Parce que partir en mission au service de populations locales n’est pas un choix anodin, Inigo Volontariat prend soin de ses volontaires : Florian Cazenave sj, accompagnateur de l’association, explique qu’ils bénéficient d’un accompagnement spécifique dans la tradition de la spiritualité ignatienne. 

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Charles, volontaire au Mozambique

L’association Inigo Volontariat, service jésuite du volontariat international, a été fondée il y a une vingtaine d’années pour envoyer des volontaires dans différents pays du monde. L’association aide à discerner et à se préparer à partir afin de se mettre au service des populations locales dans des institutions jésuites. Elle accompagne et soutient les volontaires pendant leur mission, mais aussi à leur retour.

L’expérience d’un volontariat est celle d’un détour qui, dans beaucoup de cas, change le volontaire. Elle provoque joies comme déceptions. L’enjeu, pour une œuvre de la Compagnie de Jésus comme la nôtre, est qu’un tel changement puisse être vécu en profondeur. Quelques conditions à cela.

Première condition : le discernement du projet du candidat au départ pour vérifier si une telle expérience est bien compatible avec la dynamique de sa vie actuelle, et si une souplesse, qui permettra au volontaire de traverser les imprévus, est bien présente. La formation offre un temps pour cela, en particulier dans l’initiation à la spiritualité ignatienne : on prend le temps de parler des motions spirituelles (désolation et consolation), de discerner et de s’essayer à la prière avec l’Évangile. Nous demandons aussi aux candidats de vivre un temps de retraite ignatienne : il peut les aider à discerner mais aussi à entrer plus intérieurement dans la compréhension de ce que vivent les jésuites qu’ils fréquenteront en mission.

Seconde condition : se préparer à vivre le décalage entre déplacement intérieur et déplacement extérieur. Nous pouvons aller à l’autre bout du monde en moins de 24 heures. Et pourtant, s’enraciner dans une nouvelle culture ne se fait pas en quelques jours. Ainsi, la préparation au départ dure plus de deux mois. Vivre cette période de transition requiert en effet du temps.

Un accompagnement dans la durée

Dans un volontariat, il y a souvent des moments où un accompagnement plus proche est nécessaire. Un enjeu de l’accompagnement à distance par l’équipe d’Inigo dans ce moment-là est la confiance. Sans elle, l’accompagnement n’est pas possible. Et grâce à elle, des turbulences peuvent être traversées et dépassées.

Le retour est un temps à anticiper. Les volontaires doivent là aussi vivre le décalage entre déplacement intérieur et extérieur. Il faut du temps pour revenir – parfois plusieurs mois. La relecture peut aider à mettre à jour l’essentiel de ce qui a été vécu et a donné de la joie, pour le mettre en œuvre différemment dans un nouveau contexte.

Faire l’unité de sa vie

volontaire Inigo Volontariat

Albane, volontaire au Kenya

J’ai entendu, cette année, une volontaire dire que son expérience de volontariat a été pour elle un chemin pascal – et en particulier le retour. Elle a expérimenté, disait-elle, sous une certaine forme, un passage par la mort et la résurrection, avec le Christ. Ces changements n’étaient pas forcément faciles à vivre et pourtant son itinéraire a débouché sur une décision forte : aller habiter dans des quartiers populaires avec une grande diversité de populations. D’autres décisions importantes ont pu être prises par des volontaires de retour : l’un d’entre eux, s’étant aperçu des impacts du changement climatique sur son pays de mission, s’est engagé pour coacher la transformation des entreprises ; d’autres se sont engagés davantage auprès de réfugiés ; d’autres, encore, ont décidé de travailler à 80 % pour réserver plus de temps à des activités plus gratuites, etc.

Dans l’accompagnement de ces parcours, je retrouve des enjeux que l’on peut trouver dans une retraite ignatienne : comment faire l’unité de sa vie, comment servir, comment vivre l’Évangile concrètement, etc. Dans les parcours des volontaires, nous pouvons voir que Dieu travaille les cœurs et leur fait entendre sur leur chemin son appel à vivre davantage et à servir.

Florian Cazenave sj Florian Cazenave sj,
accompagnateur d’Inigo Volontariat,
communauté Alberto Hurtado à Saint-Denis

Témoignage : une période de questionnement et d’ajustement

En arrivant à la formation Inigo, j’étais un peu perdu sur mon projet et ma vie de manière générale. Je dois dire que la formation Inigo a été un grand ménage dans ceux-ci. J’ai beaucoup aimé prendre le temps ; le temps de relire ma vie, d’identifier ce qui est important pour moi. Puis, après avoir regardé derrière, il faut penser à se projeter, non seulement dans le projet, mais surtout dans sa vie future ! Cette formation m’a donné des clés pour trouver une direction dans ma vie, mieux appréhender le projet de volontariat en clarifiant mes intentions derrière celui-ci. Enfin, le moment le plus fort pour moi a été la retraite en silence : se retrouver seul, face à soi, dans une période de questionnement et d’ajustement dans sa vie est une expérience inédite, difficile mais nécessaire et passionnante. / Amans, ancien volontaire en Grèce auprès de réfugiés


Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.

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