Hommage au Père Pierre Olivaint sj, martyr de la Commune
En mai 1871, le Père Pierre Olivaint, supérieur des jésuites de la rue de Sèvres, était exécuté, avec une cinquantaine d’autres otages, lors de la « Semaine sanglante » de la Commune de Paris. Le mercredi 26 mai 2021, 150 ans après sa mort, la Conférence Olivaint rendra hommage à celui dont elle porte le nom et perpétue l’engagement auprès de la jeunesse.
Les nombreux engagements sociaux, éducatifs et politiques de ce jésuite ont inspiré la création en 1874 de la Conférence Olivaint. Cette association, une des plus vieilles de France, permet encore aujourd’hui à de nombreux étudiants de transmettre l’héritage du Père Pierre Olivaint.
Qui est le révèrent Père Pierre Olivaint sj ?
Né le 22 février 1816 à Paris, Pierre Olivaint grandit dans une famille dite « d’incroyants », mais qui lui inculque une éducation d’une grande droiture. Le décès prématuré de son père plonge sa famille dans l’indigence. C’est à l’âge de 20 ans, alors qu’il vient de réussir le concours de l’Ecole Normale supérieure, qu’il se convertit au christianisme. En premier lieu, il est séduit par une branche socialiste évangéliste et suit les conférences de Lacordaire et du Père Xavier de Ravignan sj à Notre-Dame de Paris. Dès 1837, il anime un groupe d’étudiants dans le sillage de Frédéric Ozanam et de Sœur Rosalie.
D’abord enseignant dans le secteur public, il devient par la suite l’éducateur de la jeune La Rochefoucauld-Liancourt pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1842, il est reçu premier de l’agrégation d’Histoire-Géographie. C’est en 1845, alors qu’Adolphe Thiers demande l’expulsion des jésuites de France, que sa vocation de jésuite débute et qu’il entre au noviciat de Laval où il suit une formation religieuse, spirituelle et intellectuelle. Il est ordonné prêtre en 1850.
Un jésuite au service de l’apostolat auprès des jeunes et des pauvres
L’apostolat auprès des jeunes est central pour le Père Olivaint et il enseigne au sein du collège jésuite rue de Vaugirard à Paris de 1852 à 1865. Le souhait du jésuite était de former les jeunes à la vie publique et à la vie politique. Il les exhortait ainsi : « Si vous êtes poussé vers la carrière politique, il importe que vous y teniez un des premiers rangs. Dans un temps de révolution, il faut, par le savoir, le caractère, l’indépendance, s’élever au-dessus de tous les partis, pour ne voir que les intérêts du pays et se dévouer à son salut ». Tour à tour professeur, préfet des études et recteur, son influence auprès des élèves est profonde et il les ouvre notamment à l’apostolat auprès des pauvres. Très zélé, il fonde et anime plusieurs œuvres dont l’œuvre de l’Enfant Jésus qui sauve des milliers de jeunes filles abandonnées « du ruisseau ». Il collabore également à l’apostolat ouvrier de l’abbé Henri Planchat par l’intermédiaire de la Société Saint François Xavier.
Son apostolat social passe également par les nombreuses retraites spirituelles qu’il propose, ses prédications et bien entendu sa direction spirituelle. C’est ainsi qu’il conseille des fondatrices de congrégations religieuses telles que les Sœurs de Marie Réparatrice ou encore les Sœurs Auxiliatrices. En outre, son discours de février 1869 le fait apparaître comme un des précurseurs de l’enseignement libre.
La Commune de Paris : l’heure du martyre
En 1865, il est nommé supérieur de la communauté jésuite qui réside rue de Sèvres. Lors des évènements de la Commune de Paris en 1871, il est conscient du danger et envoie par prudence les jésuites de sa résidence à l’abri. Il décide en tant que Supérieur, de rester suivant un appel mystique au martyre qui l’anime depuis sa conversion. Emprisonné en avril 1871, il fait partie, avec cinq autres jésuites (les PP. de Bengy, Caubert, Clerc et Ducoudray) des 62 otages exécutés rue Haxo le 26 mai.
La postérité de ses œuvres et sa de sa spiritualité
Une des femmes ayant activement participé à son exécution, Félicie Gimet, s’est par la suite convertie en grande partie grâce à la lecture des écrits du R.P. Olivaint. Ses retraites spirituelles séduiront bien après sa mort. C’est ainsi qu’on en trouve mention dans les carnets de notes spirituelles de sainte Bernadette Soubirous.
La Conférence Olivaint aujourd’hui
La Conférence Olivaint est fondée par les jésuites en 1874, soit trois ans après l’exécution Père Pierre Olivaint. Une branche de la Conférence s’adresse aux étudiants réfléchissant aux problèmes socio-politiques, et l’autre, appelée Cercle Laennec (qui deviendra plus tard le Centre Laennec) rassemble les étudiants en médecine.
Depuis cette date, la Conférence Olivaint permet à une centaine de jeunes d’organiser et de suivre un cycle de trois années de conférences hebdomadaires, de colloques, de formations à la prise de parole et de voyages d’études. La branche « Jeunes » de la Conférence Olivaint bénéficie des conseils des membres de la branche « Anciens » ainsi que de l’aide et la précieuse présence d’un conseiller spirituel qui a longtemps été un jésuite. La Conférence Olivain et les Centres Laennec (maintenant à Paris, à Lyon et à Marseille) perdurent toujours aujourd’hui et permettent ainsi à de nombreux étudiants de transmettre l’héritage du Père Pierre Olivain.
xxxx
Des évènements en hommage aux jésuites martyrs de la Commune
- Une commémoration des martyrs de la Commune lors de la messe de la Pentecôte le dimanche 23 mai en l’église Saint-Ignace à Paris
Une des chapelles de l’église Saint-Ignace contient les corps des cinq jésuites mis à mort comme otages par la Commune, les 24 et 26 mai 1871. Un hommage leur sera rendu à l’occasion de la messe de Pentecôte, le dimanche 23 mai, à 11h.
> En savoir plus sur les jésuites martyrs de la Commune à l’église Saint-Ignace
- Une conférence le mercredi 26 mai en hommage au Père Pierre Olivaint sj
Le mercredi 26 mai prochain, la Conférence Olivaint rendra hommage à celui dont elle porte le nom. L’historien et académicien Philippe Levillain apportera son éclairage sur l’année 1871 et la « Semaine sanglante » de la Commune de Paris. Madame Barbara Baudry, responsable des archives de la Compagnie de Jésus à Vanves (92), présentera certaines pièces issues des fonds de documents du Père Olivaint. La présidente de la commission « Archives » de la branche Jeunes de la Conférence Olivaint présentera enfin d’autres pièces issues des archives modernes de la Conférence Olivaint qui ont rejoint le centre de Vanves l’année dernière.
> En savoir plus sur cet évènement
- Un pèlerinage le samedi 29 mai entre différentes églises parisiennes, proposé par léglise Notre-Dame des Otages
Un pèlerinage sera proposé par l’église Notre Dame des Otages – rue Haxo, Paris XXe, construite à l’endroit même du lieu des massacres – et passera par l’église Saint-Ignace dans la matinée. Le dimanche 30 mai, une messe solennelle sera célébrée par Mgr Aupetit, archevêque de Paris, en l’église Notre Dame des Otages.