi à Ignace qu’il citait parfois, disait cette disponibilité et cette attente. Nul doute qu’il découvre un univers qui dépasse son espérance. Lorsque j’ai fait ses cartons pour La Colombière, il m’a demandé de ne pas oublier d’y mettre son matériel de couture. Sans doute pourra-t-il maintenant se donner à recoudre tant d’âmes blessées ou déchirées de notre monde.

P. Jean-Yves Grenet sj,
Bruxelles-Saint-Michel)