Itinéraire sous forme de patchwork : portrait du P. Pierre Clermidy sj
Le P. Pierre Clermidy sj est le chef d’établissement de l’ensemble scolaire Fénelon-La Trinité, à Lyon, depuis septembre 2024. Il témoigne de son parcours diversifié : son travail d’infirmier qu’il a exercé pendant quelques années, sa première « mission » en Transylvanie, son service auprès de la pastorale des couples, et plus récemment, dans le monde éducatif.
La foi : dès mon plus jeune âge, elle m’est naturelle. Un livre marquant lu en classe de Terminale : L’espèce humaine de Robert Antelme.
Mon travail d’infirmier : la vie est fragile. La maladie grave qui rend le patient comme étranger à lui-même, lui donne pourtant d’aspirer à l’essentiel. Jusqu’au dernier soupir, le mourant est un vivant.
« Jusqu’au dernier soupir, le mourant est un vivant. »
La philosophie : une préférence pour la phénoménologie. Que se passe-t-il vraiment quand ça se passe ? J’aimerais écrire une petite phénoménologie de l’amour… un jour peut-être.
La Compagnie de Jésus : elle n’est jamais autant elle-même que quand elle se reconnaît vulnérable. Son trésor : les Exercices spirituels.
La Transylvanie : première terre de mission (1997-2001) après mon ordination, incroyable carrefour entre l’Orient et l’Occident, entre l’orthodoxie et, disons pour faire bref, la pensée kantienne. Le jeune prince Jean Zsigmond y promulgua en 1557 le premier édit de tolérance religieuse au monde. Le centre Manresa, dont j’ai conduit la construction lorsque j’étais Assistant du Provincial de Roumanie, poursuit cette tradition de dialogue.
Le hongrois : une langue rétive que je commence à apprivoiser. Sándor Márai est l’un de mes auteurs préférés. Son roman traduit en français, Braises, est un chef d’œuvre de la littérature. Il m’arrive de célébrer la messe à la paroisse hongroise de Paris. Mes homélies, langue magyare oblige, sont brèves : les paroissiens apprécient !
Le scoutisme : une école de la vie, et pour certains une planche de salut. Un hobby scout : le froissartage, c’est-à-dire toutes les techniques de construction en bois, sans pointe, ni ficelle. Jésus lui-même, comme fils de charpentier, devait avoir les mains calleuses.
La Bible : une source de questionnement pour l’humanité. J’ai aimé collaborer à l’édition de ZeBible, une bible à l’intention des jeunes dans une dynamique œcuménique.
La nature : j’accorde du prix à la perspective qu’il y a un Créateur. La mer : une invitation à des traversées (nautique et intérieure). Le ciel : bleu comme celui de Marseille où j’ai travaillé durant 11 ans comme directeur du Centre Laennec qui accueille, chaque année, un millier d’étudiants en médecine.
La pastorale des couples : je ne compte plus le nombre de week-ends de préparation au mariage ou de récollection pour des couples mariés que j’ai coanimés depuis trente ans. Quelle joie d’aider des fiancés ou des conjoints à communiquer en profondeur !
La pédagogie : l’art d’aider les plus jeunes à apprendre. Apprendre quoi ? Surtout apprendre à apprendre, apprendre à réfléchir et apprendre à respecter le monde, les autres et soi-même.
Le collège Fénelon et le lycée La Trinité : j’y assume la direction depuis la rentrée scolaire 2024, et c’est une joie de renouer avec le monde éducatif et le management d’adultes. Cet ensemble scolaire est empli de prouesses et de promesses.
P. Jean-Noël Gindre sj,
communauté Saint-Ignace à Lyon
Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
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Article publié le 15 octobre 2024